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A FONDS PERDUS
Un capital sans morale
Publié dans Le Soir d'Algérie le 29 - 03 - 2011


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Sur le plan id�ologique, �la cause sociale� semble avoir �t� largement d�faite par l��chec du socialisme sovi�tique et la derni�re grande arnaque intellectuelle du capital contre le travail, est pour une large part, d�ordre intellectuel. L�extr�me sp�cialisation et son malheureux corollaire, l��miettement du savoir, ont, pour l�essentiel, largement �d�shumanis� l��conomie.
Pire, avec les n�olib�raux, cette discipline a fini par incarner un croc de boucher sur lequel pendent des int�r�ts populaires vaincus et sans d�fense. Tout n�est cependant jamais irr�m�diablement perdu. Une �uvre de refondation est entreprise depuis peu. Elle est exprim�e avec brio dans une toute r�cente contribution de valeur des professeurs am�ricains Robert J. et Virginia M. Shiller, auteurs d�un appel � abandonner la science �conomique pointue et sp�cialis�e telle qu�elle s�est d�velopp�e au cours des derni�res d�cennies. Comme alternative, il pr�conise de revenir � une �conomie politique � vision large et multidisciplinaire(*). Reprenant � leur compte le livre r�f�rence de Robert Heilbroner, paru pour la premi�re fois en 1953, et sans cesse r��dit�, sous le titre The Worldly Philosophers : The Lives, Times And Ideas Of The Great Economic Thinkers (Les philosophes mondains influents : la vie, l��poque et les id�es des grands penseurs de l��conomie), ils soulignent l�expression de �philosophes mondains � en raison de l'ampleur et la profondeur morale, d�sormais largement perdue, des �conomistes. Aux yeux des auteurs de l�appel, la profession a sensiblement perdu de vue l'id�alisme qui l�habitait depuis des d�cennies, sous sa �forte impulsion � poursuivre une sp�cialisation �troite afin de relancer la recherche�. Sa cr�dibilit� se trouve entam�e depuis son incapacit� av�r�e � voir venir et pr�venir la plus grande crise financi�re du si�cle qui a d�but� en 2007 et qui se poursuit encore aujourd'hui. D�connect�s de la r�alit�, enferm�s dans leurs tours d�ivoire, ceux qui sont r�duits d�sormais � des ing�nieurs des montages financiers n�ont plus rien � voir avec les pr�curseurs et des fondateurs de la discipline (dont Adam Smith, Karl Marx, Henry George, John Maynard Keynes, Thomas Malthus, Marshall Alfred, et John Stuart Mill), �troitement associ�s aux d�bats intellectuels de leur temps, et aux questions de politique publique pr�sentant de l'int�r�t � am�liorer la vie de leurs concitoyens. L�ambition nouvelle est ainsi affich�e : �Le v�ritable imp�ratif pour les chercheurs est de redoubler d�efforts pour encourager les f�condations crois�es et une pens�e au spectre large, guid�es par l�objectif moral g�n�ral d�am�liorer le bien-�tre de l�Homme.� Le p�re fondateur, Adam Smith, a �t� un professeur, pas d'�conomie mais de philosophie et de morale, et son �uvre La Th�orie des sentiments moraux, publi�e en 1759, �tait un m�lange de philosophie, de psychologie et d'�conomie. C�est sur ce fondement qu�il a ensuite �crit sa Richesse des Nationsen 1776, livre par lequel il a jet� les fondements de l'�conomie moderne. John Maynard Keynes a, lui aussi, �crit un ouvrage philosophique A Treatise on Probability (Un Trait� sur la probabilit�, 1921) sur les fondements profonds de la th�orie des probabilit�s. Il doute que nous devrions m�me penser en termes de probabilit�s : �Certaines fr�quences statistiques sont, dans des limites plus ou moins larges, stables. Mais les fr�quences stables ne sont pas tr�s courantes.� Ce qui l'am�ne � penser les probabilit�s comme des �degr�s de croyance�, et donc comme des ph�nom�nes psychologiques, � rejeter nombre de mod�lisations de probabilit� �conomique, et � formuler le concept �d'esprits animaux� comme une force dans l'�conomie. Les nouveaux mod�les �conom�triques, probabilit�s et autres d�rivatifs de la sp�cialisation �troite ne pouvaient offrir un champ de vision suffisamment large pour saisir �la psychologie humaine, la formation des �v�nements historiques et les changements institutionnels �. �Une tendance � long terme vers la rigueur scientifique et la sp�cialisation croissante� se fait par ailleurs jour depuis la fin du 19e si�cle, p�riode o� naquit la tension entre la �vieille �cole�, tr�s philosophique, qui a utilis� une �m�thode historique et comparative �, et la �nouvelle �cole� dont les adeptes ont tendance � �tre plus jeunes. La m�me observation vaut pour notre �poque. L'accent que met l'�conomie moderne sur la repr�sentation par l'homme du comportement �conomique en termes de maximisation de fonctions d'utilit� face � des contraintes consacre le succ�s d�une vision plus large, plus humaniste, des processus �conomiques. En pla�ant les hommes et leurs motivations au c�ur de la th�orie �conomique, il a �t� encourag� le d�veloppement de l'�conomie sociale, qui a donn� une meilleure connotation morale � l�analyse �conomique. �A la fin du XXe si�cle, les nouveaux �nonc�s autour d�une th�orie rationnelle des anticipations ou l'hypoth�se de march�s efficients ont �t� port�s aux nues par leurs adeptes�. John F. Muth, l'inventeur, en 1961, de la notion d'anticipations rationnelles, exprima pendant des d�cennies ses pr�occupations au sujet de l'�troitesse des tendances relatives � son concept. Dans sa septi�me et derni�re �dition de The Worldly Philosophers, parue en 1999, Robert Heilbroner inclut un nouveau chapitre intitul� �La fin de la philosophie mat�rialiste ?� Il y exprime sa crainte de l�int�r�t croissant qui s�exprime pour l'�conomie comme une �science�, comparable � la physique ou � la biologie. Doutant du succ�s de l�entreprise, il prend � son compte l�avertissement d�Alfred Marshall et son rejet du rapport de l��conomie aux sciences exactes, ou dures, et � physique, car �elle traite de l'�volution constante et des forces subtiles de la nature humaine �. S�ensuit une belle plaidoirie pour �l'�conomie comme science morale�, rattach�e � des �syst�mes de valeur� et disposant d�une composante �thique, au moins implicite. Ce qui exige des �conomistes des connaissances plus larges relatives � l'histoire, � la psychologie et aux sciences sociales, en plus des comp�tences math�matiques et techniques ; la finalit� �tant de cerner au plus pr�s �l'interd�pendance des personnes et leurs r�actions �motionnelles, ainsi que leurs motivations�. Une initiative m�rite d��tre inscrite � l�actif de cet effort : la cr�ation en 1987 du Journal of Economic Perspectives. Dans son premier num�ro, Joseph Stiglitz, Carl Shapiro et Timothy Taylor d�plorent que �les sp�cialistes parlent plus facilement � d'autres sp�cialistes�. Le choix de leur titre pour la Revue n�est pas innocent ; il ambitionne de relier �deux aspects centraux de sa mission: offrir un �ventail de perspectives sur l'�conomie et montrer comment un point de vue �conomique peut aider � comprendre la soci�t� et certains de ses probl�mes�. Comme par pr�monition, des articles de ce p�riodique datant du printemps 2005 s'inqui�taient d�j� des probl�mes syst�miques pos�s par Fannie Mae et Freddie Mac, alors qu�� l�automne de la m�me ann�e, il a �t� pr�sent� une th�orie cognitive des bulles sp�culatives en �conomie exp�rimentale. Deux auteurs, �galement am�ricains, embo�tent le pas dans une r�flexion de la m�me veine(**). �Les id�es (qualifi�es de �zombies �conomiques�) qui fondent la th�orie de march�s efficients et les nouvelles r�gles de l��conomie � que le march� arrive toujours au juste prix, que les bulles ne peuvent pas exister, que le capitalisme naturel produit le plein emploi, que la r�glementation et les d�penses publiques sont presque toujours inefficaces et inutiles � doivent �tre cat�goriquement rejet�es parce qu'elles ne sont pas vraies et ne fonctionnent pas.� M�me � gauche, l�Am�rique continue d��clairer le monde.
A. B.
(*) Robert J. Shiller and Virginia M. Shiller, Economistes as Wordly Philosophers, Cowles Foundation Discussion Paper n�1788, Cowles Foundation for Research in Economics, Yale University, March 2011.
On peut consulter l�int�gralit� de l�article sur http://cowles.econ.yale.edu/
(**) Ruy Teixeira and John Halpin, The Origins and Evolution of Progressive Economics, Part Seven of the Progressive Tradition Series, March 2011. On peut consulter le texte complet sur: www.americanprogress.org


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