Au milieu d'une actualité économique pourtant tumultueuse, le prix du pétrole — il est vrai, pas banal — a réussi à se faire une place de choix la semaine dernière. En effet, alors que les prix du gaz flambent, l'attrait du pétrole comme substitut pour la production d'électricité devient presque irrésistible. De là, la répercussion sur les prix du pétrole devient inévitable et une des solutions pour enrayer la brutale hausse c'est l'alliance Opep+ qui la détient. C'est une des réunions des 13 membres de l'Opep et leurs 10 alliés menés par la Russie qui focalisera sans doute un peu plus l'attention que les précédentes, même si la conjoncture confère à chaque rencontre de l'alliance un intérêt majeur depuis avril 2020. Une réunion prévue aujourd'hui qui a été précédée par de multiples contacts, parfois aux plus hauts niveaux à l'instar de ceux initiés par la Maison Blanche qui a révélé, jeudi, que le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, avait discuté avec le prince héritier saoudien, Mohammed bin Salmane, au début de la semaine dernière, de la possibilité d'injecter plus de brut sur les marchés, pour répondre à la demande croissante. Ceci, avant que les prix du pétrole ne se calment, mercredi et jeudi, après l'annonce d'une hausse brutale des réserves américaines de brut de 4,6 millions de barils en une semaine, avec le retour de l'essentiel des approvisionnements américains, hautement ébranlés après le passage des ouragans Ida et Nicholas, fin août et début septembre. Les 23 d'Opep+ devront décider, ce lundi, de la politique de production qu'ils devront appliquer en novembre et décembre, dans un contexte aussi marqué par les hausses tous azimuts des prix de l'énergie. Ainsi, il s'agira de décider s'il faudra augmenter la production de plus que les 400 000 barils par jour prévus jusqu'à la fin de ce mois. On rappellera qu'à la fermeture du marché, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre, dont c'était le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, a grimpé de 1,23% pour clôturer à 79,28 dollars à Londres alors qu'à New York, le baril de WTI pour le mois de novembre a gagné 1,13% pour clôturer la semaine à 75,88 dollars. Selon des explications de spécialistes de Wall Street, le fait que le dollar se soit un peu affaibli vendredi, «ce qui constitue la plupart du temps un feu vert pour une hausse des prix du brut», a fait repartir à la hausse les prix, après l'accalmie de mercredi et jeudi derniers. Pour certains observateurs, l'alliance Opep+ pourrait changer de politique si elle estime que les effets contre-productifs de prix jugés trop hauts par les consommateurs pourraient encourager les 23 pays producteurs à réagir et ouvrir davantage les vannes. Il faut se le dire, la forte hausse des prix du gaz a fait que le pétrole est devenu plus compétitif pour la demande dédiée à la production d'électricité et au chauffage. La demande supplémentaire de pétrole, pour compenser le «cher» gaz est difficile à évaluer, mais elle devrait se situer autour de 320 000 barils par jour au cours des six prochains mois en Asie et en Europe, à en croire les estimations de S&P Global Platts, le fournisseur d'informations sur les cours du pétrole. Les spécialistes de Goldman Sachs, quant à eux, estiment jusqu'à 1,35 million de barils par jour pour la production d'électricité et 600 000 barils par jour dans l'industrie en Asie et en Europe si les prix du gaz maintiennent leurs hausses records. Des données qui ont de quoi inciter les membres de l'Opep+ pour ouvrir les vannes, eux qui ne sont pas sans savoir que la hausse des prix du gaz est partie pour durer jusqu'à au moins la fin de l'année 2021, selon pratiquement l'ensemble des experts. Azedine Maktour