�Jeunes Arabes libyens, nous vous demandons une chose : unissez-vous !� s�est �cri� Sarkozy dans son allocution prononc�e � Benghazi. Pour un appel � l�unit�, c�est rat�. Pourquoi cette discrimination � l��gard des Amazighs qui ont lib�r� la capitale ? Et d�ailleurs, pourquoi Nicolas Sarkozy si soucieux d�unit� a-t-il choisi pour lancer son appel une ville de province, Benghazi, plut�t que Tripoli ? La capitale n�est-elle pas symboliquement mieux indiqu�e pour exprimer son soutien � la Libye unie ? Sa �politique arabe� aurait-elle �t� g�n�e par le drapeau amazigh qui flotte dans le ciel libre de Tripoli sur tous les b�timents officiels, y compris sur la mythique caserne Bab Azizia, l�antre du dictateur renvers� ? En France, on explique g�n�ralement la visite de Sarkozy en Libye par des consid�rations de politique interne. Ce d�placement � Benghazi serait motiv� par le souci de requinquer l�image particuli�rement d�t�rior�e d�un pr�sident qui se pr�pare � reconqu�rir son si�ge en 2012. Satisfaits de sa prestation � Benghazi, ses conseillers affirment lui avoir trouv�, en la circonstance, des accents gaulliens. Mais pour nous, externes � ces consid�rations domestiques et politiciennes, soucieux de l�avenir et de la libert� des Libyens, de tous les Libyens, avenir et libert� sur lesquels p�sent encore de lourdes hypoth�ques, son cri nous a rappel�, non pas Charles de Gaulle lan�ant son �vive le Qu�bec libre !� � Montr�al en 1966, mais B�la�d Abdeslam clamant �je suis Arabe parce que Kabyle�. En effet, ce discours exprime d�abord une ignorance qui cache une incoh�rence, celle-l� m�me qui est contenue dans la formule d�Abdeslam, car �Libyens� n�est rien d�autre que le nom antique des Amazighs et H�rodote d�j� l�avait employ�. Autrement dit, lorsqu�il dit �Arabes libyens� c�est mutatis mutandis le �Arabe kabyle� de Abdeslam. Alors, serait-ce trop demander, cela g�nerait-il tant les vis�es strat�giques sur la r�gion de M. Sarkozy, vis�es purement humanitaires nous n�en doutons pas, que de redonner dans sa v�rit� leur nom � ces Libyens ? Pourtant, ceux-l� sont bien entr�s dans l�Histoire et m�me avant les Gaulois� Au-del� de cette ignorance, l�appel de Sarkozy est en outre aussi discriminant qu�ind�cent en ce qu�il exclut de leur patrie des hommes dont le sang qu�ils ont vers� pour sa lib�ration n�a pas encore s�ch� sous le soleil de Tripoli. Il est temps, grand temps, que tous comprennent, y compris nos dirigeants et un certain nombre de compatriotes, que l�amazighit� n�est pas une identit� � taire honteusement, qu�il ne peut y avoir d�unit� fond�e sur la n�gation du lien, le premier et le plus ancien, qui unit tous les habitants d�Afrique du Nord de Siwa en �gypte jusqu�� l�Atlantique. Car sans faire de tort � la v�rit� historique et quelle que soit la langue que nous parlons aujourd�hui, nous pouvons tous dire et d�sormais avec une fiert� enfin retrouv�e : �Nous sommes tous des Libyens, c�est-�-dire des Amazighs !�