La décision de la participation du FFS aux élections locales du 27 novembre a été prise à l'unanimité des membres de son conseil national. Mais au sein de la base, elle est loin de faire consensus. Plusieurs sections rejettent ces élections et refusent de constituer des listes de candidature. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Outre les difficultés de collecter les signatures des citoyens pour parrainer ses listes de candidature, le FFS fait face à un autre problème et non des moindres : la colère de la base dont plusieurs sections locales rejettent la participation aux élections et refusent de constituer les listes. Elles expliquent, dans des communiqués que chaque section a rendu publics, que le contexte actuel ne plaide pas en faveur de l'organisation des élections. Le problème se pose notamment en Kabylie où le parti est fortement implanté. Avec l'insurrection de sa base, le parti risque de rater le rendez-vous du 27 novembre prochain dans plusieurs communes. Mais la direction nationale minimise la portée de ce problème, dénonçant d'anciens responsables qui n'ont pas été reconduits dans leurs postes et accusés d'avoir formé des «sections parallèles». Les responsables du parti qualifient ceux qui sont contre les élections d'«agitateurs» et de tonneaux vides qui font du bruit. «Ceux qui s'arrogent frauduleusement le droit de s'exprimer au nom de certaines sections et au nom des militants du parti sont, dans leur grande majorité, des usurpateurs qui n'ont ni de liens organiques avec le parti ni de prolongements dans la société. Ils doivent se rendre à l'évidence définitivement que la direction nationale ne cédera ni au chantage ni aux pressions, quelle que soit leur nature», s'indigne Youcef Aouchiche, premier secrétaire national du FFS (voir l'entretien). À ce problème, il faut ajouter les difficultés de collecte de signatures des citoyens. Membre de l'instance présidentielle du parti, Hakim Belahcel avait dénoncé, dans ces mêmes colonnes, l'installation d'un dispositif bureaucratique et sélectif à vocation d'entraver et compliquer encore davantage le déroulement de l'opération pré-électorale au niveau de plusieurs wilayas. Il avait évoqué «un traitement de faveur affiché au profit des partis politiques pro-pouvoir et de certaines listes indépendantes», déplorant que «certains responsables administratifs locaux entravent les procédures administratives liées, notamment, à la validation des signatures et la délivrance des extraits de rôle et autres pièces administratives». Ce problème de signatures ne se pose toutefois pas au seul FFS. Pratiquement, tous les partis s'en plaignent dont le FLN qui se targue pourtant d'avoir une solide base militante au niveau national. Vu la complexité de l'opération, plusieurs partis sont allés jusqu'à demander la violation du code électoral pour faciliter la participation des partis politiques aux élections locales. K. A. Youcef Aouchiche, Premier secrétaire du FFS, au Soir d'Algérie : «Des tonneaux vides qui font du bruit» Dans cet entretien, le premier secrétaire du FFS, Youcef Aouchiche, réagit aux multiples communiqués des sections annonçant le rejet des élections locales et refusant de constituer des listes de candidature. Le Soir d'Algérie : Plusieurs sections locales du FFS dénoncent la participation de votre parti aux élections locales et refusent de s'y impliquer. Comment réagissez-vous à cette situation ? Youcef Aouchiche : La participation aux prochaines élections locales anticipées du 27 novembre est une décision souveraine prise à l'unanimité des membres du conseil national conformément aux textes du parti. Les structures et les militants du FFS sont mobilisés sur le terrain et ils sont en train de préparer cette échéance et faire valoir nos idées. Ceux qui s'arrogent frauduleusement le droit de s'exprimer au nom de certaines sections et au nom des militants du parti sont, dans leur grande majorité, des usurpateurs qui n'ont ni de liens organiques avec le parti ni de prolongements dans la société. Ils doivent se rendre à l'évidence définitivement que la direction nationale ne cédera ni au chantage ni aux pressions, quelle que soit leur nature. De toutes les façons, même du vivant de Hocine Aït Ahmed, le parti a fait face à de telles manœuvres. À l'approche de chaque échéance importante que le parti s'apprête à vivre, des forces hostiles au parti sortent de leur léthargie dans l'espoir de pouvoir délimiter, par leur agitation et leurs manœuvres, l'espace d'action et de progression du FFS au sein de la société et tenter de porter atteinte à sa cohérence politique et à sa crédibilité. Quel serait l'objectif de ce que vous qualifiez de manœuvres, selon vous ? L'objectif a toujours été le même : empêcher le FFS de peser sur les enjeux politiques de la nation grâce à son discours rassembleur, responsable et nationaliste pour laisser le pays et le parti en proie aux artificiers qui aspirent à l'effondrement de l'Etat algérien et à ceux qui, par intérêt, s'agrippent à l'immobilisme politique général et se dressent farouchement contre toutes velléités de changement démocratique dans le pays. Le FFS a pris une décision qu'il pense responsable et courageuse. Ses militants et ses cadres sont à l'œuvre pour défendre ce choix auprès de nos concitoyens qui sont nombreux à partager notre analyse. Pour ces agitateurs, je me limite de vous répondre par cette citation : «Ce sont les tonneaux vides qui font le plus de bruit.» K. A.