Le Premier ministre a pr�sent�, jeudi, la d�claration de politique g�n�rale de son gouvernement devant l�Assembl�e populaire nationale. Ahmed Ouyahia s�est attel� � justifier les mesures protectionnistes prises r�cemment par l�Etat alg�rien pour prot�ger son �conomie. Un plaidoyer qui a sonn� comme un aveu de l��chec de la politique appliqu�e durant la derni�re d�cennie. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - Le Premier ministre a finalement pr�sent� la d�claration de politique g�n�rale du gouvernement devant les membres de l�Assembl�e populaire nationale. Ahmed Ouyahia, qui avait pr�sent� le plan d�action de l�ex�cutif le 19 mai 2009, s�acquitte de cette obligation constitutionnelle avec six mois de retard. Mais cet ajournement inexpliqu� ne semble �tre qu�un simple d�tail. Jeudi, le coordinateur de l��quipe gouvernementale s�est plut�t attel� � apporter des �clarifications� � propos des �correctifs� introduits en mati�re de d�veloppement �conomique. �Je rappellerai d�abord que l�Alg�rie, qui a fonctionn� dans le cadre d�une �conomie socialiste, s�est �loign�e d�j� de cette voie, sans revenir sur ses constantes nationales en mati�re de justice sociale et de solidarit� nationale. Quel drame y avait-il � proc�der � quelques ajustements de notre d�marche d��conomie de march�, d�s lors que ce redressement n�est pas synonyme de rupture avec l�efficacit� et la comp�titivit� �conomiques ? Quel est ce dogme qui, au nom de la libert� d�entreprendre, devrait nous emp�cher d�introduire des correctifs appropri�s � la lumi�re des constats, des exp�riences et des circonstances, au moment m�me o� la crise �conomique mondiale a r�habilit� ailleurs le r�le �conomique de l�Etat, et surtout remis en cause le primat de la libre sp�culation sur l��conomie productive ?� a affirm� Ouyahia. Et c�est en des termes � peine voil�s qu�il annonce la fin de l��re des largesses et des concessions. �L�Alg�rie, qui forgeait son exp�rience lib�rale et qui �tait confront�e aussi � la n�cessit� de rompre, voil� dix ans, un embargo international non d�clar�, a conc�d� de larges libert�s aux investisseurs �trangers. Elle ne serait donc plus en droit, aujourd�hui, de reprendre la majorit� dans les investissements ext�rieurs chez elle, alors que ce m�me principe pr�vaut dans d�attrayantes destinations de l�investissement �tranger, au Moyen-Orient ou en Asie.� Apr�s avoir d�nonc� les pratiques de �certains investisseurs �trangers guid�s par le gain sp�culatif� � critiques adress�es aux deux groupes Orascom �, le Premier ministre a expliqu� ce que le gouvernement alg�rien attend des op�rateurs �trangers. �L�Alg�rie n�a pas prioritairement besoin actuellement de capitaux �trangers, mais elle est cruellement en manque de savoir-faire, de technologie, de management moderne et de partenaires � m�me d�ouvrir demain d�autres march�s � des productions en association. En contrepartie, l�Alg�rie, dont le cadre juridique de l�investissement est d�sormais consolid� et donc stabilis�, offre � ceux qui sont dispos�s � l�accompagner dans son d�veloppement des avantages nombreux. � En contrepartie des avantages consentis (cr�dits, charge fiscale, co�t de l��nergie, acc�s � march� en expansion�), le gouvernement compte atteindre trois objectifs majeurs : �Il s�agit d�abord de porter la croissance du secteur agricole � 8 % annuellement de mani�re stable et continue. Il s�agit ensuite de relever de 5 % � pr�s de 10 % en 2014, la part de l�industrie dans la valeur ajout�e globale qui se cr�e annuellement. Il s�agit enfin de poursuivre la r�duction du ch�mage bien en de�� de 10 % durant les cinq prochaines ann�es.� L�objectif final �tant de permettre � l�Alg�rie d�en finir avec la rente p�troli�re et de diversifier ses revenus financiers. Le Premier ministre a donc profit� de la tribune que lui a offert l�APN pour lancer des messages aux �partenaires� �conomiques et � certains lobbyistes. Mais en affichant ouvertement ce que lui-m�me consid�re �tre un �redressement�, Ahmed Ouyahia reconna�t implicitement l��chec de la politique �conomique impos�e par Abdelaziz Bouteflika � v�ritable ma�tre � bord � durant les deux premiers mandats. Mais les d�put�s ont-ils assimil� l�importance des enjeux ? Il semble bien que non, si l�on s�en tient aux deux premi�res s�ances des d�bats. Jeudi, la quasi-totalit� des �lus ont rivalis� d��loges pour f�liciter les plus hauts responsables de l�Etat ou, au mieux, se sont attard�s sur les probl�mes de leur r�gion, ville et douar d�origine. La seule et unique attaque frontale essuy�e par Bouteflika, Ouyahia et l��quipe gouvernementale �tait sign�e du vice-pr�sident de l�Assembl�e populaire nationale, Noureddine A�t Hamouda. �J�aurais voulu intervenir aujourd�hui pour faire des suggestions, mais apr�s avoir �cout� le discours du Premier ministre, j�ai l�impression qu�on ne vit pas dans le m�me pays, ni dans la m�me �poque�, lance le d�put� du Rassemblement pour la culture et la d�mocratie. �L�ann�e derni�re, dans cette m�me salle, j�ai soulev� le probl�me de la corruption et des d�tournements qui envahissent notre pays. La r�ponse de votre ministre a �t� alors : ��les gens du RCD sont des anarchistes, l�Alg�rie va bien, il n�y a pas de d�tournements ni de corruption et le gouvernement n�est pas responsable de toutes ces choses��. Un mois apr�s, tout a �t� d�voil�. Toute la presse nationale et m�me internationale ne parle que des scandales : Sonatrach, autoroute Est- Ouest, m�tro d�Alger, d�tournement de l�argent de la Zakat, chemins de fer, utilisation des banques publiques � des int�r�ts personnels, scandale d�Air Alg�rie qui sera expuls�e des a�roports europ�ens � partir du 5 novembre prochain (�) Comme r�ponse � ces scandales, le pr�sident de la R�publique a proc�d� � un remaniement minist�riel symbolique et st�rile. Quand la justice est intervenue dans ces affaires, seuls les secr�taires g�n�raux et quelques cadres ont �t� emprisonn�s. Comme � l�accoutum�e, ce sont toujours les petits qui sont sacrifi�s. Les responsables politiques coupables sont en vacances aux Etats-Unis, en France ou en Angleterre. En r�alit�, ils sont retourn�s chez eux. Ils ne sont que des coop�rants techniques. � Le fils du colonel Amirouche r�sume en une seule phrase sa vision de la gouvernance : �Notre pays est devenu telle la vache de l�orphelin, vous avez bu son lait et vous l�avez vendue au vu du peuple sans scrupule.�