Rompre un instant, le temps de l'écouter parler de ses passions, avec le silence indécent que nos chargés de la culture imposent au pays. Incompétence ou ignorance profonde ? Peut importe dès lors que l'un comme l'autre flinguent le moral et mènent à une démission de l'expression artistique. L'écouter raconter comment elle construit tous les ponts dont elle flatte l'accès, entre les différents univers qu'elle côtoie et au sein desquels elle intègre ceux qui font sa double culture. Algérienne et Française. Les deux en ont fait ce qu'elle est, aujourd'hui, et elle s'en revendique avec la délicieuse sérénité qui la caractérise lorsqu'elle en parle. La culture dont elle est issue. Celle de ses origines et celle qui s'est greffée à son parcours et lui a ouvert un boulevard vers la juste et belle reconnaissance à laquelle elle a droit. Je n'ai pas voulu, sitôt clos l'entretien dans le «Diasporama» du Soir d'Algérie, animé par Maya Zerrouki, tourner la page sur la belle rencontre proposée avec la pétillante Zahia Ziouani. Quand un temps d'arrêt occasionnel vous est offert, le temps d'un échange à cœur ouvert, sur la conviction que chacun met à se construire et à appréhender les éléments constitutifs de l'avenir dont il rêve, vous le saisissez pour ce qu'il vous offre comme moyen de vous évader. J'avais annoncé, jeudi matin, avec quelle impatience j'attendais le moment où allait être diffusée son interview. Une musicienne, cheffe d'orchestre, formatrice, compositrice... Elle est tout cela à la fois et plus encore. Elle est celle parmi les rares femmes dont on reconnaît le talent et l'autorité dans la direction d'orchestre à avoir, par sa persévérance, abattu quelques-unes des barrières érigées par les hommes pour en interdire l'accès aux femmes qui auraient l'arrogance d'en être. Intégrer un monde accaparé par un genre qui persiste à s'en réserver le monopole. Certes, la discrimination entre les hommes et les femmes se dénonce dans quasiment tous les domaines. Ce qui réconforte, pourtant, c'est que le prétendu sexe faible s'en laisse de moins en moins conter par ceux qui persistent à vouloir le renvoyer au fond de la classe. M. B.