L�administration am�ricaine ne semble pas avoir une grande connaissance de l�Alg�rie, pays qui n�est pas r�ellement dans sa zone d�influence. Structure politique, s�curit�, syst�me communautaire, clanisme, r�gionalisme, comportement social� les Am�ricains veulent, toutefois, en apprendre toujours plus. Tarik Hafid - Alger (Le Soir) - �Existe-t-il des groupes ethniques ou religieux capables de manifester (de l�hostilit�) envers les Etats- Unis ?� Voici une des questions auxquelles � d� r�pondre l�ancien charg� d�affaires de l�ambassade des Etats-Unis � Alger au courant du mois de mars 2009, r�v�le un c�ble diplomatique class� secret, publi� par le site Wikileaks au mois de f�vrier dernier. Le questionnaire, �labor� par le d�partement d�Etat quelques semaines apr�s l�attaque de l�arm�e isra�lienne contre la bande de Ghaza, aborde notamment la marche de protestation contre l�ambassade des Etats- Unis � Alger. Il faut dire que les Etats-Unis ne savent pas tout de l�Alg�rie. En fait, l�essentiel de leurs connaissances leur parvient � travers des canaux d�information fran�ais, pays qui ma�trise mieux les �subtilit�s� alg�riennes pour des raisons �videntes li�es � l�histoire. Mais cela n�emp�che pas le d�partement d�Etat et l�ambassade de chercher � en savoir toujours plus. Une curiosit� qui transpara�t clairement dans de nombreux c�bles diplomatiques. Clanisme En 2005, l�ambassadeur Richard Erdman �voque la notion de �clanisme� avec Arslan Chikhaoui. Dans son c�ble, Ardman d�crit l��conomiste comme �un observateur r�fl�chi de la sc�ne locale� tout en n�omettant pas de pr�ciser qu�il est �le neveu par alliance du ministre d�l�gu� � la D�fense�. �Chikhaoui a dit qu'il y avait environ 15 clans majeurs en Alg�rie, des �l�ments qui composent l'�quilibre des forces dans la soci�t� alg�rienne. Les clans jouent un r�le informel mais important dans l'�laboration de d�cisions gouvernementales, l'application des d�cisions, et la s�curisation des faveurs financi�res, l�emploi, des partis et les positions du gouvernement, le logement, et d'autres avantages�, note l�ambassadeur. Selon Chikhaoui, il existe plusieurs types de clans : les clans r�gionaux, les clans fonctionnels et m�me ceux b�tis autour de personnalit�s importantes. �Parmi les quinze clans il y en a deux de Kabylie et un assortiment d'autres provenant d'endroits comme Souk Ahras, Annaba, Batna, Tlemcen, et Tiaret. (�)� Les clans de l'Est sont r�partis entre les diff�rentes villes tandis que le clan de �l'Ouest� a �t� assez unifi� et inclut plusieurs proches collaborateurs du pr�sident Bouteflika. A titre d�exemple, a d�clar� que le ministre Belkhadem �tait du clan de Tiaret, qui est traditionnellement li� � la zaou�a dans la r�gion. Il a ajout� que M. Belkhadem n'a jamais �t� impliqu� dans le c�t� financier d'affaires de relations claniques. Larbi Belkheir, probablement l�individu le plus intelligent en termes de leadership, est rest� proche de l'ancien pr�sident Chadli, avec qui il a travaill� en �troite collaboration dans les ann�es 1980. Apr�s de longues ann�es de service, Benbouzid, le ministre de l'�ducation, avait r�ussi � conserver son portefeuille lors des nombreux changements de gouvernement parce qu'il faisait partie du clan associ� � son beau-fr�re, l'ancien pr�sident Zeroual. Mais � en croire Arslan Chikhaoui, certains clans sont tapis dans l�ombre pour agir contre les actions du pr�sident de la R�publique. �Dans le processus de r�forme, il y a des clans de deuxi�me et de troisi�me rang qui sont ancr�s dans la bureaucratie gouvernementale et qui sont souvent responsables du blocage ou de retarder les efforts de r�forme du Pr�sident Bouteflika.� Jeux politiques On constate �galement que les diplomates am�ricains sont particuli�rement friands d�informations relatives � la situation politique alg�rienne. Le jeu politique �tant loin d��tre transparent, les informations glan�es aupr�s de personnalit�s de diverses tendances ressemblent plus � des �on-dit�. Ces informations, m�me si elles sont parfois contradictoires, sont tout de m�me prises en compte par les services de l�ambassade et du d�partement d�Etat. �Trois observateurs fiables de la politique alg�rienne (Abdesslam Bouchouareb, Amara Benyoun�s et Sma�l Chikhoune) nous ont dit r�cemment que le major g�n�ral Mohamed M�di�ne, le puissant chef du renseignement et des services de s�curit�, travaille � favoriser l'ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia comme le successeur �ventuel du pr�sident Bouteflika. Leurs opinions divergent quant � savoir si Ouyahia va devenir h�ritier de Bouteflika en retournant � la t�te du gouvernement ou en prenant le poste de vice-pr�sident. Ces sources nous disent �galement que Bouteflika et Mediene cherchent � remodeler la politique alg�rienne en deux courants : un conservateur/islamiste dirig� par M. Belkhadem et un second moderniste/nationaliste dirig� par M. Ouyahia�, pr�cise un c�ble secret r�dig� par Thomas F. Daughton, chef de mission de l�ambassade des Etats-Unis � Alger. Le faux-vrai Bouteflika Leur int�r�t se porte �galement sur des sujets qui peuvent para�tre �insolites�. Durant la campagne pour la pr�sidentielle de 2009, l�ambassade a men� des investigations pour d�terminer si Abdelaziz Bouteflika est r�ellement sur� Facebook. La pr�sence de Bouteflika sur ce r�seau social intrigue les Am�ricains car de nombreux internautes sont persuad�s que c�est effectivement lui. �Cher pr�sident, je suis l� pour vous soutenir comme je l�ai fait pour vos premier et second mandats. Mais j'ai besoin de votre aide. J'ai d�pos� ma demande de logement il y a longtemps et je n�ai aucune id�e de quand je vais obtenir une r�ponse. Pouvez-vous aider mon fils et me procurer un logement abordable (�) Un dipl�m� en informatique de 29 ans d�nomm� Idir �crit en demandant au pr�sident comment obtenir ses droits et d�crocher un emploi d�cent sans avoir � payer de pots-de-vin. Des travailleurs du secteur de la construction ont demand� � Bouteflika pour augmenter le salaire minimum, des auteurs demandent de l'aide � prot�ger leurs droits de propri�t� intellectuelle, et d'autres encore demandent � Bouteflika si l'av�nement des centres d'appel en Alg�rie aura un effet positif sur le march� du travail. Dans presque chaque cas, le pr�sident r�pond. Il demande aux mouatinine (citoyens) de ne pas abandonner l'espoir, offrant parfois un point de clarification sur la l�gislation alg�rienne�, souligne un c�ble consacr� exclusivement � ce sujet. Les Am�ricains parviennent finalement � la conclusion que Bouteflika sur Facebook n�est en fait qu�une simple action de communication � but �lectoral. �Bouteflika est un homme qui n�utilise ni ne comprend l'internet et estime que la meilleure fa�on de se connecter avec la population se fait par l'ancienne poign�e de main et le baiser � un b�b�, �crit Thomas F. Daughton. T. H. AIDE AUX VICTIMES DE L�OURAGAN KATRINA Le don discret de l�Alg�rie En ao�t 2006, l�ouragan Katrina d�vastait la Nouvelle-Orl�ans, ville de la c�te-est des Etats-Unis. Quelques semaines plus tard, le gouvernement alg�rien d�cidait de participer, � l�instar de nombreux pays, � la campagne de soutien au profit des victimes de cette catastrophe. L�Alg�rie aurait fait don de la somme de 5 millions de dollars. Mais voil�, le gouvernement aurait exig� que cette contribution financi�re �ne soit pas m�diatis�e ou annonc�e en Alg�rie�. Ce sont les termes utilis�s par l�ex-ambassadeur des Etats-Unis � Alger, Richard Erdman, qui reprend les propos de Ramtane Lamamra, alors secr�taire g�n�ral du minist�re alg�rien des Affaires �trang�res. Le diplomate am�ricain pr�cise, toutefois, que le gouvernement alg�rien n�a pas insist� sur le caract�re confidentiel de cette action, mais juste qu�il ne devait pas �tre connu de l�opinion publique alg�rienne.