Dans une r�cente d�claration � la Cha�ne III de l�ENRS qui a �t� relay�e par la presse nationale, M. Abdelaziz Belkhadem, secr�taire g�n�ral du FLN, a commis ce qui peut �tre consid�r� comme un blasph�me par rapport aux valeurs et aux principes du parti historique qu�il est cens� diriger. Abordant l�hypoth�se d�une �volution du syst�me politique alg�rien vers le r�gime parlementaire, M. Abdelaziz Belkhadem a estim� qu'une telle perspective exigeait, au pr�alable, une culture d�mocratique dont le peuple alg�rien serait, � l�en croire, d�muni. Pour enfoncer le clou, le secr�taire g�n�ral du FLN s�interroge, d�ailleurs, si �l��lecteur alg�rien votait pour un programme ou pour des personnes selon des consid�rations tribales ou r�gionales�. Cette d�claration de l�actuel secr�taire g�n�ral du FLN appelle de nombreuses remarques dict�es, autant par la morale que par la raison. Soulignons, en premier lieu, que cette notion d�incapacit� politique du peuple alg�rien nous renvoie au leitmotiv de la politique coloniale qui a toujours d�fendu l�id�e selon laquelle les Alg�riens, appel�s d�ailleurs �indig�nes�, �taient des citoyens de seconde zone. Pour m�moire, le r�gime colonial avait institu� deux coll�ges �lectoraux, le premier coll�ge ouvert aux citoyens de plein droit, parmi lesquels les Alg�riens naturalis�s, et le second coll�ge, ouvert au reste du peuple alg�rien. Soulignons, en second lieu, que le Front de lib�ration nationale avait, express�ment, signifi�, d�s la proclamation du 1er Novembre 1954 que le destin de l�Alg�rie �tait entre les mains non pas d�une �lite, de quelque qualit� qu�elle soit, mais de l�ensemble du peuple alg�rien. Toutes les �tapes marquantes de la R�volution ont �t� le r�sultat, ainsi, de l�engagement lucide, conscient et r�solu de tout le peuple alg�rien, toutes composantes confondues, pas d�une cat�gorie particuli�re d�Alg�riens. Ce n�est pas sans raison que le slogan de la R�volution alg�rienne fut tr�s justement �Par le peuple et pour le peuple�. Il est choquant que le FLN, le parti qui a conduit le pays � l�ind�pendance nationale, en vienne, aujourd�hui, � proclamer que le peuple alg�rien n�est pas suffisamment conscient pour acc�der � l��ge d�mocratique. Soulignons, en troisi�me lieu, que l�Alg�rie s�enorgueillit, � juste titre, de l�effort colossal que l�Etat a consenti pour l��limination de l�analphab�tisme au sein de la population, parall�lement � l��uvre gigantesque de d�mocratisation de l�enseignement entreprise depuis l�ind�pendance. Que ne se rappelle- t-il, M. Abdelaziz Belkhadem, que le combat contre l�analphab�tisme est permanent, que des millions d�Alg�riens �tudient chaque jour dans les �tablissements scolaires sans compter LE UN MILLION DEUX CENT MILLE �tudiants dans les universit�s et les instituts. Une preuve �clatante du niveau d�instruction du peuple alg�rien, si tant est que cela est une condition pour l�acc�s � l��ge de la maturit� politique. Soulignons, en quatri�me lieu, enfin, que le peuple alg�rien, sous la direction du FLN, a toujours d�montr� une maturit� exemplaire � chaque fois qu'il lui a �t� demand� de faire un choix fondamental ; � commencer par le r�f�rendum de juillet 1962, qui s'est sold� par le recouvrement de l'ind�pendance nationale, jusqu'aux grandes discussions totalement libres et d�mocratiques organis�es � deux reprises autour des grands axes de la charte nationale et qui ont �t� marqu�es par l'extraordinaire degr� de conscience politique des masses populaires. A l��vidence, M. Abdelaziz Belkhadem qui a d�j� ouvert la voie au sein du FLN aux d�tenteurs de fortune et autres responsables coopt�s par effraction, veut-il scier l�arbre sur lequel le FLN repose, c'est-�-dire les valeurs de justice et d��galit� auxquelles le peuple alg�rien s�est toujours identifi�. Cette d�claration, en r�alit�, n�est pas pour �tonner ceux qui observent le cheminement insidieux de M. Abdelaziz Belkhadem � la t�te du FLN. Comment un dirigeant qui n��tant pas convaincu de la n�cessit� du fonctionnement d�mocratique des instances du parti fait �lire les bureaux des mouhafadhate dans la clandestinit�, pourrait-il accepter le fonctionnement d�mocratique du pays tout entier ? Il se confirme que M. Abdelaziz Belkhadem ne saurait continuer se pr�valoir de la l�gitimit� qu�il croit d�tenir en sa qualit� de secr�taire g�n�ral du FLN. Il suffit, en effet, de fr�quenter la base du FLN dans toutes les kasmate, � travers le pays, pour se persuader qu�il n�a entre les mains qu�un FLN virtuel, le FLN historique dans lequel se reconnaissent les militants authentiques lui �chappant totalement. De ce fait, ces militants regroup�s en majorit� dans le mouvement du redressement et de l'authenticit� du FLN se consid�rent comme partie prenante dans tout dialogue et d�bats futurs initi�s par Son Excellence le pr�sident de la R�publique.