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ENTRETIEN DE LA SEMAINE Mme BENNACER KISSOUM KAHINA, SOCIOLOGUE, � SOIRMAGAZINE
�La mondialisation est responsable de l�attitude des descendants envers les grands-parents impotents�
Entretien r�alis� par Salem H. et Kahina G. Mme Bennacer Kissoum Kahina, sociologue � la Ligue de pr�vention et de sauvegarde de la jeunesse et de l�enfance de Tizi-Ouzou, dans un entretien qu�elle a bien voulu nous accorder, nous �claire sur les nouveaux comportements des enfants envers leurs parents vieux et souvent impotents. Elle donne les raisons li�es � l�environnement social et � la nouvelle donne mondiale, qui poussent � leur exclusion. Soirmagazine : Peut-on dire que la soci�t� actuelle est quelque part responsable de ce qui arrive aux parents et grands-parents impotents ? Mme Bennacer : La famille c�est le noyau de la soci�t�. Autrefois c��tait une famille �largie o� tous ses membres vivaient ensemble sous le m�me toit en parfaite harmonie, les tantes, les oncles et leurs enfants sous l�autorit� directe des grands-parents. Les hommes travaillaient dans les champs et les femmes s�occupaient des t�ches domestiques et de l��ducation des enfants. Elles prenaient soin des grands-parents parce que c��tait un devoir primordial parmi tant d�autres qu�elles accomplissaient au quotidien. Comment se faisait la r�partition des t�ches ? Dans la famille �largie, toutes les d�cisions venaient des plus �g�s. Ce qui voulait dire que ce sont les grands-parents qui prenaient toutes les d�cisions qui concernaient la famille, jouant, ainsi, un r�le tr�s important dans la gestion du budget familial ou dans les relations entre tous les membres de la famille. Dans la famille �largie, on trouvait beaucoup de valeurs, de traditions et de lois intangibles. Gare � celui qui essayerait de s�en soustraire ! Si d�aventure l�on essayait d�outrepasser ses codes, on s�exposait aux pires sanctions de la part de la soci�t�, dont la mise en quarantaine, sentence qui sera ex�cut�e manu militari par le patriarche. Avant, la famille �largie se pliait sans se poser de questions aux lois de la djema� et de la communaut�. Pour rester dans le sujet, comment la famille faisait-elle face � la situation des grands-parents oblig�s de garder le lit, une fois impotents ? Si le malade est le p�re ou le grand-p�re et que leurs �pouses sont en bonne sant�, c�est � elles que revient cette t�che qui exige intimit� et discr�tion, comme la toilette du malade. Les femmes �g�es malades sont prises en charge automatiquement par les belles-filles. Et le cas �ch�ant, celles-ci se chargent �galement du p�re ou du grand-p�re, une mission qui faisait partie des valeurs de la soci�t� car c��tait de leur devoir de prendre soin des beaux-parents. Ce n�est plus le cas aujourd�hui. Peut-on dire que c�est d� � un renversement des valeurs ou � une exigence de notre temps ? La mondialisation en est responsable. Elle n�a pas �pargn� ces valeurs anciennes. La soci�t� s�en trouve chamboul�e et la famille, en tant que premier noyau de la soci�t�, est la premi�re � �tre touch�e de plein fouet par ce ph�nom�ne social. De famille traditionnelle �largie, elle s�est mu�e en famille �nucl�aire �, une petite famille dont les membres n�arrivent m�me pas � se voir parce qu�ils sont constamment accapar�s par un quotidien stressant. C�est devenu une soci�t� o� l�individualisme prime sur tout le reste. Ne pensez-vous pas que c�est aussi une question d��ducation ? En effet. A la d�charge des ascendants, il y a cette �volution des m�urs et des conditions sociales qui font que les couples actuels sont oblig�s de travailler pour faire face aux exigences d�un quotidien pas facile � vivre. Et quand ce n�est pas le cas, la bru �duqu�e avec d�autres principes et plus prompte � surfer sur le Net, � regarder la t�l�vision ou � sortir, rechigne � ce qui s�apparente � une t�che d�gradante dont ne veulent m�me pas parfois les gardes-malades et ce sont alors les centres pour personnes �g�es qui attendent ces malheureuses personnes qui ont du mal � s�arracher � un milieu familial qui les a vu na�tre, travailler et g�rer une famille qui aujourd�hui leur tourne le dos. En fait, l�esprit de sacrifice envers les parents a disparu. Comment vivent-ils cet abandon ? Ce qui est blessant pour ces personnes, c�est lorsqu�elles sentent que l�on se d�barrasse d�elles sans aucun �tat d��me. Avant, les brus les accompagnaient fi�rement jusqu�� leur dernier souffle, se faisant un point d�honneur d�avoir honor� leur devoir et soulag� leur conscience. Ce sont les seules raisons de ce clash entre parents �g�s et leurs enfants ? Non, il y a aussi ce conflit de g�n�rations qui fait que le message ne passe pas entre les parents et leurs enfants que s�pare un large foss�. Ce qui pousse parfois les parents � quitter de leur propre chef le domicile familial pour fuir un climat d�incompr�hension car ils vivent mal ce rejet de la part de leur prog�niture, surtout lorsque ceux-ci n�ont pas de pension Le drame, c�est lorsque les descendants ont honte de leurs parents handicap�s par la maladie oubliant qu�un jour ils se retrouveront � leur tour dans la m�me situation.