La place de la langue amazighe, langue nationale et officielle, dans l'enseignement, continue de susciter le débat. Les inspecteurs de cette matière se mobilisent toujours contre son «confinement» et sa marginalisation. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Réunis tout récemment à Bouira, les inspecteurs de tamazight issus d'une vingtaine de wilayas du pays ont déploré la volonté de la tutelle de confiner cette matière dans une plage pédagogique marginale, après avoir été «programmée en dehors de la période d'enseignement par alternance», et ce, en dépit de son statut de langue nationale et officielle. Dans le communiqué sanctionnant leur rencontre, ces inspecteurs ont fait état de plusieurs entraves à l'enseignement de cette langue, soutenant que «les dépassements sont légion». Ils ont demandé à la tutelle de mettre rapidement un terme à tous les dépassements constatés sur le terrain, en attendant une solution définitive pour cette matière. Pendant ce temps, le ministère de l'Education renvoie la balle au gouvernement. En effet, le ministre de l'éducation nationale, Abdelhakim Belabed, et le secrétaire général du Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA), Si Hachemi Assad, ont convenu de soumettre aux autorités concernées les questions liées à la législation et à l'amendement des textes relatifs à la promotion, au développement et à l'enseignement de la langue amazighe. Selon un communiqué du HCA, rendu public avant-hier à l'issue d'une rencontre avec le ministre, tenue au siège du ministère de l'Education nationale, les deux parties ont insisté sur «le transfert des questions liées à la législation et à l'amendement des textes, dont la loi d'orientation scolaire, aux autorités compétentes, tout en assurant le cadre approprié pour élaborer des projets de textes adaptés à la Constitution». Ils se sont également mis d'accord sur l'impératif d'élaborer un plan d'action prévoyant la généralisation progressive de l'enseignement de tamazight à tout le territoire national, conformément au mémorandum du Commissariat soumis au président de la République concernant le cadre stratégique et méthodologique de l'enseignement et de l'apprentissage de tamazight au sein du système national éducatif et de formation à l'horizon 2038. Les deux parties ont convenu aussi de la nécessité de relancer le comité mixte entre les deux instances, gelé depuis 2015, car il s'agit du cadre le plus approprié pour suivre le processus d'enseignement de tamazight au sein de l'école algérienne, avec l'obligation d'organiser des réunions périodiques pour «dépasser les différents problèmes» pouvant entraver ce processus à travers la prise en charge la plus appropriée de tous les problèmes pédagogiques, loin de toutes pressions «politiques ou idéologiques» ne servant pas l'intérêt de l'élève. Selon le même communiqué, le ministre de l'Education nationale a présenté toutes les garanties explicites pour prendre en charge tamazight, niant formellement toutes les fausses interprétations quant à la position que revêt cette matière au sein du programme scolaire national, car sa présence demeure « permanente » dans le calendrier officiel. Au terme de la réunion, le ministre de l'Education nationale a affirmé qu'il «n'y a aucun doute» quant au processus de généralisation de l'enseignement de tamazight auquel le ministère s'est engagé, en adéquation avec les dispositions de la Constitution. K. A.