�Le pluralisme et la d�mocratie en Alg�rie devraient �tre hiss�s au m�me niveau que celui des pays d�velopp�s.� Cette phrase, slogan g�n�rique et idyllique port� par le courant d�mocratique depuis des d�cades, n�est pas l��uvre d�un leader de l�opposition mais celle d�Ahmed Ouyahia en personne. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - �Nous sommes convaincus qu�il est bien temps pour l�Alg�rie d�accomplir le processus d��dification d�une d�mocratie r�elle, et qui a �t� interrompu par la trag�die nationale des ann�es 1990�, a estim� encore le secr�taire g�n�ral du Rassemblement national d�mocratique (RND), � l�issue de sa rencontre avec la commission Bensalah, jeudi dernier � la pr�sidence de la R�publique. Il faut dire que le passage d�Ouyahia devant la commission Bensalah �tait le plus attendu de tous, et pour cause : Premier ministre en exercice, l�homme, d�j� tr�s influent dans les cercles du pouvoir, prend une dimension �crasante depuis le remaniement gouvernemental de fin mai 2010. Depuis lors, en effet, il s�est d�finitivement lib�r� de l�emprise des puissants hommes du pr�sident qui d�tenaient la r�alit� du pouvoir pendant une d�cennie. Le cercle pr�sidentiel sera ainsi compl�tement lamin� avec l��limination de Chakib Khelil et la neutralisation de Temmar et de Zerhouni, rel�gu�s � des r�les symboliques au sein d�un gouvernement enti�rement domin� par Ouyahia. Abdelaziz Bouteflika �tant � c�est de notori�t� publique � fortement diminu� par sa maladie, c�est Ouyahia qui, dans les faits, exerce le pouvoir. Du moins, de tr�s larges pr�rogatives, jadis apanage du seul Bouteflika qui les monopolisait du reste de mani�re excessive, lui ont �t� d�l�gu�es. Y compris en mati�re des affaires �trang�res. D�o� l�assurance et la tonalit� de son discours, lors de sa derni�re conf�rence de presse par exemple. Il est �galement utile de rappeler que c��tait Ahmed Ouyahia qui avait �t� charg� de r�diger le rapport final ayant sanctionn� les quatre r�unions secr�tes qu�avait pr�sid�es Bouteflika en mars dernier avec les cinq plus hauts responsables des institutions de l�Etat. Un rapport d�o� sont inspir�es toutes les r�formes politiques annonc�es par Bouteflika dans son discours du 15 avril dernier. �Un r�gime semi-pr�sidentiel et un gouvernement comptable de son programme� C�est dire que, sous r�serve de quelques d�tails de pure forme, le m�morandum remis par Ouyahia � Bensalah jeudi dernier n�est, en r�alit�, que �ce qui se passera�. Dans le fond comme dans la forme. �A cette occasion, dira Ouyahia dans sa d�claration � la presse, le parti a exprim� son soutien � la d�marche pr�n�e par le chef de l�Etat, notamment pour entamer ce processus par les r�visions de lois, de sorte que les prochaines �lections l�gislatives se d�roulent sous leur effet.� Ceci alors que la majorit� des partis et parties convi�s jusque-l� par la commission Bensalah, le MSP de Aboudjerra Soltani compris, proposent d�inverser le calendrier de ces r�formes. Pour entamer la r�vision constitutionnelle, d�abord, et encha�ner par la r�vision des lois, ensuite. �Il importe de soumettre � la prochaine assembl�e nationale le projet de r�vision constitutionnelle pour le mettre � l�abri des surench�res de la campagne �lectorale des l�gislatives.� Ahmed Ouyahia ajoutera une pr�cision de taille, au sujet de la r�vision constitutionnelle. �Le parti est d�avis, soutient le patron du RND, que la r�vision constitutionnelle devra �tre soumise � un r�f�rendum populaire une fois son texte vot� par le Parlement.� S�agissant du contenu de la prochaine r�vision constitutionnelle, le RND d�Ahmed Ouyahia plaide, sans surprise, pour �le maintien milit� du r�gime semi-pr�sidentiel�. Un choix motiv� par le souci d���viter au pays des blocages institutionnels�, risque encouru dans un syst�me parlementaire r�clam� par de nombreux invit�s de Bensalah, dont le MSP. Sans surprise �galement, Ouyahia plaide pour la limitation des mandats pr�sidentiels � deux. Et toujours au chapitre traitant du pouvoir ex�cutif, Ouyahia propose que le Premier ministre soit issu du parti majoritaire �ou qui dispose du plus grand nombre de si�ges� au Parlement. Mais, surtout, � ce que le gouvernement �soit comptable de son programme� devant le Parlement. Autrement dit, un vrai gouvernement dot� d�un programme propre et non pas un simple cabinet charg� d�appliquer le programme du pr�sident comme c�est le cas en Alg�rie depuis 2008. Le r�le du Parlement est appel� lui aussi � �tre r�habilit�. A l�image du syst�me politique fran�ais de la VIe R�publique, Ouyahia propose �l�institution d�une s�ance hebdomadaire au niveau de l�Assembl�e d�di�e au contr�le du gouvernement � laquelle le Premier ministre est tenu de prendre part�. De m�me qu�une �session parlementaire unique de 10 mois� et �un Conseil de la nation ayant le droit d�amender des projets de lois�. L�actuel chef de l�ex�cutif plaide �galement pour �la promotion du r�le de l�opposition au sein du Parlement. En r�servant une s�ance mensuelle consacr�e � l�examen d�un ordre du jour propos� par les groupe parlementaires de l�opposition et en instituant le droit pour un cinqui�me des d�put�s, de saisir le Conseil constitutionnel sur un projet de loi vot� par la majorit�. �Ouverture de l�audiovisuel � l�investissement priv� et � l�opposition� Apr�s avoir r�cemment d�menti l�existence de tout projet visant la r�habilitation de l�ex FIS, en tant que Premier ministre, Ouyahia revient � la charge en sa qualit� de patron du RND. Ainsi, dans le chapitre r�serv� aux propositions du parti concernant la prochaine r�vision de la loi sur les partis, l�on citera celle �d�ins�rer une disposition provenant de la charte pour la r�conciliation nationale et interdisant la cr�ation d�un parti politique par des personnes ayant particip� � des actions terroristes ou qui refusent de reconna�tre leur responsabilit� dans la conception et la mise en �uvre d�un pseudo djihad contre la nation et les institutions de la R�publique�. Ceci �tant, ce qui suit, dans la sortie d�Ouyahia de ce jeudi, marque davantage la d�marcation d�avec Abdelaziz Bouteflika. Pour Ouyahia, il y a lieu �de pr�ciser qu�en l�absence d�un rejet formel par le minist�re de l�Int�rieur, tout dossier d�agr�ment (de partis politiques ndlr), sera consid�r� l�galement reconnu 60 jours apr�s son d�p�t, l�agr�ment �tant ainsi formellement d�livr� par le juge administratif�. Bouteflika, pour rappel, bloque une quarantaine de demandes dans ce sens, et sans raison valable pour la plupart des cas ! La d�marcation est aussi notable s�agissant de la loi �lectorale. Entre autres propositions avanc�es par Ouyahia, on peut citer celle �d��tablir le droit des partis appelant � un vote n�gatif lors d�un r�f�rendum, � b�n�ficier des salles pour leurs meetings et du temps d�antenne sur les m�dias audiovisuels�. Ou encore �de rendre obligatoire le recours aux observateurs internationaux lors des �lections pr�sidentielles et l�gislatives�. Quant au domaine de l�information, de la presse et des m�dias en g�n�ral, Ouyahia propose carr�ment le contraire de tout ce qu�a fait Bouteflika depuis 1999 ! Le Premier ministre propose ainsi, s�agissant de l�audiovisuel, �de garantir un droit d�acc�s des partis de l�opposition aux programmes des cha�nes de t�l�vision et de radio nationales et locales. L�opposition doit s�exprimer en permanence � travers l�audiovisuel public et donner son point de vue sur toute l�actualit� nationale�. Cela, avant de bousculer le plus grand tabou sous Bouteflika. Et quel tabou : �Ouvrir au capital priv� national la cr�ation de nouvelles cha�nes de t�l�vision et de radio, en encadrant cela transitoirement avec une participation majoritaire du capital public, et de mani�re permanente par un cahier des charges prot�geant les composantes de notre personnalit� nationale, la morale et l�ordre public.� Ouyahia se prononce �galement pour la r�habilitation des instances de r�gulation avec �la remise sur pied du Conseil sup�rieur de l�information qui aura la responsabilit� de toutes les questions concernant la presse, y compris la d�livrance de la carte professionnelle et la garantie du respect de l��thique (et) la mise sur pied d�un Conseil sup�rieur de l�audiovisuel qui aura la responsabilit� de r�guler l��galit� d�acc�s de tous les partis agr��s � la t�l�vision et � la radio�. Ouyahia plaide, enfin, pour une d�p�nalisation d�finitive des d�lits de presse. Avec de telles instances de r�gulation, c�est tout simplement le minist�re de la Communication qui dispara�tra. Et, surtout, le pouvoir n�aura plus le contr�le du secteur..