Dossier automobile. Les concessionnaires saisissent le médiateur de la République. Il promet de leur répondre ... ... dans moins de 3 ans ! Ce banc ! Mon Dieu ce banc désespérément vide. Je crois, même si la concurrence mafieuse est rude, que je n'ai jamais autant espéré voir son popotin posé sur cette portion de banc du tribunal. On a les attentes et les ambitions que l'on peut dans sa vie. Moi, je l'avoue - sans que l'on ait besoin de me torturer pour ça - que j'ai rêvé du moment goûteux où je verrais Chakib Khelil assis devant ses juges. Oh ! Je sais bien que mes rêves n'ont rien d'enthousiasmant pour quelqu'un de « normal ». Les gens normaux rêvent de belles choses, de famille heureuse, de santé, de voyages, voire d'opulence. Mais voilà, je ne suis pas normal, de cela, vous avez dû vous rendre compte, je suppose. Alors, la lippe mauvaise, le regard noir et les poings serrés sur mon inutilité rageuse, je regarde et regarde encore ce bout de banc en bois dur, vide du derrière de Crinière Blanche. Le propre des rêves et désirs ardents inassouvis, c'est qu'ils s'apaisent par l'imagination. Du moins, c'est ce que l'on raconte. Et là, je me suis surpris à imaginer ce que pouvait faire Khelil au moment précis du déroulement de son procès d'Alger. Aujourd'hui et maintenant, lorsque des prévenus défilent à la barre, que fait le Texan ? Sourit-il de son sourire de mauvaise légende ? Se ressert-il un verre de cet alcool cher, payé avec l'argent extrait de cette terre pour laquelle un million et demi de chouhada sont morts ? Va-t-il jusqu'à pouffer de rire lorsqu'il entend ses anciens « collaborateurs » jurer qu'il était derrière la grosse machine à sous détournés qu'était devenue Sonatrach et le ministère de l'Energie Renouvelable de leur Rapine, celle du Clan d'Oujda-les-deux-Mosquées ? Pose-t-il ses deux mains sales sur le cuir précieux de son sofa, dans le grand living de son exil doré, comme pour mieux se convaincre qu'il est bien là, à l'abri de l'Histoire et de la détresse des peuples qui la hantent ? Est-il habité par des moments de fièvre qui le voient farfouiller dans les tiroirs de son immense bureau des infamies pour y vérifier que son passeport ricain s'y trouve, n'a pas expiré et n'a surtout pas viré de couleur ? Serre-t-il plus fort son verre lorsque un nuage de spleen et de déception à peine contenue vient assombrir son regard requin, se souvenant qu'il a manqué d'un poil, d'un cheveu de sa forfaiture, la cession du sous-sol algérien à ses mentors yankees ? Oui, je sais ! Mon imagination déborde et divague. Le banc est vide. Inoccupé. Juste ce nom et ce prénom à jamais salis et qui se prononcent comme un vent mauvais qui balaie cette salle d'audience. En tendant un peu l'oreille, même moi le sourd comme un pot, j'en entendrais presque le rire sardonique de Crinière Blanche. Alors, en guise de petite consolation, celle de ceux qui n'y peuvent rien, je me remets à rêver. À imaginer que dans sa lointaine Amérique, dans sa propriété aux murs suintant encore le gaz et le pétrole de Hassi-Messaoud, il s'étouffe soudain avec son rire. Dans un dernier soubresaut que certains diraient divin, d'autres de justice immanente et moi de cette conviction que l'esprit frappeur, jamais apaisé et transfrontalier de Cheikh Messaoud a enfin accompli son œuvre. Alors, et alors seulement, je n'en fumerais que plus voluptueusement mon thé pour rester éveillé à ce cauchemar qui continue. H. L.