La col�re des citoyens monte. Fonctionnaires et ouvriers ne peuvent retirer leurs maigres salaires pour se nourrir, se d�placer et se soigner. Pour vivre. La situation devient impossible. Irane Belkhedim - Alger (Le Soir) - Hier samedi, les guichets des bureaux de poste ont �t� pris d�assaut. Bousculade et queues interminables au niveau des guichets. Les citoyens qui esp�raient pouvoir enfin toucher leurs salaires ont �t� vite d��us. La plupart des bureaux de poste ont poursuivi la gr�ve, certains ont repris leurs activit�s avant de les suspendre quelques heures plus tard. O� sont nos droits ? �Je veux mes droits ! Je ne partirai pas d�ici tant que je ne les aurai pas eus. Je ne qu�mande pas quand m�me, c�est mon argent !� s��crie Akli, en tapant de ses grosses mains sur le comptoir en marbre de la poste de Hassiba- Ben Bouali. Ses cris de d�tresse r�sonnent dans les couloirs, sans que personne veuille lui r�pondre. Ce retrait� s�est d�plac� de Boumerd�s jusqu�� Alger, esp�rant trouver une poste pour retirer sa maigre pension et subvenir aux besoins de sa famille. Il a fait tous les bureaux de poste se trouvant sur son chemin, aucune n�assurait le service minimum. �Elles sont toutes en gr�ve ! Je suis sorti � 9h du matin, ce n�est pas possible, comment faire ? Un ami m�a pr�t� 1 000 DA, regardez ils sont l�, je ne peux plus tenir�, dit-il, en exhibant un billet d�argent. Fatigu� par sa course, le vieillard, encore coriace, raconte que vendredi, sa fillette, qui a r�ussi son examen de sixi�me, �tait venue r�clamer son cadeau tant promis. �Je l�ai repouss�e en lui disant que je n�ai pas d�argent ! Je ne pouvais faire autrement�, confie-t-il tristement, en poussant un long soupir. La petite salle grouille de monde. Tous les si�ges sont pris, les clients, la plupart des femmes, attendent d�sesp�r�ment depuis plusieurs heures que les postiers reprennent le travail. Non loin, une autre foule, des fonctionnaires et des ouvriers d�bout bloquent l�entr�e principale, ils attendent eux aussi. Au niveau des guichets, c�est la guerre. Les cris et les interrogations, les citoyens revendiquent le service minimum, des explications, une prise en charge� �Ce n�est pas vrai, ils ont pay� des policiers et puis ils ont tout arr�t�. Pourquoi sont-ils injustes !� pestent des citoyens � l�adresse des guichetiers. Cela s�est pass� sous leurs yeux, ils racontent que des policiers ont pu retirer leurs salaires alors que les postiers refusaient de les faire passer. Pour de plus amples informations, on demande � une employ�e de nous expliquer pourquoi la poste de Hassiba Ben Bouali (Alger) a arr�t� subitement ses activit�s alors qu�elle avait repris ce samedi matin. Difficilement, apr�s insistance, une employ�e pr�cise que tous les autres bureaux de poste sont en gr�ve. �On ne pouvait pas travailler seuls !�, l�che-t-elle, sans nous regarder avant de dispara�tre dans les couloirs. Poste priv�e ou publique ? Aux bureaux de poste de la place du 1er-Mai, les guichets sont vides. Aucune pancarte n�indique que dans cet �tablissement �tatique on est en gr�ve. Pour ne pas r�pondre aux clients qui affluent, les employ�s se sont cach�s dans une autre salle et ont ferm� la porte. Agglutin�s devant le comptoir, des citoyens d�sesp�r�s tentent de se renseigner, mais en vain, personne n�est l� pour les rassurer ou leur parler. Quelques postiers apparaissent furtivement de temps � autre, indiff�rents, ils ne daignent m�me pas r�pondre aux interrogations qui pleuvent. Les citoyens s�impatientent, ils supplient les travailleurs d�assurer un service minimum, de les aider � retirer leur salaire car ils sont condamn�s et ne peuvent rien faire sans argent. Leurs supplications ne trouvent aucun �cho. �Moi, je suis comme vous. Vous me prenez pour qui ? Je ne suis pas le ministre !� hurle un postier en gesticulant. C�est le seul postier qui a daign� r�pondre aux clients qui ont demand� � voir le responsable. Belkacem tente de lui expliquer l�urgence de sa situation, de le convaincre, mais en vain. Le postier est inabordable comme tous les autres avec qui il a essay� de discuter. �Dites-nous, c�est une poste priv�e ou �tatique ! Mais dans tous les pays qui se respectent, il y a un service minimum ! Vous n�allez pas nous condamner. Belkacem et son ami Halim sont sortis t�t le matin, de Bab El Oued, ils ont fait toutes les postes. Hydra, Staou�li, Didouche- Mourad, Bab El Oued, Sidi Fredj, A�n Benian et A�n Naadja, mais sans r�sultat. �On a �t� m�me � la poste de Club-des-Pins. L�acc�s nous a �t� interdit. Bien s�r, c�est une r�sidence d�Etat, nous, c�est le peuple�, l�che-t-il avec ironie. �Comment allons-nous faire nos achats, pour payer nos factures, acheter nos m�dicaments ? On va encore faire des pr�ts ? Ce n�est pas possible�, s�emporte Halim, d�pass�. S�ils disposent de leurs cartes, les clients peuvent retirer quelques billets des distributeurs automatiques.