Les investissements directs �trangers en Alg�rie ont subi, selon le Fonds mon�taire international (FMI), une chute de 60% hors hydrocarbures en 2009. Ch�rif Bennaceur - Alger (Le Soir) - A l�issue d�une mission de deux semaines � Alger, une d�l�gation du Fonds mon�taire international (FMI) a anim�, jeudi dernier, un conclave m�diatique. L�occasion pour le chef de mission, Jo�l Toujas-Bernat�, de r�percuter l�appr�ciation de l�institution internationale quant � l��volution et � la conduite �conomiques en Alg�rie. Une appr�ciation mitig�e. Certes, le FMI estime que �la performance �conomique reste solide�, dans le contexte de rebond p�trolier et du programme d�investissements publics. Pour autant, l�enjeu crucial, selon le FMI, reste li� au d�veloppement du secteur priv� et la diversification de l��conomie, � m�me de permettre de r�duire la d�pendance � l��gard des hydrocarbures, et la r�sorption du ch�mage (avec un taux de l�ordre de 22 � 24% chez les jeunes). De m�me que le FMI incite � la vigilance en mati�re budg�taire, dans la mesure o� les revalorisations salariales initi�es ne doivent pas se r�percuter sur l�inflation et que la qualit� et l�efficacit� des investissements publics doivent �tre pr�serv�es. La nouvelle r�glementation, un effet n�gatif ! Mais cette rencontre m�diatique a, surtout, permis au repr�sentant du FMI de se prononcer sur l�attractivit� r�elle de notre pays aux investissements directs �trangers (IDE). Et c�est un diagnostic n�gatif que le FMI dresse, a contrario des assurances gouvernementales. Ainsi, les IDE ont connu une forte chute en 2009, dans les secteurs hors hydrocarbures et financiers. Selon le FMI, cette chute a �t� de 60%. Certes, le degr� z�ro d�IDE n�a pas �t� atteint puisque la mission �voque un montant de 258 millions de dollars d�investissements en 2009 et de 271 millions de dollars au 1er semestre 2010, soit une hausse de 5%. N�anmoins, M. Toujas- Bernat� a estim� que la nouvelle r�glementation r�gissant les IDE pourrait avoir un effet certain, voire �n�gatif�. Certes, il estime que la mesure de paiement obligatoire des importations par cr�dit documentaire �ne devrait plus poser probl�me� et que les amendements de la loi sur la monnaie et le cr�dit sont �tr�s positifs�. Mais il en va, cependant, autrement concernant le comportement des investisseurs �trangers, au-del� de l�affaire �particuli�re� d�Orascom Telecom Alg�rie. Dans la mesure o�, selon le repr�sentant du FMI, l�incertitude p�se sur l�existence d�un partenaire domestique idoine, majoritaire � 51%, dans le contexte de �faiblesse�, �fragmentation� du secteur priv�, et de la �r�ticence � des investisseurs �trangers � s�allier avec les op�rateurs publics. Il s�agit, selon le FMI, de clarifier la situation, dans la mesure o� le recours aux IDE, bien ma�tris� certes, ne doit pas cependant �tre frein�, car source de transfert de technologies et de gain de productivit�. Ce qui s�av�re pertinent, alors que la productivit� par t�te en Alg�rie est rest�e faible durant les vingt derni�res ann�es. Entre 1991 et 2010, la productivit� par t�te est rest�e inf�rieure � 0%, comprise selon le FMI entre 0,00% et -2,0%, un retard immense qu�il faut pouvoir rattraper. C. B. LES R�SERVES DE CHANGES ATTEIGNENT 157 MILLIARDS DE DOLLARS Le FMI s�attend � un l�ger mieux de la production d�hydrocarbures Les r�serves de changes de l�Alg�rie ont atteint les 157 milliards de dollars � la fin septembre 2010 selon le FMI. La position ext�rieure s�am�liore, � 9% du produit int�rieur brut, selon l�institution internationale qui note que le Fonds de r�gulation des recettes a accumul� l��quivalent de 35 � 40% de la richesse nationale. En pr�cisant cette richesse, le FMI l��value � 159 milliards de dollars en 2010 (contre 139,8 milliards de dollars en 2009) et � 171,6 milliards de dollars en 2011. Voire, le FMI pr�voit une hausse l�g�re de la production d�hydrocarbures (0,9% en 2010 contre un d�ficit de 6% en 2009). Hors hydrocarbures, la croissance devrait d�passer les 5%, gr�ce aux secteurs tir�s par la d�pense publique. Soit, une croissance globale pr�visionnelle de 3,3% cette ann�e. Pour l�ann�e prochaine, le FMI compte sur un taux de croissance de 5% hors hydrocarbures et une croissance globale de l�ordre de 3,7%. N�anmoins, le FMI constate que la position budg�taire restera d�ficitaire, malgr� l�augmentation des recettes d�hydrocarbures, avec un prix du baril de l�ordre de 77 dollars. La raison de ce d�ficit, le FMI l�impute � la hausse des r�mun�rations dans la Fonction publique. -Toutefois, le FMI s�attend � une l�g�re am�lioration du d�ficit, � 4% du PIB contre un d�ficit de 6,8% du PIB en 2009. Quant � l�inflation, le FMI note une baisse � 4,6%, en raison de la baisse des prix des aliments frais. C. B. LE DG DU FMI � ALGER Gouvernance �conomique en mauvaise posture La gouvernance �conomique en Alg�rie a-t-elle �chou� en termes de gestion et de distribution de la manne p�troli�re ? L�Alg�rie est-elle vou�e � la mal�diction des pays d�tenteurs de larges ressources naturelles mais pourtant incapables d�en faire profiter leurs populations ? Ce questionnement, le directeur g�n�ral du Fonds mon�taire international (FMI), en visite mercredi et jeudi derniers � Alger, l�a reproduit � quelques nuances pr�s. Certes, Dominique Strauss-Kahn, h�te des autorit�s ex�cutives et financi�res du pays, a pris acte des options et performances r�alis�es, gr�ce � la manne p�troli�re, en relevant un bon niveau de croissance �conomique malgr� les incertitudes internationales. Ne pas dormir sur les lauriers du p�trole ! N�anmoins, M. Strauss- Kahn a affirm�, lors d�un point de presse tenu mercredi et � l�occasion d�un colloque, organis� le lendemain conjointement entre le FMI et la Banque d�Alg�rie, que la possession de richesses p�troli�res, une b�n�diction certes, ne doit pas cependant se transformer en une mal�diction. Or, une fatalit� in�vitable pour la gouvernance alg�rienne, dans la mesure o� la d�pendance aux hydrocarbures se poursuit, le secteur priv� reste encore �balbutiant� et le ch�mage des jeunes demeure tr�s �lev�. Car il ne suffit pas, constate le DG du FMI, d�avoir une �conomie favoris�e par une ressource p�troli�re qui ne cr�e pas absolument de l�emploi, et se reposer ensuite sur ses lauriers, sans d�velopper le reste de l��conomie, sans cr�er d�emplois, sans favoriser un secteur priv� puissant et comp�titif et sans penser aux g�n�rations futures. En d�autres termes, la gouvernance �conomique actuelle, m�me si elle ne d�m�rite pas compl�tement, selon M. Strauss- Kahn, en termes de prudence et d�impulsions budg�taires, semble en mauvaise posture. Les d�cideurs �conomiques et politiques sauront- ils, pourront-ils trouver la parade, mieux g�rer l�argent du p�trole et savoir bien le distribuer, l�utiliser au service du secteur priv� et la cr�ation d�emploi ? La question reste pos�e, encore irr�solue. Strauss-Kahn et la question du protectionnisme H�te �galement du m�me colloque, le Premier ministre Ahmed Ouyahia, saluant la d�marche de �solidarit� et la profonde �humanisation� de l�approche et de la doctrine du FMI, n�a pas �clairci cette incertitude, se contentant de rappeler la r�duction de moiti� des recettes d�exportation et budg�taires du fait de la crise �conomique mondiale. Par ailleurs, le DG du FMI a us� devant les m�dias d�un ton �vasif, � propos des mesures de r�gulation ou protectionnistes, r�gissant l�investissement �tranger et du commerce ext�rieur. Tout en affirmant son rejet de toute d�marche protectionniste, Dominique Strauss-Kahn a estim�, pourtant, que �la mont�e du protectionnisme a �t� faible�, ailleurs et en Alg�rie, en dehors de quelques �pouss�es de fi�vre, �a et l�. En outre, le DG du FMI a estim� que l�Alg�rie aura toute latitude d�acheter ou non d��ventuels nouveaux bons �mis par le Fonds, mais la question �ne se pose pas actuellement�, affirme-t-il, d�autant que les bons �mis en avril 2009 ont d�j� rapport� 500 milliards de dollars.