La commune de Azzaba est devenue un d�potoir � ciel ouvert. Une tourn�e dans ses diff�rents quartiers a confort� ces dires. Cit�s chic ou sites pr�caires, boulevard � caract�re administratif ou agglom�ration r�sidentielle principale, le constat est le m�me : la commune a perdu de son charme d�antan. D�j� � l�entr�e de la ville, un rond-point, baptis� par la vox-populi rond-point de la mort, destin� � r�guler la circulation sur la RN44, aurait �t� la cause, selon des sources concordantes, du d�c�s de plus de 20 personnes depuis sa construction, il y a de cela pr�s de 3 mois. Un Tunisien et un vendeur de raisins ont eu, quant � eux, la vie sauve. �Pour qu�un rond-point ne soit pas un danger de mort, il faut qu�il soit bien �clair�, qu�une peinture appropri�e le rende visible et qu�un panneau de signalisation soit install� � quelques m�tres � la ronde.� Ces trois facteurs manquent, d�o� sa dangerosit�. Routes d�fonc�es, chauss�es bond�es de tablettes de cigarettes, avenues poussi�reuses, illustrent bien le deuxi�me facteur cit�. Le boulevard Mohammed-Boudiaf, o� est implant� le si�ge de la da�ra, et la rue de l�ind�pendance, contrastent avec leurs appellations historiques. Pourtant, Azzaba n�est pas n�importe quelle commune, elle est le chef-lieu de l�une des 5 grandes da�ras de Skikda. Elle dispose d�une facult� de droit, de deux campus pour filles et gar�ons, d�un tribunal, d�un si�ge de la da�ra (boulevard Mohammed- Boudiaf) et une multitude de subdivisions des directions de l�ex�cutif. 56 922 habitants y vivent sur une superficie estim�e � 173 43 km2, r�partis entre 4 ou 5 grandes agglom�rations. La zone d�habitation urbaine nouvelle (ZHUN), forte des ses 1 000 logements, est l�une d�elles. Une image est frappante : quelques locaux commerciaux ont �t� squatt�s par des familles cherchant un toit sous lequel s�abriter. Des d�versements d�eaux us�es font office de fronti�re entre les passants et les locaux. Des monticules d�immondices compl�tent le d�cor. Et l�APC n�est pas la seule responsable, les citoyens ont aussi une grande responsabilit�. Les salet�s qui d�bordent des quelques poubelles install�es ici et l� prouvent qu�un dysfonctionnement existe quelque part dans les missions d�volues aux services d�hygi�ne. En revanche, les quantit�s de bouteilles en plastique qui ornent le dessus des balcons est une hideuse image induite par le manque de civisme. En arpentant l�avenue qui longe le lyc�e Gassis, on est frapp� par une vaste �tendue d�eaux us�es. �Elle est l� depuis des ann�es, on ne lui a trouv� aucune solution de rejet. Le hic, c�est qu�elle se trouve sur un terrain agricole qu�a visit� le pr�sident Chadli Bendjedid en 1984. A cette �poque, il a donn� instruction pour qu�il soit �pargn� de toute construction de nature � lui faire perdre sa vocation initiale �, nous renseigne formellement notre interlocuteur. La longue art�re est d�munie, comme nous l�avons relev� par nous-m�mes, de toute poubelle. En face d�elle, la cit� des 1 000 logements, avec en gros plan une image insolite : un habitant du rez-de-chauss�e a construit un escalier de secours ! On nous explique que cette petite parade est n�cessaire pour �viter de sortir par la cage d�escalier, qui devient inaccessible en hiver. Les citoyens ont souvent de l�inspiration au d�triment des plus �l�mentaires r�gles de l�urbanisme ! De sources indiscr�tes, on nous affirme que ce contribuable n�a jamais �t� inqui�t�. Contrairement � son voisin, qui se trouve � quelques demeures plus loin, qui a �t�, quant � lui, destinataire d�une convocation. Le grief retenu contre lui est d�avoir con�u un espace vert qui s��tend verticalement vers le haut de l�immeuble. L�alignement des branchages serait devenu encombrant pour les voisins du dessus, les passants et les autorit�s publiques ! Ordre lui a �t� intim� de tout d�boiser. Le deux poids, deux mesures. Prochaine escale, Bir Farina, un lotissement social de 242 familles, qui s�est distingu� r�cemment par une action de contestation sur les lamentables conditions de vie, dont la d�gradation du r�seau routier et le probl�me d�alimentation en eau potable. A une centaine de m�tres, probablement le site le plus dangereux de Azzaba. J�ai cit� Graibissa. L�anarchie y s�vit. A bord du v�hicule, on est oblig� de g�rer bien les secousses � cause de l�impraticabilit� de la route. C�est un grand chantier bourbeux. De petits enfants vivotent pr�s d�habitations en parpaings, au toit de zinc et d�une architecture � si architecture il y a � repoussante. Des jeunes roulent des joints. Au coin d�une ruelle, sur des chauss�es d�fonc�es, un dealer notoire cherche dans sa poche de la monnaie, probablement pour la rendre � l�acqu�reur du cannabis, s�affairant � dissimuler sa marchandise � notre vue. A notre d�part, nous avons remarqu� que le groupe s�est dispers�, le cannabis a eu, semble-til, preneur. Dans l�objectif de se reposer, on nous indique un square en face du groupement scolaire Khellat-Omar. ��a fait 6 ans qu�il est dans cet �tat de d�gradation, sans que personne s�en �meuve�, nous dira un retrait�. Comme � Skikda, les vieux Azzabis regrettent le charme d�antan de leur ville.