Cette �uvre vient enrichir le paysage litt�raire de Chlef, l'�v�nement n'est pas pass� inaper�u pour la bonne raison que l'auteur est n� � Chlef en 1943, ville natale du lexicographe Paul Robert en 1910, qui est le cr�ateur du fameux dictionnaire Le Robert. M. Kouadri r�side dans cette ville et consacre le plus clair de son temps � l'�criture et � un projet de recherche sur �les mots partag�s entre les langues indo-europ�ennes et les langues shamito-s�mitiques�, ouvrage � para�tre prochainement. Notons que M. Kouadri Mostefaoui a �t� professeur de fran�ais au lyc�e puis au d�partement de fran�ais de l'universit� de Chlef. Assia Djebar est membre de l'Acad�mie fran�aise et professeur de fran�ais dans une universit� de Louisiane, aux Etats-Unis. L'ouvrage de Kouadri Bouali est une �tude critique de trois romans d'Assia Djebar qui sont r�sum�s en quatri�me de couverture de L�amour, la fantasia : �Etrange guerre... les combattants des deux camps n'auraient-ils cherch� l'affrontement que pour l'entrelacement final ?� Ombre sultane �traite d'une femme �mancip�e qui revient au pays et vit son �chec face aux traditions... Isma abdique et se prend � envier les femmes clo�tr�es�. La femme sans s�pulture, �ce sont deux femmes qui sont �prises d'un Fran�ais : image de l'amour et de son corollaire : la libert�. Dans le fond, l'�uvre aborde des aspects de la romanci�re jusque-l� inconnus. Cette acad�micienne est surtout connue comme la militante du f�minisme, la d�fenderesse des femmes opprim�es, celle qui a combattu pour l'abolition des diff�rences entre les deux sexes. La critique litt�raire l'a si solidement coul�e dans ce parangon, que l'historienne de profession et la personne de chair et de sang qu'est Assia Djebar ont toutes deux �t� oubli�es. L'ouvrage de Kouadri Bouali revient sur cette lacune. M. Kouadri Bouali nous confie : �Mon admiration pour Assia Djebar portait sur sa superbe ma�trise de la langue fran�aise et sur sa mani�re de couler les sensations, des sentiments, des id�es dans des structures, des rythmes et des mots ; autrement dit, son esth�tique. J'ai mis beaucoup de temps � d�couvrir, derri�re la magistrale ciseleuse de narrations, la femme �cartel�e par l'histoire, d�chir�e par l'amour, autant �pouvant�e par ses faiblesses de femme que par le pouvoir des hommes de les assujettir � leur domination. Le temps de mon initiation � Assia Djebar a �t� celui de mon humilit� : j'ai mesur� mon inanit� � concevoir une soci�t� humaine qui tiendrait seulement compte de l'�galit� civile des sexes et qui voudrait ignorer la mythique des d�sirs des femmes, les tensions de leur intelligence, les appels de leur sensibilit�. Au niveau seulement formel de mon exp�rience, les h�ro�nes de Assia Djebar m'ont persuad� que dans leur soup�on de ce que rec�le la femme et qu'elle ne livre jamais en langage clair, un homme est indigent � soi, infirme de sa propre humanit�.� Apr�s un moment, il ajoute : �Pour ce qui concerne sa vision de l'histoire entre les deux rives, enti�rement d�termin�e par l'amour, Djebar nous la livre sous le voile et par une expression cod�e difficile � saisir. C'est le seul moyen pour elle de tromper le censeur et de faire parvenir le message au lecteur alg�rien � une �poque o� une fraternit� entre un Fran�ais et un Alg�rien vous exposait � tous les anath�mes. � Laconisme, silence, suggestions, blancs �loquents, les textes de Djebar sur les rapports entre les deux communaut�s en disent plus par ce qu'ils sugg�rent que par ce qu'ils formulent. Kouadri nous fournit les clefs qui d�cryptent les significations des trois romans majeurs de cette acad�micienne : L�amour, la fantasia, Ombre sultane, La femme sans s�pulture. Il serait int�ressant de voir distribuer cette �uvre, �dit�e par L'Harmattan, par un �diteur de chez nous pour le grand bonheur des lecteurs alg�riens.