Ils viennent de l'autre bout du monde, parce qu'ils s'intéressent à la qualité de nos terres et à ce que pourrait donner une agriculture qui a cessé de fournir le meilleur sous un ciel, pourtant, des plus radieux. Je parle, bien entendu, de climat favorable à toutes les sollicitations. Pas de sinistre disposition au sabotage qui rende infertile une terre nourricière et impossibles son rendement et les profits qu'engendre son exploitation. Des dizaines de milliers d'hectares cultivables sont détournés à des fins que l'on dévoile et dénonce désormais. On en cède une partie à des promoteurs immobiliers qui y érigent des ensembles où le béton règne en maître absolu et où l'on ne croise plus la moindre pousse verte. À croire que beaucoup de responsables, chargés de gérer notre oxygène et notre agriculture, font dans une confusion qui en dit long sur leurs motivations. Sur un mode de gestion qui fait l'impasse sur la fécondité d'une terre et sur ses potentialités à satisfaire une part importante des besoins alimentaires. Beaucoup de ceux qui accèdent à ce que l'on interprète et valide comme une promotion sociale s'empressent de nier leurs origines, celles qui vous rattrapent quoi que vous tentiez, en se réclamant d'une citadinité qui demeurera, pourtant, illusoire. Ils ne sont pas les seuls, d'ailleurs, à vouloir rompre le cordon ombilical qui les lie à la campagne. Celle qui les a vus naître et d'où se dégage l'odeur d'une terre prometteuse. Promenez-vous sur les hauteurs d'Alger ou en banlieue et vous verrez que les propriétaires ne consacrent pas le moindre espace aux plantes. Le vert renverrait trop, selon certains sarcasmes populaires, depuis la nuit des temps, à l'herbe du douar abandonné par celui qui, dans sa nouvelle vie de «citadin», s'acharne à oublier qu'il en vient. Attention, l'objet de cette chronique n'est pas de faire l'apologie de la citadinité, terme qui, au fil des ans et à l'allure où s'imposent les exodes, a perdu du raffinement des gens de la ville, abîmé par la rusticité des réflexes agraires. En allant à la ville, on emporte avec soi les bagages comportementaux qui colleront à vie au costume de rechange que l'on tentera d'épouser. M. B.