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La Libye de Kadhafi, entre lame et lamelle
Publié dans Le Soir d'Algérie le 12 - 03 - 2011


Par Ahmed Cheniki
Kadhafi n�arr�te pas de faire parler de lui, mais jamais il n�a imagin� vivre des moments aussi tragiques, lui qui est venu � la politique en 1969 par un coup d�Etat contre le roi Idriss Senouci, d�origine alg�rienne, avec le soutien du colonel Houari Boumediene.
Il pensait qu�il avait, apr�s avoir fait amende honorable, gagn� en respectabilit� aux yeux des dirigeants europ�ens et am�ricains qui le courtisaient pour son p�trole et sa �g�n�rosit�, comme d�ailleurs tous les autres pays p�troliers du Golfe. Il d�couvre ainsi le vrai visage de ceux qui lui ont donn� l�illusion qu�ils l�aimaient en s�armant de belles embrassades et de flatteries qui n�en finissaient pas. Les choses semblent changer.
L��Occident�, trop int�ress� par les int�r�ts p�troliers et g�ostrat�giques n�en a cure, privil�gie la solution militaire, en soutenant en armes les insurg�s, apr�s s��tre tu durant de longues ann�es sur les exactions du colonel, multipliant les visites et lui plantant sa tente dans leurs capitales, alors que la raison aurait �t� de chercher une solution durable en imposant un dialogue fond� sur un jeu d�mocratique, certes difficile � instaurer en Libye, dans une situation de quasi-guerre civile, d�ailleurs entretenue et qui risquerait de nous atteindre de plein fouet. La presse alg�rienne devrait arr�ter de singer les discours des journaux et des t�l�visions europ�ennes apportant souvent des informations non justifi�es (ce qui est contraire � l��thique et � la d�ontologie journalistique) et r�fl�chir aux vrais enjeux et aux risques majeurs que conna�traient l�Alg�rie et la r�gion en cas d�intervention militaire �occidentale�. La r�alit� est complexe. Le fait que les Europ�ens et les Am�ricains refusent de privil�gier une solution politique (avec possibilit� de constituante et d��lections d�mocratique) � cette guerre civile entretient les soup�ons. Le gouvernement alg�rien devrait redoubler de prudence. Il y va de la stabilit� de notre pays et de la r�gion. La dictature de Kadhafi a enfant� un bourbier, d�ailleurs entretenu actuellement par les puissances �occidentales�. On ne peut comprendre ce qui s�y passe si on ne situe pas ce pays dans le contexte historique et sociologique marqu� par une forte structure tribale, que Kadhafi a toujours utilis�e pour mater toute r�bellion. Il y eut des combats fratricides bien avant l�arriv�e du roi Idriss. Tout le monde savait ce qui se passait en Libye, bien avant les tragiques �v�nements d�aujourd�hui. Les relations des Europ�ens et des Am�ricains avec le colonel libyen ont connu tant�t des moments de conflit, tant�t des moments de r�pit � tel point qu�apr�s la derni�re r�conciliation, il �tait consid�r� comme un pion, certes quelque peu fantasque, des Etats- Unis. Le colonel Kadhafi occupe constamment les devants de la sc�ne m�diatique. Il est en quelque sorte un v�ritable antih�ros d�un film de s�rie B. Diabolis� � l�extr�me � un moment donn� par les m�dias am�ricains, cet homme, ancien officier, qui a pris le pouvoir apr�s avoir renvers� le roi Idriss, en 1969, �tait consid�r� comme l�homme � abattre et l�ennemi public n�1 dans l�imaginaire am�ricain. Cette image fabriqu�e par les m�dias anglo-saxons �tait profond�ment ancr�e dans l�esprit de l�Am�ricain moyen qui avait trouv� normale l�intervention muscl�e de 1986 qui avait co�t� la vie � l��poque � sa fille adoptive, A�cha. L�affaire Lockerbie (attentat contre un avion de la Pan Am en 1988 qui s��crasa dans cette ville d�Ecosse) a encore assombri l�image du leader libyen qui n�a pas arr�t� de clamer son innocence et de rendre l�Iran responsable de cet acte. Apr�s avoir re�u des assurances am�ricaines, il a d�cid� de livrer ses deux ressortissants et de ne plus �voquer les tentatives de fabriquer du nucl�aire, volontairement arr�t� pour satisfaire les Am�ricains. D�s qu�on �voque le nom de la Libye, la r�f�rence au �guide� devient un passage oblig� et la Libye un pays �hostile�, aussi bouillonnant et brouillon que son �pr�sident �. A Tripoli, comme d�ailleurs les autres villes, les Libyens avaient une folle envie de vivre et de s�amuser, loin du discours officiel �nonn� � longueur d��missions insipides et ennuyeuses. Ils n�en avaient que faire des d�clarations politiques sur Lockerbie qui monopolisaient les journaux (tous �tatiques) et les moyens audiovisuels (radio et t�l�vision). D�ailleurs, la grande partie des foyers poss�dent leur parabole et boycottent de fait �el guenfoud� ; c�est ainsi que les Libyens appellent leur t�l�vision qui ne se lasse pas de montrer et de remontrer les images du colonel dans toutes les positions. Aujourd�hui, les choses ont chang�. Ce n�est plus comme durant les premi�res ann�es du coup d�Etat, �poque qui a vu la mise en place des �comit�s r�volutionnaires � qui faisaient la pluie et le mauvais temps dans ce pays, torturaient, massacraient de jeunes �tudiants et enseignants � l�int�rieur m�me des campus universitaires et arrivaient � poursuivre leurs opposants m�me � l��tranger, comme l�ancien ministre des Affaires �trang�res, Khikhia, enlev� au Caire. L�universit� El-Fateh de Tripoli, o� j�ai assur� un enseignement durant une ann�e, a connu des moments tragiques vers les ann�es 1970-1980. Ainsi, vivait ce pays qui cherchait, � travers des unions rat�es, � refaire le monde arabe et africain et � r�aliser en quelque sorte l�illusion unitaire de Nasser ou le discours panafricaniste de Nkrumah. Il se faisait d�ailleurs appeler le roi des rois d�Afrique, moyennant des milliards de dollars alors que son pays connaissait de s�rieux probl�mes sociaux, cons�quence d�une mauvaise redistribution de la rente. Les �folies� du ra�s ne semblent plus s�duire grand monde. Certes, les gens �taient en quelque sorte oblig�s dans cette soci�t� marqu�e par la pr�sence omnipr�sente des services de s�curit� d�assister aux meetings et aux r�unions parce qu�ils connaissent le poids de la police dans l��chiquier politique. M�me Kadhafi semblait d�pass� par les �v�nements, d�autant que de nombreux proches s��taient s�rieusement enrichis et avaient souvent investi � l��tranger, en Italie surtout. Le �guide� peut les attaquer � la t�l�vision, mais il ne peut rien leur arriver, surtout qu�ils constituent d�sormais une force �conomique importante qui influe sur les vraies d�cisions. A Kadhafi, le monopole du discours sur les vertus de la �troisi�me voie universelle� incarn�e par le fameux livre vert, � ses anciens amis, les affaires et le commerce qui, depuis le d�but des ann�es quatre-vingt-dix, caract�risent la soci�t� libyenne. Ainsi, de grands supermarch�s priv�s sont implant�s dans les quartiers hupp�s de la ville de Tripoli comme Gargaresh ou place du 1er Septembre ou la place Verte, des projets de millions de dollars sont r�alis�s par d�anciens apparatchiks. Le commerce parall�le d�tenu par d�anciens responsables conna�t une florissante pouss�e. La bi�re et les boissons alcoolis�es, en principe interdites, ne sont pas absentes du march�. Elles sont la propri�t� de gros bonnets du pouvoir. Une petite vir�e du c�t� de Gargaresh, quartier r�sidentiel, � quelques kilom�tres de la capitale, fournit une id�e de l��conomie libyenne qui est une machine � deux vitesses : l��conomie formelle ouvertement lib�rale depuis 90 et l�espace parall�le qui constitue la v�ritable �conomie de ce pays. Le �socialisme� a permis l�enrichissement de quelques responsables qui ont profit� de leur situation au niveau des sph�res de d�cision pour se construire des fortunes colossales. Et ce sont ces hommes qui, aujourd�hui, critiquent le fonctionnement �socialiste� de la Jamahiriya. Comme en Alg�rie d�ailleurs. Le priv�, encourag� depuis 1990, a d�sormais pignon sur rue, m�me si on continue toujours � chanter les tacharoukiyate (coop�ratives) dans les discours et � la t�l�vision. Les magasins d�Etat perdent de leur attrait et ne proposent souvent que des mati�res alimentaires. Tout un trafic marque ce qu�ils appellent les jam�iyat (coop�ratives de consommation) o� il ne reste que le riz et le sucre, les produits fabriqu�s sous licence comme les t�l�viseurs (Gar Youn�s) ou les r�frig�rateurs par exemple sont le plus normalement du monde vendus � l�ext�rieur � des prix multipli�s par huit, dix. La chert� de la vie et la modicit� des salaires, d�ailleurs, non r�guli�rement vers�s, poussent de nombreux fonctionnaires � utiliser le syst�me D pour vivre correctement. Le march� noir constitue une affaire tr�s juteuse. La lib�ralisation du commerce ext�rieur a permis l�importation de produits alimentaires et de biens de consommation qui sont souvent vendus � des prix �lev�s. Dans les supermarch�s priv�s, on trouve de tout. La nouvelle bourgeoisie n�e � l�ombre du secteur d�Etat peut se permettre des voyages � l��tranger, des produits de luxe et des r�sidences luxueuses dans les plus beaux quartiers de Tripoli ou de Benghazi. Ainsi, les sorties en Italie o� certains apparatchiks poss�dent m�me des h�tels ou d�autres affaires sont fr�quentes. L�Etat libyen est actionnaire dans plusieurs soci�t�s italiennes les sauvant le plus souvent de la faillite. Le gouvernement libyen a de nombreuses parts dans l�entreprise des Agnelli, la soci�t� d�automobiles Fiat. Tripoli offre une image terne et bouillonnante, mais elle cache aussi des charmes que le voyageur discret ne pourrait voir. Des lieux magnifiques comme les villages touristiques de Gargaresh ou de Janzour, � quelques encablures de la capitale, ou � l�int�rieur, marquent le paysage, certes, mal exploit�, mais qui peut constituer un levier �conomique de choix. Mais les familles ais�es pr�f�rent souvent partir du c�t� de Rome ou de Tunis. L�, souvent, les Libyens s��clatent et oublient le quotidien morose de leur cher pays englu� dans les eaux profondes d�un discours st�r�otyp� qui ne s�duit plus les jeunes qui ne parlent souvent que de foot et de sexe. Ainsi va la vie dans ce pays que la d�linquance et la drogue commencent � visiter et que la d�gradation des lieux de sant� et d��ducation rend peu fr�quentable. Tripoli et Benghazi, deux s�urs qui n�arr�tent pas de se bouder, les gens de Benghazi, proches de l��gypte, marqu�s par une certaine aristocratie, m�prisent les Tripolitains, trop rustres � leurs yeux. Aujourd�hui, dans ce pays d�� peine six millions d�habitants, avec une immigration qui d�passe le million, on parle de plus en plus de privatisation des universit�s et des h�pitaux. Ainsi, des �coles priv�es existent et concurrencent s�rieusement les �tablissements publics qui assurent un enseignement inadapt�. Ce qui d�j� produit une soci�t� � deux vitesses : les nantis et les laiss�s-pour-compte qui ne profitent pas de la manne p�troli�re qui est l�unique source de revenus (atteignant ces
derni�res ann�es la quarantaine de milliards de dollars) de ce pays s�rieusement marqu� par les luttes tribales. Ainsi, par exemple, un lieu comme Sebha, peupl� essentiellement de noirs, fonctionne en quelque sorte de mani�re autonome, en dehors de l�Etat. Cette configuration tribale marque le paysage libyen. D�ailleurs, le colonel Kadhafi, en bon man�uvrier, sait bien utiliser cette carte et arrive m�me � �moderniser�, avec l�aval des chefs de tribu, le pays en construisant logements, h�pitaux, des entreprises de sid�rurgie. Apr�s 1969, les premiers logements furent construits, des habitants venus de l�int�rieur pour y habiter se d�plac�rent avec leurs tentes et transform�rent les logements en poulaillers. Kadhafi a apport� � ces populations un certain d�veloppement. C�est vrai que Benghazi et Tripoli ressemblaient � Milan ou � Rome avant le renversement du roi Idriss, mais la grande majorit� des Libyens vivaient dans la mis�re. Kadhafi a tent� de mettre en place une industrie lourde comme le complexe sid�rurgique de Mesrata. Mais ces derni�res ann�es, sous la pression des nouveaux riches et de la conjoncture �conomique internationale, les autorit�s libyennes ont �t� amen�es � chercher � encourager le priv� et � �voquer publiquement la mise en �uvre d�une op�ration de privatisation. Les faiblesses structurelles de l��conomie rendaient toute politique de repl�trage fragile ; c�est ce qui poussait des �conomistes du s�rail � inciter le pouvoir � revoir carr�ment sa copie, sans tenir compte des �le�ons� contenues dans le Livre Vert. Les choses ne semblaient pas s�am�liorer, m�me si le projet que tenait � c�ur le �guide� vient de se r�aliser, le fleuve artificiel qui a co�t� des milliards de dollars et qui a suscit� une grande pol�mique en Libye. Certains pr�f�raient plut�t l�installation d�usines et de stations de dessalement. Ce fleuve a failli �tre � l�origine de l�annulation d�une visite de Chadli � Tripoli suite � un d�saccord sur le �pompage� de l�eau alg�rienne par les Libyens. C�est vrai qu�en Libye, l�eau manque tragiquement, les canalisations ne sont pas souvent op�rationnelles. On continue encore � acheter l�eau dans certaines cit�s de Tripoli aliment�e par camions-citernes. Le Libyen, qui voit impuissant les prix s�envoler et les salaires stagner, ne peut pas se passer de football. Ce n�est d�ailleurs pas pour rien que les deux fils de Kadhafi, Mohamed et Saadi, dirigent les deux clubs de la capitale, El-Ahly et Al-Ittihad. Les matches de foot � Tripoli constituent de grands d�fouloirs, de grandes f�tes qui finissent parfois tragiquement comme lors du derby El-Ahly-El-Ittihad qui a vu la mort par balles d�une vingtaine de supporters. Ou en 1989, quand Kadhafi a d�cid� de ne pas jouer le match retour contre l�Alg�rie, offrant ainsi un cadeau � notre �quipe nationale, ce qui a valu des �meutes et une dizaine de morts. Le foot est une v�ritable drogue. D�ailleurs, ces deux enfants g�t�s du za�m n�ont-ils pas invit� le Milan AC et l�Inter de Milan � jouer une mi-temps chacun contre une s�lection de la capitale pour une bagatelle de 10 millions de dollars ? Les enfants du colonel se comportent comme des potentats, m�me s�ils donnent une image diff�rente du p�re. En Libye, Saadi, ce technocrate � l�occidentale, �tait consid�r� comme l��ventuel successeur de son p�re, avant de se voir supplanter par son fr�re, Seif el-Islam. Kadhafi a, jusque- l�, su g�rer les diff�rentes crises qui ont secou� son pouvoir, corrompant les uns, d�gommant les autres et invitant des personnalit�s �trang�res qui, contre monnaie sonnante et tr�buchante, chantent les vertus de Kadhafi. Ben Bella, Blair, Qardhaoui, Sarkozy et bien d�autres entretenaient d�excellentes relations avec lui. Il appelait l�ambassadeur fran�ais � Tripoli, �mon fils�. Quelque peu assagi, il a cess� d�aider les �mouvements de lib�ration� comme l�IRA par exemple, mais a cherch� apr�s les diff�rentes unions avort�es et les d�senchantements successifs, � ouvrir son pays � l�Occident. D�ailleurs, ce n�est pas pour rien que depuis 1996, les Am�ricains avaient commenc� � assouplir quelque peu leurs relations avec ce pays et � encourager discr�tement leurs hommes d�affaires � se d�placer � Tripoli. Les choses ne sont plus comme avant, la contestation a commenc� � gagner depuis la fin des ann�es 1990 certaines couches de la population, qui exprimaient parfois ouvertement leur ras-le-bol. M�me Kadhafi, paradoxalement, n�arr�tait pas de brosser un tableau noir de la situation �conomique et sociale. Ainsi, les ann�es 1990 ont �t� caract�ris�es par la mise � l��cart de son ancien ami Abdesslem Jalloud, en r�sidence surveill�e, une tentative de coup d�Etat et de nombreux conflits arm�s entre militants islamistes et forces de l�ordre. Mais tout cela n�a pas att�nu� sa haine pour les monarchies autocratiques et dictatoriales du Golfe, chose qu�il partageait avec Boumediene. Kadhafi a su, avant cette crise majeure, d�samorcer les crises secouant son r�gime. Il changeait constamment d��quipe gouvernementale et de hi�rarchie militaire. Les ministres, � l�exception de Khouildi Hamidi et de Abou Bakr Youn�s, ministre de la D�fense, ne sont jamais appel�s par leur nom � la t�l�vision et dans la presse �crite, pauvre et insipide : El-Jamahirya, Ezzahf el- Akhdar (la marche verte). Mais ces derniers temps, Kadhafi a enfin r�ussi � s�duire Washington et Paris, apr�s de grandes concessions � propos du nucl�aire et le r�glement de l�affaire des infirmi�res bulgares. Comme un cheveu dans la soupe. Il sait, lui qui aurait toujours cru dur comme fer que Shakespeare est �Cheikh Zoubir� (que son nom d�coulerait de Cheikh Zoubir), que les temps pressent et qu�il faille placer le fils comme h�ritier. Il pensait que l�Europe et les Etats-Unis �taient dans la poche et que les choses ne risquaient pas de changer, mais le vent du changement et les jeux des int�r�ts �occidentaux� en ont d�cid� autrement. Il est pris en otage, enferm� et isol�, � tel point que ses petites t�l�visions ne pouvaient rivaliser avec l�armada m�diatique �occidentale� mobilis�e contre lui, ne lui laissant aucune chance et donnant � voir et � entendre l�unique voix de l��Occident� qui voudrait en finir d�finitivement avec lui, mais les choses sont tr�s complexes dans un pays o� le bruit des tribus et des rivalit�s intertribales est assourdissant � tel point que se pose s�rieusement la question de savoir si ces �v�nements sont spontan�s ou le produit d�une strat�gie sous-tendue par des int�r�ts g�ostrat�giques, neutralisant en quelque sorte les changements d�mocratiques pouvant intervenir en Tunisie et en �gypte. Ce qui se passe en Libye pourrait avoir des cons�quences n�fastes sur la stabilit� de toute la r�gion. Les armes circulent d�sormais tr�s librement dans cette guerre civile qui risquerait de d�stabiliser les soci�t�s du Maghreb et de l��gypte au cas o� les choses n�iraient pas vers un r�glement politique de la crise.


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