La journ�e d�hier a �t� caract�ris�e par un redoublement de violences dans la majorit� des quartiers de B�ja�a. Les �difices publics et certains des biens priv�s encore intacts ont �t� � leur tour visit�s par les insurg�s en furie. En effet, comme lors des �v�nements du printemps noir de 2001, aucun �tablissement scolaire, ni administration n�a fonctionn� normalement hier � travers les 52 communes que compte la wilaya de B�ja�a. Tous les commerces ont baiss� rideau � l�appel � la gr�ve g�n�rale, lanc� �timidement� par des associations locales, quelques heures auparavant. B�ja�a donnait l�image d�une ville qui s�appr�tait � une �vacuation suite � une catastrophe. D�s lors, et comme il fallait s�y attendre, avec les regroupements sporadiques de jeunes �coliers, de nouveaux incidents ont vite �clat�, peu avant 10h dans le centre-ville de B�ja�a, notamment devant le lyc�e d�Ihaddaden o� des pneus ont �t� br�l�s et la circulation quasiment interrompue dans les deux sens. Malgr� l�important d�ploiement des forces de l'ordre, aux alentours des �tablissements scolaires, tout le mat�riel informatique du lyc�e des Fr�res-Chouhada- Annani a �t� saccag� et pill� par de jeunes �meutiers. Vers 10h30, des dizaines de groupes de jeunes couraient dans les rues et dans tous les sens, et certains �taient bloqu�s par des cordons de policie �quip�s de boucliers et de matraques. Aucune interpellation n�aurait �t� enregistr�e dans les rangs des lyc�ens malgr� les violents heurts ayant oppos� les deux �camps�. Les policiers semblaient avoir re�u des consignes de leur hi�rarchie. Dans la nuit de samedi, les stocks de cigarettes de la succursale de la SNTA, sis � Ihaddaden, ont �t� compl�tement pill�s avant d��tre d�truits par des bandes de jeunes insurg�s, avons-nous appris des autorit�s locales. La seconde banque fran�aise, Soci�t� G�n�rale, situ�e au quartier Seghir, a �t� incendi�e dans la m�me soir�e. A El-Kseur, le m�me sc�nario de vandalisme s�est produit durant toute l�apr�s-midi de cette journ�e. Le g�rant de l�usine de bi�re Albrau aurait m�me carr�ment ouvert les portes de ses entrep�ts aux centaines de jeunes casseurs, de peur de repr�sailles. Ces derniers n�ont laiss� aucune palette au brasseur et certains �meutiers sont repartis saouls, nous ont rapport� des t�moins. M�me climat d�insurrection dans la ville de Tichy, situ�e � 15 km � l�est du chef-lieu, � laquelle nous avons difficilement acc�d� hier matin, en raison des centaines de barricades install�es par les jeunes �meutiers. Les affrontements dans cette ville baln�aire ont dur� toute la nuit de samedi, avons-nous appris, et ce devant le commissariat de da�ra. Quelque 200 jeunes ont provoqu� de nouveaux incidents, hier matin d�s l�aube, � proximit� de l�institution polici�re. Plusieurs commerces ont �t� saccag�s et des b�timents publics d�grad�s. Toutes les rues ont �t� ferm�es � la circulation, soit par des barricades de fortune, poubelles et autres poteaux arrach�s, soit par des pneus br�l�s. Il �tait tr�s difficile de recueillir la moindre information sur ce qui se passait dans la ville. L�air �tant irrespirable suite aux gaz lacrymog�nes des forces de s�curit�, les citoyens se sont enferm�s chez eux. A l�h�pital Khellil-Amrane, nous avons appris qu�aucun d�c�s suite � ces tragiques �v�nements n�a �t� enregistr� � ce jour. Il est � noter, par ailleurs, qu�une trentaine de policiers bless�s ont �t� admis aux urgences pour soins, depuis le d�but des affrontements. Seuls deux d�entre eux ont �t� gard�s en observation, leur �tat de sant� ne suscitant pas trop d�inqui�tude.