Devant un �tal de l�gumes du vieux march� �T�nache� de Belouizdad, � Alger, Rbiha, une septuag�naire, n�a pas h�sit� � d�verser sa col�re en raison des prix pratiqu�s. �On ne peut rien approcher dans ce march�. Vos prix nous ont br�l�s et cuits�, tonne-t-elle � l�encontre du vendeur. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Accompagn�e de sa petite-fille, Rbiha tra�ne un grand sac contenant de maigres l�gumes. �Depuis ce matin, j�erre d�un �tal � un autre comme une mendiante, � la recherche des plus bas prix. Les l�gumes sont chers et les fruits inaccessibles. Quant � la viande, on n�en a pas mang� depuis longtemps. On a fini par oublier son go�t. Les prix ne cessent d�augmenter, dites-leur de les baisser !�, peste-t-elle. Veuve, la septuag�naire pr�cise que sa famille �survit� gr�ce � une �insignifiante � pension de 6 000 DA. �Je trime pour joindre les deux bouts�, assure-telle. Lasse de sillonner les �troites all�es du march� �T�nache�, et visiblement fi�re de son �exploit� en cette matin�e du vendredi 18 f�vrier, elle ouvre son grand sac pour laisser para�tre quelques f�ves et artichauts. �J�ai m�me achet� du piment pour ma belle-fille qui, enceinte, ne cesse de le r�clamer. Ils sont chers mais j�ai d� fouiner dans une vieille marchandise et choisir quelques piments que le vendeur m�a c�d�s � 40 DA�, dit-elle, avant de battre en retraite. Les marchands, de leur c�t�, affirment que la mercuriale est stable depuis quelques semaines. Sur les �tals, la tomate est c�d�e entre 30 et 60 DA, la carotte entre 80 et 120 DA, le navet entre 50 et 60 DA, l�artichaut entre 40 et 80 DA et le fenouil entre 40 et 50 DA. Quant � la pomme de terre, le kilo est propos� entre 35 et 45 DA, celui des poivrons et des piments � 160 DA, des aubergines � 120 DA, des f�ves � 80 DA, des petits pois � 240 DA et des haricots, toujours inaccessibles, � 300 DA. Vendeur de l�gumes dans ce march� populaire depuis 36 ans, H�ssen accuse les marchands de gros d��tre � l�origine de cette flamb�e des prix. �Les grossistes sont pires que les Juifs. Ils pr�f�rent jeter leur marchandise plut�t que de baisser les prix. Ils sont insensibles � ce qu�endure le simple citoyen�, dit-il. Et de poursuivre : �Aux march�s de gros de Larba�, Boufarik et des Eucalyptus, les vendeurs font la loi.� Il regrette ainsi l��poque des Halles, l�unique march� de gros d�Alger, o� il �n�y avait ni sp�culation ni marchandage �. Lest� de deux gros sacs d�oranges, Bachir, 80 ans, affirme que m�me si la marchandise est vari�e et disponible, �les prix demeurent tr�s �lev�s�. Qualifiant les commer�ants de �mercenaires�, il ajoute : �Allez voir les prix dans les �piceries. Tous les produits alimentaires sont chers. Un travailleur qui touche le SNMG ne pourra jamais vivre de son salaire�. Derri�re son �tal, Hocine, vendeur de l�gumes, se joint � lui pour d�noncer la chert� de la vie. �L�informel nous emp�che de bien travailler. J�arrive � peine � subvenir aux besoins de mes 4 enfants. Il m�arrive m�me de m�endetter pour faire face aux d�penses de mes trois filles, toutes universitaires�, dit-il. La soixantaine, le visage basan� et pliss�, Hocine se retient, certainement par pudeur, pour ne pas d�voiler toute la douleur qui lui ronge le c�ur. �J�ai beaucoup de charges et je ne m�en sors pas. C�est dur, trop dur !�, l�che-t-il, tristement, en rangeant sa marchandise. Il est 12 heures tapantes. La sir�ne du march� retentit. C�est l�heure de fermer.