De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari Quitter la zone euro ? Il y a quelques semaines poser la question, le simple fait d��voquer l�hypoth�se, de parler de l��ventualit� aurait �t� consid�r� comme de la provocation, de la folie, relevant de l�insens�. Le tabou est d�sormais tomb�. Les �conomistes et les hommes politiques les plus s�rieux, parmi eux des orthodoxes de la chose mon�taire, disent tout haut le sc�nario. Et d�veloppent m�me le cheminement qui m�ne hors euro. La crise grecque, le mot, depuis hier, est trop faible et ne rend pas tout � fait compte de l�ampleur du drame. Ath�nes n�a plus d�argent et peut � c�est terrifiant mais plausible � sortir de la zone euro. Pour autant que la Gr�ce reste dans la monnaie unique ou pas, cela importe peu, c�est du pipeau. Etant donn� que les Grecs vivent depuis longtemps avec le bien d�autrui (un euro soutenu par l�Allemagne) et des dettes souveraines garanties par les puissants de l�Union. Berlin, Paris, Bruxelles, Luxembourg... Le risque majeur, la catastrophe plan�taire qui emportera tellement sur son passage serait que ce soit non pas la Gr�ce mais l�Allemagne qui abandonne le navire euro. Angela Merkel, d�j� tr�s remont�e contre les Ath�niens, leurs faux chiffres, leurs bilans trafiqu�s, leur d�ficit cach� et leur farniente, cette fain�antise qui colle si bien aux Grecs, ne pourra pas, quand bien m�me le voudrait-elle, sauver la Gr�ce. Le Parlement f�d�ral vient d'adopter une loi qui emp�che l�ex�cutif de se servir pour aider l�ext�rieur. La Gr�ce a beau �tre dans la zone euro, selon le parloir germain, c�est une zone ext�rieure. Que faire ? Quoi ? Et, surtout, comment ? Les pilotes, ils sont dix-sept aux commandes de la zone euro, ce qui est en soi un probl�me, n�ont pas beaucoup de solutions, ni de rem�des miracle. Mettre de l�argent (o� le puiser ?), encore de l�argent dans les banques ? Les nationalistes ? Augmenter les imp�ts des Europ�ens pour financer la faillite grecque (demain l�Espagne, puis le Portugal, puis l�Irlande, puis l�Italie...) ? Les habitants de la zone euro ne l�accepteront pas et l'ont d�j� signifi�. Sortir de l�euro. Oui, mais ? Selon Stephane D�o, expert � l�UBS, la zone euro, c�est �l�h�tel California. On peut faire le chek-out, mais on ne peut pas le quitter�. Si la sortie de la monnaie dite unique � l�euro � n�est pas interdite dans les trait�s fondateurs, aucun m�canisme n�est pr�vu pour. De toutes les fa�ons, sortir de l�euro serait aussi catastrophique si ce n�est plus que d�y rester. L��tat des lieux est si d�sastreux que les chefs d�Etat et de gouvernement de la zone euro ou de l�Union europ�enne n�ont m�me pas convoqu� un sommet extraordinaire. Vu l�absence de possibilit�s de sortie de crise... Bruxelles constate donc les plongeons boursiers en Euroland. Politiquement, c�est la mont�e des extr�mes, l�heure est aux discours brumeux. Noirs horizons.