Par Abdelmadjid Bouzidi [email protected] Nous avions d�j� eu l�occasion de le souligner : l��conomie turque est sur la voie de l��mergence. Depuis 2002, les performances largement positives sont l� et semblent s�inscrire dans la dur�e : 2002-2006 : 7% de croissance annuelle moyenne, 5% en p�riode de crise financi�re et �conomique mondiale. Les analystes parlent, pour la Turquie, d�un nouveau r�gime de croissance fait d�un mix politique de l�offre/relance de la demande qui donne de bons r�sultats. Une forte acc�l�ration de la productivit� L��conomie turque enregistre depuis le d�but des ann�es 2000 une forte acc�l�ration de la production globale des facteurs : la progression enregistr�e est de 5% par an. Et les gains de productivit� ont �t� particuli�rement �lev�s dans le secteur manufacturier : 7% par an depuis 2002. Les facteurs d�clenchant sont � situer principalement au niveau de l�am�lioration des processus de production : progr�s technique, �conomies d��chelle, rationalisation des proc�d�s de production. L�acc�l�ration de la productivit� provient �galement d�un effort d�investissement en �quipement domestique et �tranger : l�investissement en �quipement repr�sente 19% du PIB (contre 16% en 2000). La mont�e des investissements directs �trangers ( IDE) La bonne tenue de l��conomie turque b�n�ficie aussi d�un apport en capital et en technologie des IDE. Les IDE ont repr�sent� sur la p�riode 3,6% du PIB (contre 0,6% sur la p�riode 1990-2004). C�est le secteur des services qui a le plus attir� les IDE avec 90% du total des IDE et dans les services, le secteur bancaire a re�u 42% des IDE entrants. Le secteur des t�l�communications vient en seconde position avec 38% du total des IDE. Une politique de l�offre efficace Am�lioration de la productivit�, augmentation des investissements en �quipement, augmentation des IDE entrants : toutes ces performances sont dues � une politique de l�offre inscrite dans une s�rie de r�formes structurelles qui ont engag� la Turquie dans un nouveau r�gime de croissance. Le premier volet de ce nouveau r�gime de croissance touche � l�am�lioration du climat des affaires ax� sur l'encouragement de la libre entreprise. Proc�dures pour la cr�ation d�entreprises, fiscalit�, march� du travail : dans tous ces domaines, la Turquie a r�alis� des am�liorations notables. � Le nombre de proc�dures pour la cr�ation d�entreprises a �t� r�duit de 13 � 6, le temps n�cessaire de 38 � 9 jours et le co�t (rapport� au revenu par t�te) de 37% � 27% (ce qui correspond � environ 1000 dollars). � s�agissant de la fiscalit�, des all�gements d�imp�ts ont �t� consentis en faveur de l�entreprise. Il y a d�abord eu la baisse du taux d�imposition sur les soci�t�s de 30% � 20%. Il y a eu aussi - R�duction d�imp�t sur le revenu, exemption de cotisations sociales � la charge de l�employeur comprise entre 80% et 100%, subvention de 20% sur les d�penses d��lectricit�. Dans le domaine du march� du travail, les r�gles relatives � la protection sociale s�appliquent � partir de trente salari�s (et non plus de dix comme auparavant) les r�gles relatives � la dur�e du travail et aux heures suppl�mentaires ont �t� assouplies, les contrats � dur�e d�termin�e ont �t� l�galis�s sans limite de renouvellement. Il en est de m�me pour les contrats � temps partiel qui ont �t� l�galis�s. Une relance de la demande qui consolide la politique de l�offre Du c�t� de la demande, le nouveau r�gime de croissance s�articule aussi bien sur les exportations que sur la demande domestique. Les exportations de biens et services ont augment� entre 2004 et 2010 de 15 points, soit 2,2 points par an. Si l�on en croit l�OCDE, la Turquie a enregistr� durant cette p�riode avec l�Irlande et la R�publique slovaque la plus forte augmentation de parts de march� � l�exportation. Ce sont les exportations de biens d��quipement (automobiles, biens d��quipement m�nagers) qui ont tir� le commerce ext�rieur et qui ont supplant� celles des fili�res textile habillement dont le march� mondial est � forte concurrence et � faible croissance. Les exportations turques ont �t� dynamis�es gr�ce aux progr�s de productivit� des industries manufacturi�res coupl�s � une ma�trise des salaires r�els. Elles ont aussi b�n�fici� de la vigueur de la demande dans les anciens pays d�Europe centrale et orientale (PECO). La consommation domestique en pleine expansion et le cr�dit aux entreprises est facilit� Stationnaire autour de 20% jusqu�� la moiti� des ann�es 2000, le cr�dit bancaire a atteint � la fin de ces m�mes ann�es 2000, 36% du PIB. Deux facteurs ont favoris� cette explosion du cr�dit bancaire : 1/ La r�duction significative des taux d�int�r�t. Les taux d�int�r�t sur les pr�ts aux particuliers ont �t� divis�s par deux en termes r�els et sont pass�s de 20% � 11% pour les pr�ts immobiliers et les pr�ts pour achat d�un v�hicule et de 30% � 18% pour les autres pr�ts. 2/ Le second facteur a �t� la n�cessit� pour les banques de trouver des sources de revenus autres que la d�tention de titres publics. Pour cela, l�Etat a fait passer le rendement en termes r�els des titres publics en dessous des taux de cr�dit � l��conomie. Les banques ont �t� alors oblig�es de red�ployer leur actif. D�s la fin de 2006, 50% des cr�dits � l��conomie �taient des cr�dits aux entreprises et aux m�nages. Et ce sont principalement les m�nages qui ont le plus b�n�fici� de cette facilit� d�acc�s aux cr�dits puisque leur part dans les cr�dits accord�s a tripl� entre 2006 et 2010. Ces cr�dits aux m�nages se r�partissent � peu pr�s � parts �gales entre les cr�dits au logement. Les cartes de cr�dit et les autres cr�dits � la consommation (cr�dit auto, cr�dit �quipement domestique�) Pour leur part, les entreprises sont en situation d�endettement soutenable gr�ce � la baisse des taux d�int�r�ts r�els et l�augmentation de la productivit� par rapport aux salaires r�els. Les pouvoirs publics turcs n�ont pas h�sit� � lancer les r�formes structurelles n�cessaires Avec les politiques de stabilisation macro-�conomiques qui ont �t� maintenues (ma�trise de l�inflation comptes publics sous contr�le), la Turquie a mis en �uvre des r�formes structurelles qui ont transform� le r�gime de croissance de l��conomie. Cette nouvelle politique �conomique s�articule autour de quatre piliers : 1/ La diversification et le renforcement de la base industrielle par le biais de l�investissement 2/ L�am�lioration de la comp�titivit� interne et externe 3/ Un appel aux IDE qui ont afflu� 4/ Des r�formes structurelles en faveur de la libre entreprise. Quatre piliers que l��conomie alg�rienne attend toujours de voir construits ! Un b�mol, toutefois, � ce tableau d�une �conomie en pleine croissance : le secteur informel. Si on ne prend comme indicateur que le seul emploi, l�emploi informel repr�sente d�j� en 2006, 50% de l�emploi total. Cet emploi informel se r�partit comme suit :