La circonscription assurait 80 % du budget de fonctionnement du GPRA et ses militants ont r�ussi � convaincre le monde de la justesse de la guerre de Lib�ration nationale. A Paris, les m�dias fran�ais n�ont pu occulter l�imposante manifestation du 17 octobre 1961. Papon l�avait r�prim�e dans le sang et ses �calots bleus� n�avaient �pargn� ni les journalistes de International Herald Tribune ni le Latino qui fut sacr�, 30 ans apr�s, prix Nobel de la litt�rature, Gabriel Garcia Marquez. Lyas Hallas - Alger (Le Soir) - Les participants, hier, au forum du journal El Moudjahid ont revisit�, � travers des documents in�dits, une partie de l�histoire de la fameuse Wilaya VII. Des rapports et des t�moignages �crits de militants de l��Organisation� que Ali Haroun, ancien dirigeant de la F�d�ration de France du FLN, devrait remettre aux Archives nationales. Les chercheurs pourraient bient�t consulter une version num�rique de ces documents. Ali Haroun les a pr�sent�s justement apr�s l�ach�vement de leur num�risation, confi�e � Media Marketing. Au forum d� El Moudjahid, il s�est inscrit dans logique comm�morative, celle d�un �v�nement souvent occult� : le 17 octobre 1961, et il n�a comment� que les documents li�s � cet �v�nement. Plusieurs �v�nements avaient, n�anmoins, men� les immigr�s alg�riens �tablis en France � manifester le 17 octobre 1961 selon Ali Haroun : les manifestations de d�cembre 1960 � Alger, le putsch manqu� des g�n�raux fran�ais, l�opposition affich�e par le gouvernement Debr� contre le pr�sident De Gaulle au sujet de l�Alg�rie, la naissance de l�OAS� A ce moment-l�, l�immigration alg�rienne structur�e autour de la F�d�ration du FLN en France assurait 80 % du budget de fonctionnement du GPRA (Gouvernement provisoire de la R�publique alg�rienne) et, donc, son ind�pendance vis-�-vis des autres pays. L�enjeu pour le gouvernement fran�ais �tait de lui couper le nerf de la guerre. Il fallait co�te que co�te d�truire la F�d�ration. C�est ainsi que Maurice Papon, ancien pr�fet IGAME de l�Est alg�rien (Inspecteur g�n�ral de l�administration en mission extraordinaire) fut affect� � la Pr�fecture de police de Paris. Le tortionnaire avait cr�� une police sp�ciale compos�e de harkis qui lui �taient fid�les, une police auxiliaire que les moudjahidine de France nommaient �les calots bleus� car les harkis ne portaient pas de k�pis comme les autres policiers. C��tait la section la plus f�roce dans la chasse dirig�e contre les immigr�s alg�riens prolongeant le combat sur le territoire fran�ais. Papon a instruit d�embarquer tous Alg�riens circulant � deux et plus. Aussi, un couvre-feu a �t� impos� aux Alg�riens � partir de 20 h 30. Les familles alg�riennes subissaient toutes sortes d�intimidations dans les bidonvilles o� vivaient la plupart d�entre-elles. Plus grave encore, et bien avant le 17 octobre 1961, Papon et ses harkis ont commenc� � noyer les militants alg�riens dans la Seine et plusieurs militants ont �t� port�s disparus dont on ne sait rien, � ce jour, sur leur sort. Les Alg�riens ont alors d�cid� de braver le couvre-feu et marcher en �30 000 � la fois�, selon l�expression utilis�e par Ali Haroun, une action d�cid�e plut�t par la base et encadr�e par la F�d�ration du FLN. Ils se sont donn� rendez-vous place de l�Etoile � Paris pour se regrouper et marcher sur les rues de Bonne Nouvelle, Saint-Germain, Saint-Michel� A Paris, la presse fran�aise n�a pu occulter ni la manifestation ni la r�pression comme ce fut le cas le 11 d�cembre 1960. Le monde devait entendre �A bas le couvre-feu, lib�rez Ben Bella, Vive l�Alg�rie ind�pendante �� C��tait une manifestation pacifique et les immigr�s alg�riens ayant r�pondu � l�appel se faisaient syst�matiquement fouiller par les militants de F�d�ration avant de sortir. Pas question de porter des armes ou quoi que ce soit qui pouvait entacher le caract�re pacifique de la manifestation. Mais, c��tait sans compter avec Papon, ses tueurs de �calots bleus� et ses CRS appel�s cyniquement �comit�s d�accueil�. Toute t�te au teint basan� fut tabass�e, y compris le c�l�bre romancier latino-am�ricain Gabriel Garcia Marquez, bastonn� avant d��tre arr�t� par la police et conduit au commissariat. Bilan : 200 morts et 11 500 arrestations lors du premier jour de la manifestation, 1 100 femmes et 500 enfants le lendemain, selon les statistiques �tablies par le Comit� f�d�ral. Les organisateurs s�attendaient � ce qu�il y ait beaucoup d�interpellations le premier jour et que les femmes et enfants manifesteraient le lendemain pour r�clamer leur lib�ration. La manifestation n�a pas eu de r�percussions imm�diates, selon Ali Haroun, mais, elle fut pour beaucoup dans le changement du regard que portait le monde sur notre cause nationale.