Des �crivains alg�riens y parlent de leur rapport � la langue fran�aise. Salim Bachi, Rachid Boudjedra, Malek Chebel, Assia Djebar,Yasmina Khadra, Malika Mokeddem, Boualem Sansal et Le�la Sebbar. Ceux-ci entre autres �crivains du pourtour m�diterran�en. Des �crivains ayant pour point commun de s�exprimer dans la langue de Moli�re. Feu Driss Chra�bi, p�re de la litt�rature maghr�bine de langue fran�aise, Amin Maalouf� Il s�agit d�une compilation de 40 entretiens r�alis�s par Patrice Martin et Christophe Drevet dans le cadre de l��mission �La langue fran�aise vue d�ailleurs�, de 1997 � 2003, sur Radio M�diterran�e internationale M�di 1. L�ouvrage, publi� en Alg�rie par M�dia-Plus de Constantine, ne r�unit que des lettr�s du voisinage m�diterran�en de la France. Des voisins, commente Ma�ssa Bey, auteure de la pr�face, qui �pourraient, de rivage � rivage ou de balcon � balcon, se passer le sel et le poivre et surtout l�huile d�olive si ch�re au c�ur des M�diterran�ens, et dont on dit qu�elle assure vigueur et long�vit� �. L�histoire de la M�diterran�e �tant faite de plusieurs si�cles de brassages culturels et de m�tissages entre ses nombreux peuples, la langue fran�aise a travers�, dans la douleur parfois, presque la totalit� des pays du bassin. Elle a, surtout, laiss� des traces visibles � travers l��criture. �Une �criture qui dit l�ailleurs, dans une langue venue d�ailleurs�, conclut-on. Et se sont d�velopp�s des liens entre cette langue et ces M�diterran�ens l�ayant privil�gi�e � leurs langues maternelles pour s�exprimer. Tout chacun, dans ces entretiens, y va de son id�e. La langue fran�aise vue d�Alg�rie C�est un outil de travail pour Malek Chebel : �� J��tais arabophone jusqu�au baccalaur�at, et il a fallu qu�en facult� je me francise� j�ai toujours voulu suivre les fili�res de psychologie et de psychanalyse et j�aurais �t� en mauvaise posture pour appr�hender ces disciplines avec la langue arabe qui n�est pas du tout adapt�e aux disciplines fines comme les sciences humaines. Le fran�ais m��tait donc devenu n�cessaire pour me permettre d�appr�hender le contenu de ces disciplines dans lesquels je commence � faire carri�re�� �Le choix a �t� plut�t d��crire tout simplement� Je n�ai pas choisi d��crire en arabe parce que ne je pouvais pas le faire techniquement parlant, ne ma�trisant pas assez l�arabe classique. Il me semblait plus simple d��crire en fran�ais�� dit Salim Bachi dont le dernier roman Le Silence de Mahometfut nomin�, d�s sa sortie en 2008, parmi les quinze titres en lice pour le prix Goncourt. Assia Djebar, par contre, l��int�riorise� de plus en plus, elle est devenue chez elle une langue d�intimit� : �� Elle me donne une plus grande libert� pour parler du rapport au corps de la femme, pour mettre ce qu�on trouve dans tout le Maghreb : des femmes qui sont enferm�es ou qui vivent de fa�on traditionnelle, et qui c�toient constamment des femmes qui peuvent vivre de fa�on occidentale, c�est-�-dire allant au travail, bougeant, allant et venant�. Pour Rachid Boudjedra, un �crivain plut�t bilingue parce qu�il �crit aussi en arabe, c�est une langue qui lui a �t� impos�e : �La langue fran�aise, je n�ai pas �t� � sa rencontre. C�est un fait d� � la colonisation, � l�histoire. Je ne l�ai pas choisie. On peut presque dire que c�est elle qui m�a choisi. Dans des conditions dramatiques, h�las : la colonisation. La langue fran�aise, cela veut dire aussi parfois annulation de la langue arabe et, donc, c�est probl�matique�� Ce sont des rapports affectifs qui lient cette langue � d�autres �crivains comme Yasmina Khadra, Malika Mokeddem ou Le�la Sebbar. �� Je ne milite pas pour la langue fran�aise. C�est une langue que j�aime, un peu comme une femme qu�on aime. Ce qui importe, c�est l�affection qu�on a pour elle, et non pas ses origines. Il y a beaucoup de mariages mixtes, et je consid�re que c�est un mariage mixte qui r�ussit bien�� image Yasmina Khadra. �J�ai un rapport � cette langue compl�tement affectif. Elle a vraiment �t� pour moi le sein maternel. C�est elle qui m�a nourrie, c�est elle qui m�a apport� la litt�rature du monde entier�� tranche Malika Mokeddem. �... C�est une langue qui m�appartient depuis la naissance, parce que c�est la langue de ma m�re. C�est la langue du pays o� je vis, du pays o� j�ai des enfants. Je me pose pas de questions sur la langue fran�aise : c�est ma langue maternelle�� conclut Le�la Sebbar. Or, la francophonie de Boualem Sansal est militante. �Je suis francophone convaincu et je d�fends cette id�e aussi fort que je peux, tant dans mon travail que dans mon entourage imm�diat� Je suis de ceux qui d�plorent l�arabisation de la soci�t� alg�rienne telle qu�elle est pratiqu�e par le r�gime alg�rien. Je n�ai rien contre la langue arabe, j�estime tout � fait utile et pertinent de l�enseigner, mais pas de cette mani�re�� avance- t-il. Et d�encenser le �bond� r�alis� par le pr�sident Bouteflika : �Dans le contexte d�aujourd�hui, je consid�re que le fran�ais est un moyen de sortir de la crise. J�en suis profond�ment convaincu. Et je suis tr�s content que le pr�sident Bouteflika, sur ce plan-l�, fasse des pas de g�ant, casse des tabous, rassure les gens et offre des perspectives � la soci�t� J�en suis convaincu, � l�image de Bouteflika qui s�exprime, de mani�re naturelle, aussi bien en arabe qu�en fran�ais. C�est notre h�ritage, et notre culture. Il a du courage, sur ce plan-l� ; il a �t� beaucoup critiqu� mais il tient bon��