Dans une récente déclaration de presse, le président de la Fédération algérienne de football (FA), Amara Charafeddine, a évoqué, avec un bel optimisme, l'avenir du coach Djamel Belmadi à la tête de nos glorieux Fennecs. Il a alors donné de solides assurances quant au renouvellement de son contrat, précisant que les contractants discutent à ce sujet, dans « la plus grande discrétion » pour trouver un arrangement « dans les plus brefs délais ». Et de préciser encore que la signature, une fois tous les éléments de l'accord réunis, « sera une question de cinq minutes ». À la veille de l'ultime et crucial virage de la qualification pour la Coupe du monde, ces déclarations sont de bon aloi. Elles sont d'autant plus rassurantes qu'elles semblent exprimer le souci de favoriser la stabilité managériale et le « longtermisme », deux choses rares en Algérie, encore plus dans la gestion du football national. On note donc l'idée de travailler dans la discrétion et surtout la volonté de favoriser la stabilité managériale et la sérénité psychologique. Prenons donc les bons augures et attendons cependant les effets futurs de la mise en œuvre. Reste, en soi, le choix de miser de nouveau sur Djamel Belmadi, un coach qui s'est imposé rapidement à la barre technique des Verts par la preuve de la performance et les résultats probants. Un top manager qui sait tirer le meilleur de la meilleure ressource humaine disponible, essentiellement des footballeurs issus des championnats d'Europe occidentale, du Maghreb, du monde arabe et de Turquie. Et qui a su créer un groupe homogène, soudé, solidaire, toujours motivé et toujours tendu vers la performance. Preuve en est, la seconde Coupe d'Afrique gagnée, la qualification pour la prochaine au Cameroun et la qualification éventuelle pour le Qatar 2022 qui est à portée de crampons à l'issue de deux confrontations seulement, dont le dernier sera un match barrage contre un des premiers des dix groupes de qualification préliminaires. Le président de la FAF a, d'autre part, raison de dire au sujet de Super Djamel que « le peuple algérien est content et fier de ce que Belmadi est en train d'accomplir avec l'équipe nationale ». Sous-entendu, lui aussi et nous de même. Il ne pouvait pas en être autrement car notre coach, professionnel, performant et patriote, a introduit au sommet du football algérien la culture de la performance et de la gagne, l'exigence de rigueur et d'efficacité, l'honnêteté morale et l'intégrité intellectuelle. Des notions largement étrangères à la gestion à l'algérienne tous secteurs d'activité humaine confondus. Et surtout dans le football marqué depuis le premier championnat de division Une en 1963, par l'amateurisme, la gestion artisanale quand elle n'est pas médiocre et gabégique, et surtout l'instabilité chronique du management. En particulier à la tête de l'équipe nationale qui a attendu 27 ans pour remporter son premier titre de champion d'Afrique, et encore à domicile. À l'instar de tous ses prédécesseurs, Djamel Belmadi n'est, après tout, que le palmier opulent qui cache le désert du football algérien. Le nombre des sélectionneurs de l'équipe nationale est un baromètre édifiant de l'instabilité chronique consubstantielle à leur poste. Le football de sélection aura donc connu depuis l'indépendance du pays treize étrangers. Dont trois Français, deux Belges, trois Roumains, un Soviétique et un Espagnol, sans compter trois autres Français d'origine algérienne. Si nul n'est prophète en son pays footballistique, des hirondelles étrangères auront parfois fait le printemps d'un football algérien toujours sous-développé. Ses maux, telles les sept plaies d'Egypte, sont archiconnus. À commencer donc par l'instabilité chronique de son encadrement, précisément de la barre technique, avec 56 sélectionneurs depuis 1963, soit une moyenne de 1,03 entraîneur par an. Et que dire encore de ses faiblesses structurelles ? Notamment une organisation archaïque et lourde, un management approximatif confié à des amateurs, parfois à des margoulins et souvent à des médiocres qui gèrent des clubs sans base structurelle, sans assise financière durable, sans politique de formation digne de ce nom, des clubs surendettés et encore très loin des idées de merchandising, de communication moderne et d'organisation structurelle des comités de supporteurs. Sans compter une formation déficiente ou carrément absente, et des infrastructures indignes d'un pays aussi riche que l'Algérie ! Posséder des joueurs de grand talent en mesure de défier les meilleurs ne suffit pas. Il faudrait, par conséquent, voter un vrai plan Marshall pour développer les infrastructures et investir dans la formation. Construire aussi des stades modernes car l'Algérie n'a pas d'enceintes en nombre suffisant et surtout aux normes internationales. Non seulement construire des stades conformes qui doivent être des enceintes sportives, commerciales et conviviales, mais surtout les construire dans les délais de rigueur. À savoir entre trois et cinq ans comme cela est de rigueur partout dans le monde, y compris dans certains pays d'Afrique maghrébine ou subsaharienne. Alors qu'en Algérie, des stades comme ceux de Douéra et Baraki à Alger ou encore celui de Tizi-Ouzou tardent à être réceptionnés quinze ans après le premier coup de pelleteuse ! C'est à ce prix que le ballon tournera plus rond pour mieux aller au fond des filets ! N. K.