Une fille de chahid qui vit dans un gourbi depuis 1964, une m�re de deux enfants qui a acquis un taudis pour 60 000 DA, une famille de 9 personnes qui vivotent dans un F2� Tel est le d�cor du site pr�caire Lakouata, dans la commune d�Essebt, � une dizaine de kilom�tres du chef-lieu de la da�ra de Azzaba dont elle d�pend. Le tout agr�ment� par le compagnonnage des rats et des serpents. Entrant au village, par la route de Bayard, on a d�j� un avant-go�t de l�anarchie y pr�valant. Des fils �lectriques ramen�s � partir des villas en amont d�figurent l�endroit, et on risque de marcher dessus parfois tellement ils sont pr�s du sol. La pr�carit� a �t� accentu�e par l�emplacement des habitations sur les bords d�un oued qui d�borde souvent. L��coulement des eaux us�es accorde � l�atteinte � l�environnement une place privil�gi�e dans le domaine. Des odeurs naus�abondes empestent l�atmosph�re. Quelques demeures ont d�j� subi le d�bordement des eaux, des fissurations sur les murs en parpaings l�illustrent parfaitement. Les cuisines sont de simples coins, identifi�s par des kanouns, des bonbonnes de gaz et des marmites. �Le rat est l�un des clients de notre cuisine. D�o� l�abondance des bouteilles de Javel�, nous dira une m�re qui vit depuis 1979 dans un F3 avec 8 autres membres. Les canalisations des eaux us�es les traversent ; lors de leur �clatement, c�est l�int�rieur qui en p�tit et le sol qui �clate. �On passe notre vie � assurer l�entretien de nos baraques�, nous signale un habitant. Ces conditions de vie ont logiquement un corollaire, la profusion des maladies respiratoires et infectieuses. Une dame nous montre son m�dicament utilis� dans le traitement de la rhinite allergique saisonni�re et perannuelle. Une autre brandit un certificat m�dical de son enfant, atteint de cystite aigu�, une infection urinaire. La fille de Boukef Salah, tomb� au champ d�honneur en 1958, a un voisin ind�sirable : un long cours d�eau qui fait des siennes lors des intemp�ries. �J�ai frapp� � toutes les portes. En vain. Je ne perds pas espoir quant au r�glement de notre situation�, annonce-t-elle optimiste. Elle ajoute : �Je ne comprends pas comment on proc�de dans ce pays ? On a recas� des familles dans les 109 logements, qui ont une dizaine d�ann�es, et on nous a laiss�es, moi et ma m�re �g�e de 95 ans, qui sommes l� depuis 1964, nous �terniser pr�s d�un oued.� La situation a �t� aggrav�e par le d�ficit criant en mati�re de logements. La r�cente r�ception de 109 logements, dans le quartier Sonatiba, ne peut satisfaire la demande formul�e en la mati�re. Selon un citoyen, �il reste 36 unit�s non encore distribu�es, nombre insuffisant pour reloger les plus de 100 gourbis que compte le site�. En perspectives, il est pr�vu une quarantaine de logements dans le cadre social-locatif. Ce qui est s�r, en revanche, c�est que les intemp�ries pr�vues dans les jours qui viennent feront parler de ce site. A signaler �galement qu�une centaine de m�tres plus loin, 4 familles, compos�es d�une trentaine de membres, vivent depuis des ann�es dans un hangar, qui servait auparavant au stockage du bl�, avec des toilettes collectives.