Entretien r�alis� par Brahim Taouchichet L�ancien num�ro 2 du Parti du renouveau alg�rien (PRA), cr�� avec Noureddine Boukrouh, a fait le deuil de la formation politique qui l�a fait na�tre au militantisme. Ce fut un �chec complet, reconna�t- il. Apr�s avoir consomm� la rupture violente avec son alter ego d�alors et l�amertume qu�il garde de cette premi�re exp�rience, il veut revenir au-devant de la sc�ne politique et cr�e pour cela le parti Jil Jadid. C��tait en avril dernier et depuis il attend l�agr�ment que le minist�re de l�Int�rieur ne semble pas du tout press� � lui conc�der. Soufiane Djilali, 53 ans, docteur en immunologie, n�a visiblement pas r�ussi � se pr�munir du virus de l�engagement. Sans d�tour aucun, il nous livre ici le fond de sa pens�e aux contours de confession presque. Le Soir d�Alg�rie : Commen�ons par l�actualit�. Jil Jadid dont vous �tes le coordinateur peine � avoir l�agr�ment. Du c�t� du minist�re de l�Int�rieur, c�est le silence radio. Il n�a m�me pas daign� vous recevoir. Pourquoi selon vous ? Si ce refus d�guis� persiste, que pr�voyez-vous d�entreprendre ? Soufiane Djilali : Ce qui arrive � Jil Jadid, les Alg�riens le comprennent trop bien. D�s qu�un citoyen veut entreprendre une action, c�est une lev�e de boucliers de l�administration. C�est le cas pour des dizaines d�associations, de syndicats ou d�initiatives citoyennes. C�est aussi le cas dans d�autres secteurs, �conomiques par exemple. L�administration alg�rienne est fondamentalement con�ue pour dissuader les Alg�riens d��uvrer par eux-m�mes. Le pouvoir alg�rien a, depuis le d�but, fonctionn� sur le bin�me inclusion/ exclusion. Soit tu es avec moi, soit tu es contre moi. Tu fais partie de la tribu ou tu es exclu. Tu es docile ou on te brise les reins. C�est un r�flexe archa�que mais qui est fonctionnel si j�ose dire. A la d�charge du pouvoir, il faut pr�ciser que ce type de rapport fait partie de la mentalit� ambiante. C�est le rapport dominant/domin�. C�est ainsi que sont charpent�s les rapports homme/femme, parents/enfants, patrons/salari�s� D�ailleurs, ce mode de fonctionnement est tr�s bien int�rioris�, c'est-�-dire que les gens l�appliquent, sans m�me r�fl�chir, dans les deux sens : la m�me personne qui est �dominante� pour les uns, accepte naturellement d��tre �domin�e� par d�autres. Regardez autour de vous et vous trouverez de multiples exemples !Pour revenir � votre question, Jil Jadid ne se laissera pas faire. Nous ferons ce qui est en notre pouvoir, c'est-�-dire tr�s peu en termes d�ex�cutif, mais beaucoup en termes de principe. Nous nous conformerons � la loi et Jil Jadid, comme les autres nouveaux partis politiques, les syndicats et les associations, sera agr�� si les Alg�riens le d�cideront. Le pouvoir ne peut qu��voluer vers l�ouverture d�mocratique si le pays le r�clame. Cela demandera du temps, mais cela arrivera ! Des partis fond�s bien avant le v�tre sont dans la m�me impasse bien qu�ils remplissent les conditions d��ligibilit� Absolument. Vous voulez que l�on parle le langage de v�rit� ? Eh bien, depuis la venue de M. Bouteflika, la vie politique a �t� �trangl�e. Il y a eu le 11 septembre 2001 et avec lui la politique de lutte antiterroriste dans le monde qui a justifi� beaucoup de choses. Il y a eu aussi la manne p�troli�re. Rajoutons � cela une v�ritable lassitude des Alg�riens qui voulaient croire en la paix. Bouteflika a s�duit une bonne partie des Alg�riens qui �taient pr�ts � abandonner les libert�s r�cemment acquises contre la s�curit�. C��tait en r�alit� un march� de dupes. Mais qui y pouvait quelque chose ? La d�mocratie a �t� remis�e au fond du placard. Mais aujourd�hui, le vent � tourn�. Les r�gimes qui ne l�ont pas compris se sont lamentablement effondr�s en entra�nant leur pays dans d�inextricables complications. Le pouvoir actuel est us� jusqu�� la corde. Dans quelques mois, il soufflera sa cinquanti�me bougie. Il est temps pour lui de se retirer dans la dignit�. Les partis politiques doivent retrouver leurs marges de man�uvre, une nouvelle classe politique doit s�imposer par sa qualit�, ses comp�tences et non pas par la corruption et le client�lisme. Il serait d�sastreux pour la nation que nos a�n�s qui ont lib�r� le pays laissent aux g�n�rations suivantes une image trop d�grad�e d�eux-m�mes. Une fin de r�gime dramatique serait une trag�die pour l�avenir. L�homme, par nature, est faible, mais � certains moments, il doit se transcender. J�ose croire que nos responsables se sentent moralement engag�s par l�avenir du pays. Les �ch�ances �lectorales approchent, 2012 n�est pas loin. Dans de telles conditions, vous risquez de ne pas �tre au rendez-vous, tout comme d�autres partis d�ailleurs qui se retrouveront exclus du fait de la nouvelle loi �lectorale. J�ai la profonde conviction que le pouvoir a d�cid� que de toutes les fa�ons pour la prochaine mandature l�gislative, il n�y aura aucun changement significatif. Cela fait des mois qu�on nous parle de r�formes. Pour quel r�sultat ? A peine de l�gers amendements � la loi �lectorale, et celle sur les partis politiques est pratiquement inchang�e. Les r�formes d�pendaient d�une simple d�cision : appliquer les lois en cours. C�est tout. Il fallait juste donner instruction � la radio et � la t�l�vision pour qu�elles ouvrent leur plateau et micros � l�opposition, et prier M. le ministre de l�Int�rieur de d�livrer les agr�ments aux partis politiques. Maintenant, seuls les actuels partis politiques � l�APN peuvent se pr�parer � cette �lection. C��tait donc d�lib�r�. Le ministre de l�Int�rieur vient de confirmer dans une d�claration � la presse ces dires ! C�est ce comportement retors qui �c�ure les Alg�riens. Ce pouvoir n�a cess� de trafiquer, de mentir, de corrompre, de se d�dire� juste pour rester l� o� il est. Face aux vrais probl�mes que doit affronter le pays, ce comportement est d�une mesquinerie innommable. Et apparemment, ceux qui sont au pouvoir en sont totalement inconscients. R�cemment, je suis rest� pantois lorsque j�ai lu qu�un haut personnage de l�Etat s��tait indign� avec v�h�mence en s��criant : �L�opposition veut nous prendre nos postes !� Je ne sais s�il faut en rire ou en pleurer. J�ai ressenti une profonde d�solation en lisant ces propos. C�est tout simplement affligeant. La rentr�e sociale promettait d��tre houleuse. Le pouvoir tire son �pingle du jeu puisque l�explosion que pr�voyaient certains analystes n�a pas eu lieu ? Le pouvoir tire son �pingle du jeu ? Non ! Il a plut�t tir� l�argent de la tirelire nationale pour acheter un peu de calme ! Vous savez, personne ne peut pr�voir quand les �meutes adviennent pour autant qu�elles soient spontan�es. Cependant, tout le monde sent que la tension monte dans le pays. Par ailleurs, l�Alg�rie est directement concern�e par ce qui se passe autour de nous. La bourrasque qui s�est lev�e depuis la Tunisie est toujours active. L�effroyable d�confiture du r�gime libyen et l�obsessionnelle folie r�pressive du pouvoir syrien devraient donner mati�re � r�fl�chir aux partisans du statu quo. Alors, que ceux qui comptent sur les ruses pour persister apprennent � mieux ma�triser leur amour immod�r� du pouvoir. L�absolu d�shonore peut facilement succ�der � l�illusion de puissance. Quand je vois les tergiversations des Abdellah Saleh (pr�sident du Y�men, ndlr) et compagnie, je me dis qu�une pathologie grave est sous-jacente � ce comportement. C�est le m�me syndrome dans tous les pays arabes. C�est end�mique. Alors, vous savez, personne ne peut vous dire exactement jusqu�� quand les Alg�riens pourront supporter cette situation. Pour le moment, la surface de l�eau est calme� Et pourtant, chacun semble en attente de quelque chose� Oui ! Fondamentalement, il y a eu un changement psychologique, un changement d�ambiance. Tout le monde per�oit que nous sommes arriv�s � la fin d�un cycle. Subitement, l�ordre en place s�effrite. Les choses qui semblaient �videntes jusque-l� sont remises en cause. L�autorit� peut s�effondrer comme un ch�teau de cartes. Il y a une angoisse qui commence � flotter. Le risque est que le pouvoir, emp�tr� dans ses propres contradictions, finisse par se laisser aller � la paralysie, incapable qu�il est de prendre de v�ritables d�cisions. Et plus l�Etat s�affaiblit et plus les pr�dateurs deviennent entreprenants. Au sein du pouvoir, il y a de moins en moins d�hommes d�Etat et de plus en plus d�ambitieux sans envergure et sans vergogne. A un moment donn�, l�inutilit� des institutions deviendra patente et la loi de la jungle reprendra le dessus. Chacun pensera � lui-m�me et � ses proches et de moins en moins � l�int�r�t de la collectivit� ou du pays. J�admets que la phase que traverse l�Alg�rie est p�rilleuse. Il faut que les bonnes volont�s se donnent la main. Je lance ici un appel aux Alg�riennes et aux Alg�riens qui veulent r�agir � cet �tat de fait. Il faut s�organiser avant que le chaos ne s�infiltre dans la t�te de chacun ! Sinon, le r�gionalisme, de plus en plus agressif, la cupidit� sans bornes, la corruption la plus hideuse, envahiront irr�m�diablement nos vies et l�avenir de nos enfants. Les forces centrifuges sont de plus en plus puissantes, le pays sera in�luctablement bris� ! Soufiane Djilali, longtemps num�ro 2 du PRA (Parti du renouveau alg�rien) de Noureddine Boukrouh � candidat malheureux aux pr�sidentielles et �ph�m�re ministre du Commerce �, vous avez quitt� ce parti en 1999. Qu�en avez-vous gard� comme exp�rience ? Par ailleurs, vous avez particip� � la cr�ation le 5 f�vrier 2011 de l�ANC (Alliance nationale pour le changement) � forte coloration islamiste dont les dissidents du MSP, El-Islah, les Oul�mas notamment ? Commen�ons par la deuxi�me partie de votre question. Je n�ai jamais particip� � la cr�ation de l�ANC. El-Islah m�avait invit� avec beaucoup d�autres personnalit�s politiques � une rencontre qu�il organisait en vue d�ouvrir un d�bat politique pluriel alors m�me que la rue alg�rienne bouillonnait. J�ai fait acte de pr�sence durant une demi-heure. J�avais r�pondu � une invitation et dans la vie, il faut �tre poli. Il n�y a eu rien de plus. Mais revenons � la premi�re partie de votre question qui, elle, est beaucoup plus significative. En 1989, lorsque je m��tais engag� au PRA, je n�avais aucune exp�rience politique. J��tais alors � Paris et m�occupais de petites cellules et de virus dans mon laboratoire de recherche. Mais depuis longtemps, je m�int�ressai de tr�s pr�s � la vie politique alg�rienne. Mon p�re (Allah yarhmou) tenait � El-Anasser (Ruisseau) une petite librairie et avait un rayon presse. Il m�envoyait tous les week-ends l�hebdomadaire d�alors, Alg�rie Actualit�. C�est l� que je d�couvris l�appel de Noureddine Boukrouh pour constituer le PRA. J�avais �t� s�duit par la dimension intellectuelle de la d�marche. Avec Boualem M��abih et Zoheir Rouis, nous n�avions pas tard� alors � organiser et cr�er l�association PRA-Immigration en France. Nous avions alors tous particip� au premier congr�s constitutif de mai 1990. J�avais �t� d�sign� alors comme membre du bureau national, puis assez rapidement, d�s juin 1991, secr�taire g�n�ral du parti. J��tais rest� � ce poste jusqu�� ma d�mission le 8 mai 1999. Durant ces dix ann�es, j�ai fait mon initiation � la politique. J�ai rencontr� des hommes et des femmes de divers horizons. J�ai appris � mieux conna�tre le pays. Et j�ai surtout commenc� � m�int�resser aux probl�matiques plus fondamentales. Gr�ce � l��uvre de Malek Bennabi et � d�autres auteurs, je commen�ais � m�interroger sur notre soci�t�, sur l�islam, sur la modernit� Mais durant cette p�riode, il y avait aussi le danger permanent. Le terrorisme fauchait aveugl�ment hommes et femmes. Prendre position publiquement contre le terrorisme �tait dangereux. Avec du recul, je me dis que j�avais pris des risques incroyables, pour moi et pour mon entourage tout comme des milliers d�Alg�riens d�ailleurs. Je me rappelle qu�en cette p�riode douloureuse, certains avaient pari� sur le terrorisme. Ils avaient appel� au boycott des �lections. Ils s��taient align�s sur les positions du GIA. Ils avaient appel� � un boycott international contre l�Alg�rie et sign� un document sous parrainage �tranger (de la CIA, dit-on), sans sourciller, pour demander la reddition de l�Etat alg�rien. Eh bien, parmi ces gens, certains ont aujourd�hui enfourch� le cheval du nationalisme sans concessions, nous parlent d�imp�rialisme am�ricain � longueur de discours et passent alliance �lectorale avec les ��radicateurs � ! Le PRA a �t� donc une �cole pour moi et surtout une opportunit� pour aborder la vie politique. J�ai appris certaines bonnes choses mais surtout les choses qu�il ne faut pas faire. Car, in fine, je dois le reconna�tre et assumer ma part de responsabilit�, le PRA a �t� un �chec complet. A ce sujet, je pourrai �crire par exemple un petit guide intitul� �ce qu�il ne faut surtout pas faire en politique�. Mais bon, la vie est un long fleuve au cours sinueux� Au fait, quelles nouvelles de M. Boukrouh ? Je n�en ai pas, je n�entretiens plus aucune relation avec lui. Nos destins s��taient crois�s, nous avions fait un bout de chemin ensemble et puis chacun est parti de son c�t�. La vie est ainsi faite. Dans Jil Jadid, fond� en avril dernier, quelle place pour l�islam alors ? L�objectif de Jil Jadid est l��tablissement d�un Etat de droit. C�est cela le socle m�me du parti. Dans notre d�claration de principe, nous r�cusons les divisions id�ologiques. Jil Jadid se propose d�apporter des propositions de solutions � des probl�mes objectifs et non pas entra�ner les Alg�riens dans des id�ologies conflictuelles. Nous proposons donc un traitement politique aux probl�mes de la soci�t� alg�rienne dans son ensemble. A Jil Jadid, il y a des militants alg�riens. Point barre ! En tant que musulman, je r�cuse l�utilisation de l�islam dans le domaine politique. Au titre de l�action politique, personne ne peut se pr�valoir de l�onction divine. Maintenant, une fois que l�on a dit cela, il faut �galement remettre les choses � leur place de l�autre c�t�. L�Alg�rie est un pays musulman. L�islam a donn� une coh�rence interne � notre soci�t� et lui a permis de persister, de se d�fendre et de d�velopper son identit�. Dans la conscience de certains de nos concitoyens, il est devenu difficile d��tre � la fois moderne et croyant. En France, o� la la�cit� a pris une allure particuli�rement prononc�e, elle est elle-m�me devenue une religion, avec ses rites si j�ose dire, mais surtout ses dogmes et ses inquisitions. Pourtant, apr�s un XXe si�cle o� la mati�re s�est �d�cha�n�e�, le monde occidental d�couvre brutalement les limites de ce mod�le. Nous nous dirigeons vers un choc imminent qui sera d�ordre financier, �conomique et social dans un premier temps mais moral, philosophique et m�taphysique dans un deuxi�me temps. Le r�veil va �tre terrible. C�est la tradition qui a d�voy� l�islam, non le contraire. La discrimination des femmes, la misogynie, le despotisme, le fatalisme, l�intol�rance� sont des valeurs de la tradition et non pas de l�islam. Dans les ann�es 1980 et 1990, j�assistais comme tout le monde � la mont�e de l�intol�rance et � une forme de pratique religieuse dogmatique, r�trograde et m�me violente. J�en avais peur je l�avoue. Je me suis alors longuement interrog� sur l�essence de cette violence. Dieu, dans le Coran, nous l�enseignait ? Dieu, le Parfait, l�Omniscient, le Juste faisait donc la diff�rence entre ses propres cr�atures humaines ? Entre l�homme et la femme ? Il n�aurait donc cr�� le paradis que pour les musulmans et la g�henne pour tous les autres ? Des criminels iraient au paradis parce que n�s musulmans et des �tres sublimes comme l�abb� Pierre ou M�re Theresa �taient vou�s au feu ? Cela ne peut �tre l�ultime V�rit� ! J�ai cherch� � comprendre. J�ai trouv� beaucoup de choses ! Savez-vous que vous ne pouvez pas trouver un seul mot dans le Coran pour appuyer la th�se d�une inf�riorit� de la femme par rapport � l�homme ? Comment pouvez-vous expliquer que pr�s de 500 versets coraniques soient abrog�s par les oul�mas ? Et � l��vidence, � l�encontre du texte coranique lui-m�me. De quel droit immanent ont-ils fait cela ? De quel droit avoir aboli le sublime verset �Pas de contrainte en religion � ? Le probl�me est donc lov� dans le mental des musulmans pas dans l�islam. Les plus grands esprits de notre temps, Goethe, Nietzche, Kant et tant d�autres ont vu en l�islam une source de lumi�re �vidente, alors que le monde musulman �tait en pleine d�cadence ! Moi, lorsque je lis Djamel-Eddine R�mi, Ibn El-Arabi, ou Ibn Rochd, je me sens profond�ment r�concili� avec le Cr�ateur ! L�un des signes �vidents de la d�cadence est que les gens s�attachent aux objets et oublient le sens qui lui est li�. Penser que l�islam c�est un accoutrement, c�est du f�tichisme pas de la foi ! Alors, en conclusion : un oui franc � l�islam. Un islam de paix, d�amour, de qu�te spirituelle. Non � un islam de violence, simple alibi pour l�instauration des pouvoirs despotiques et inquisiteurs ! Vous avez parl� de parti sans id�ologie ? L� aussi, il faut clarifier les choses. Je ne dis pas que l�homme n�a pas besoin d�id�ologie ou qu�une soci�t� vit de fa�on �neutre� sans id�es pr�con�ues. Le probl�me c�est lorsque les id�ologies deviennent pr�gnantes dans la soci�t� et que les hommes sont pr�ts � sacrifier leur vie et surtout la vie des autres pour elles ! Je ne dis pas que les id�ologies n�existent pas, ce serait un d�ni du r�el. Je place l�action de Jil Jadid au-dessus des fractures id�ologiques. A Jil Jadid, nous voulons tout simplement remettre les pendules � l�heure. Les id�ologies doivent �tre au service de l�humanit�, au service de la paix, au service du Bien et non pas au service d�elles-m�mes. Je ne peux me r�soudre � l�id�e de tuer l�homme pour que l�id�ologie vive. Dans la d�claration de naissance de Jil Jadid on est frapp� par le ton solennel et la symbolique qui rappellent la proclamation du 1er Novembre 1954 ? C�est un honneur pour moi que vous pensiez cela. J�ai seulement fait un texte avec tout le s�rieux qu�il fallait. Justement, � propos de Novembre 1954, vous vous revendiquez de ses id�aux, tout comme d�autres formations politiques d�ailleurs. Alors, � quoi bon un nouveau parti ? Jil Jadid propose au pays de continuer l��uvre lib�ratrice, pas d�effacer ce qui a �t� fait par la g�n�ration de Novembre. Aller � l�encontre de la d�claration de Novembre c�est r�futer l�ind�pendance et la souverainet� national. Maintenant, il ne faut pas s�arr�ter � �a. Notre g�n�ration est appel�e � �difier l�Etat de droit. Vous revendiquez une nouvelle r�publique sans la g�n�ration des militants de l�ind�pendance � l�image d�un certain courant d�opinion en France exprim� par Bernard Kouchner, ancien ministre des Affaires �trang�res de Sarkozy. Voulez-vous clarifier votre id�e ? Nous n�avons jamais demand� l�exclusion de quiconque. Nous voulons seulement que les crit�res de s�lection des hommes politiques ne se fondent pas sur l�argument d�autorit� et sur les indus avantages. Je vais vous le dire clairement : Jil Jadid servira autrement mieux que l�actuel pouvoir la m�moire de la g�n�ration de Novembre et le patrimoine historique de la nation ! Nous, nous n�avons pas de dividendes personnels � en tirer, mais un devoir de m�moire et de respect envers les hommes et les femmes qui ont fait notre histoire. Soufiane Djilali, � la diff�rence de fondateurs de partis politiques, anciens militants dans la clandestinit�, de syndicalistes ou de transfuges du FLN, quels sont vos arguments � vous ? Mes arguments ? Je suis citoyen alg�rien ! Je propose en mon �me et conscience ce qui me semble �tre bon pour cette nation. Le peuple dispose. Il est souverain. Rien ne l�oblige � m��couter. Vous faites plut�t figure d�intellectuel. Comment allez-vous vous convertir au militantisme partisan ? Comment je vais me convertir ? Mon engagement date de plus de 20 ans. Il n�y a donc aucune conversion � op�rer� Rien n�interdit � ce que l�intellectuel fasse de la politique, au contraire. Maintenant, il est vrai que nul n�est parfait ! Une question qui me br�le les l�vres avant de clore cet entretien : qu�est-ce qui fait courir Soufiane Djilali ? Je n�aime pas l�Alg�rie telle qu�elle est. J�aurai pu rester � l��tranger, faire une carri�re scientifique. J�ai choisi de rentrer et de mener ma vie ici. Alors, pour �tre cons�quent avec moi-m�me, je dois faire tout ce qui est en mon possible pour aider l�Alg�rie � �tre telle que je l�aime. Et je peux vous garantir que les Alg�riens l�aimeront bien mieux �galement ! B. T.JIL JADID-MINIST�RE DE L�INT�RIEUR L�incident est clos ! Le minist�re de l�Int�rieur a donn� son autorisation pour le d�p�t du dossier de demande d�agr�ment pour Jil Jadid. Le dossier complet tel que d�fini par la loi 97/09 en cours a �t� remis � l�administration du minist�re ce jeudi 13 octobre avec l�assurance d�une prise en charge r�guli�re. Cependant, aucun r�c�piss� n�a �t� remis, tout comme pour les autres partis politiques qui ont fait la d�marche. Dont acte ! Le coordinateur Soufiane Djilali