De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari En Libye, l�Europe s�en va et l�Otan prend sa place. Le sommet des chefs d�Etat et de gouvernement de l�Union europ�enne a act� cette v�rit�. Plusieurs pays, membres, pourtant, de droit et de fait du club des 27, c�est-�-dire l�Union europ�enne, ont dit leur �d�sapprobation�, leurs �inqui�tudes� et m�me, pour certains (Allemagne, notamment) leur �d�saccord �. L�enjeu d�avant-hier et d�hier de Bruxelles �tait de taille, historique. Les d�cideurs de l�Union devaient avaler une grosse couleuvre venue des USA. Passer le relais de l'intervention coalis�e en Libye � l�Otan, exit le Royaume- Uni, la France et tutti quanti. C�est � l�Alliance, et � elle seule, que reviendra la mission d�appliquer la r�solution 1973 des Nations- Unies permettant l'usage de la force contre El Gueddafi. L�Otan, dont le principal si�ge est � Bruxelles comme ceux de toutes les institutions europ�ennes, s�affairera, � partir de lundi (au plus tard mardi), � commander en Tripolitaine et en Cyr�na�que. On est loin, tr�s loin, des �populations civiles � sauver�, des �droits de l�homme et du peuple libyens��. On n�a pas �voqu�, lors de ce conclave, l�insurrection contre El Gueddafi, l�avenir de la Libye, avec ou sans Mouammar. Contrairement aux premiers jours de l�exp�dition punitive contre Tripoli, la voix de la France s�est, cette fois, faite discr�te, toussotante. Paris a eu la d�faite politique modeste. On ne discute pas, pas m�me en Union europ�enne, les ordres de Washington. Et ces derniers sont clairs comme l�eau de roche. C�est un trait� de Washington, pr�cis�ment, c�est-�-dire l�Otan, en anglais NATO, d�entrer en guerre contre la Libye. Sarkozy et Alain Jupp�, dont le caquet a �t� rabaiss� lors de ce sommet, pourront toujours d�clarer et tenter de vendre l�impossible, l�ubuesque. Faire croire qu�il y a des connexions entre la direction politique des op�rations et l�engagement dit technique de l�Otan, c�est naturellement faux. L�Otan ne fait pas dans le technique, il fait dans le militaire. Depuis les Balkans et, dor�navant, la Libye, c�est du militaro-politique. Le sommet des chefs d�Etat et de gouvernement a eu � parler du Portugal � ce n�est pas reluisant, loin s�en faut � et des autres crises majeures financi�res qui s�annoncent dans d�autres cieux europ�ens. Dans celui de l�Espagne, d�habitude si bleu, si limpide, si m�diterran�en. S�il fallait une preuve, une autre, que l�Europe de la d�fense et de la diplomatie communes �tait une chim�re, la trag�die libyenne le rappelle, h�las, de fa�on cinglante. Sans appel.