La quatri�me �Rencontre euro-alg�rienne des �crivains�, qui s�est tenue � Alger, les 25 et 26 janvier 2012, sous les auspices de Mme Laura Baeza, d�l�gu�e permanente de l�Union europ�enne, sur le th�me des �Identit�s plurielles� (Amine Maalouf, 1998) vaut rappel sur la n�cessit� de revenir au travail sur l�identit� nationale, ph�nom�ne en constante gestation. Davantage que l�expos� des argumentaires sociopolitique et anthropologique, les organisateurs de cette quatri�me �dition ont d�ploy�, en fonction des intervenants, �crivains d�Europe (Belgique, Gr�ce, Espagne, Su�de, Autriche, Grande-Bretagne, Finlande, Roumanie) et d�Alg�rie (Abdesselam Abdennour, Chawki Amari, Hamid Grine, Fatma Oussedik, Abrous Outoudert, Amine Zaoui) le th�me de l�identit� dans sa perception dans le champ litt�raire et dans des trajectoires individuelles. Des �crivains d��origine alg�rienne� �taient associ�s � cette rencontre, notamment Salim Bachi, Anouar Benmalek, Karima Berger, Mohamed Kacimi (France) et Amara Lakhous (Italie). Ce d�bat induit, en Occident, entre autres param�tres d��valuation, la r�cusation des identit�s litt�raires nationales du Sud. Depuis le d�veloppement des �tudes litt�raires postcoloniales (cf. Homi K. Bhabha, 2007, Jacqueline Bardolph, 2002, Jean-Marc Moura, 1999), il y a dans les recherches acad�miques occidentales, notamment en Am�rique du Nord (�tats- Unis, Canada) et en Europe (Angleterre, France, Italie) la volont� de circonscrire l�autonomie des pratiques litt�raires nationales, plus pr�cis�ment dans leur rapport aux anciennes m�tropoles. En Afrique, le proc�s d�autonomisation de la litt�rature et son institutionnalisation n�a �t� � tr�s imparfaitement � conduit qu�en Alg�rie et au Mali, avec la cr�ation, peu de temps apr�s les ind�pendances, de structures �tatiques d��dition et de diffusion du livre. En s�appuyant sur une relation contradictoire aux institutions litt�raires des anciennes m�tropoles coloniales, la formation de litt�ratures nationales posait durablement, au Maghreb et en Afrique subsaharienne, au-del� des alt�rit�s du pass�, la question du mode de dominance comme un marqueur de l�identit� litt�raire nationale. ��criture migrante� et �identit� fictive� Depuis la p�riode des d�colonisations, l��mergence de litt�ratures nationales du Sud interroge la possibilit� et la viabilit� de cultures litt�raires locales d�gag�es de la tutelle de p�les litt�raires occidentaux (New York, Londres, Paris, Madrid). Dans les discours th�oriques de l�Occident, la d�nationalisation de ces litt�ratures est agie comme hypoth�se d�une reproduction d�in�galit�s entre le centre et ses p�riph�ries. Ainsi, � titre d�exemple, la litt�rature alg�rienne de langue fran�aise (une des expressions de la litt�rature nationale alg�rienne au c�t� de litt�ratures en langues arabe et berb�res) n�existe pas comme institution d�un pays ind�pendant, elle appara�t, dans les discours intitulant et instituant de la recherche et de la critique d�Occident, comme un conglom�rat d��uvres et d�auteurs jamais assign�s � une qualification express�ment nationale. Et, longtemps, elle a �t� dissoute dans une qualification r�gionale maghr�bine illusoire, qui ne r�pond d�aucune histoire litt�raire commune aux �tats, avant et apr�s leur ind�pendance. �Litt�rature domin�e�, la litt�rature alg�rienne de langue fran�aise a �t� et continue � �tre r�gul�e � de l�ext�rieur � par les instances litt�raires fran�aises (�dition, librairie, critique, �cole, universit�, recherche), qui d�cident et de sa reconnaissance et de sa l�gitimit�. La notion de �litt�rature domin�e� d�signe des p�riph�ries innomm�es. Elle perp�tue un ordre colonial sans les colonies. Dans le vaste domaine francophone, ce ph�nom�ne d�effacement (ou de minoration) des indicateurs identitaires nationaux est lisible dans les histoires, trait�s et pr�cis de litt�rature fran�aise. Lorsqu�elle ne parvient pas � naturaliser �uvres et auteurs de ses anciennes colonies et � phagocyter leur litt�rature, comme elle le fait, depuis une longue date d�j�, pour les litt�ratures europ�ennes de langue fran�aise (Belgique, Suisse), l�institution litt�raire fran�aise les inscrit dans un sombre rayon de son histoire litt�raire. Il est curieux de relever que cette entreprise d�accaparement est n�e dans les ann�es 1960-1970, bien apr�s les ind�pendances du Maghreb et des possessions fran�aise en Afrique �quatoriale et occidentale. Le mode de dominance des litt�ratures des anciennes colonies fran�aises s�exerce principalement sur le plan linguistique, comme si la dette de la langue fran�aise formulait l�ind�passable objet de leur suj�tion. La perte de l�identit� nationale des litt�ratures du Sud se majore d�une crise de l�identit� individuelle, juridique et culturelle des auteurs. Parlera-t-on alors d���criture migrante� ou de �migritude� (Jacques Chevrier, 2004), qui leur reste sp�cifique, moment typique d�une litt�rature fran�aise fusionnelle, qui pr�servera en les nommant son emprise sur les territoires litt�raires de ses ex-colonies d�Afrique ? En 2007, Michel Le Bris (cf. Michel Le Bris et Jean Rouaud, 2007, Hadj Miliani, 2010) introduit dans un manifeste, sign� par quarante-quatre auteurs francophones, dont l�Alg�rien Boualem Sansal, le concept de �litt�rature-monde�. Ce concept aura �t� � la mesure des contre-feux qu�ont allum�s Paris et le champ litt�raire germanopratin pour contenir les vell�it�s de litt�ratures nationales autonomes de leurs anciens sujets (Abdellali Merdaci, 2008). Les strat�gies politiques et �conomiques africaines de la France, confortent aussi des strat�gies litt�raires n�ocoloniales. Les auteurs de la �migritude�, publi�s en France, savent bien entendu en jouer le jeu et finissent par en ma�triser les r�gles, dans l�outrance, le renoncement et le reniement. C�est Roland Barthes (1972) qui �voquait, � propos de Pierre Loti, les soubassements d�une �identit� fictive�. Attardons-nous sur les auteurs alg�riens ou d��origine alg�rienne�, agr��s par l��dition germanopratine, et observons chez eux cette faille identitaire qui peut autant correspondre � celle d�un v�cu obsessionnel, quasi pathog�ne, qu�� une �laboration toute artificieuse. Souvent, ils n�ont m�me pas � justifier, comme chez Yasmina Khadra, l�adult�ration du Nom-du-P�re. Retenons, toutefois, les d�marches des �crivains d��origine alg�rienne �, invit�s de la d�l�gation de l�UE, � Alger. Le d�lire identitaire se r�crit chez Anouar Benmalek en roman familial, entrem�lant les fils de l�histoire coloniale : une grand-m�re suisse, actrice de cirque, perdue au Maroc, se liant � un indig�ne du cru et concevant avec lui une fille qu��pousera, dans les ann�es 1950, un Alg�rien, arriv� dans ce pays pour fuir la guerre, depuis les Ziban en transitant par Constantine. Cette mobilit� dans l�espace et dans les identit�s, Anouar Benmalek, arriv� � la maturit� de l��crivain, en fera un pr�cieux legs, bien coul� dans une nationalit� fran�aise qu�il n�h�sitera pas � demander et qui est dans l�air du temps. La recherche universitaire exploite opportun�ment dans le monde litt�raire occidental ce filon des �identit�s composites� qui s�ach�vent parfois en raptus (Oscar Milosz, Vladimir Nabokov, Curzio Malaparte, Julien Green, Stefan Zweig, Romain Gary, Milan Kundera) et dor�navant dans les �tats du Sud, au recrutement pl�thorique. De ce strict point de vue, Salim Bachi, qui est � son point de d�part ordinairement alg�ro-alg�rien, va avoir le nez creux pour rebondir dans le registre de l��identit� plurielle�. Ce romancier ne d�mentira pas le vocable de �migritude� et il s�y taille un costume ample. Il surinvestit m�taphoriquement, � sa fa�on, le th�me de la mobilit�, � la fois identitaire et g�ographique, en rapi��ant dans un premier roman le mythe d�Ulysse (cf. Le Chien d�Ulysse, Paris, Gallimard, 2001). Il comprendra, en bourlingueur avis� de l�imaginaire, qu�il n�y a dans l��dition parisienne de compl�tude que dans l�abjuration des origines. Il se fera �Fran�ais d�adoption� (cf. O. Hind, �Identit� plurielle : entre alt�rit� et reniement�, L�Expression, 25 janvier 2012). Au plan symptomatique, le terme �adoption� est significatif. La filiation parentale y est � ou consciencieusement ou inconsciemment � extirp�e au b�n�fice d�un travail de r�paration originaire fantasm�e. Dans un entretien avec la journaliste O. Hind (�Pourquoi sommes-nous en marge ?�, L�Expression, 1er f�vrier 2012), Mohamed Kacimi reconna�t explicitement la fin des singularit�s identitaires dans un monde assur�ment �globalis� : �Toute identit� est plurielle d�j�, ethnologiquement, scientifiquement, g�n�tiquement, donc je ne sais pas pourquoi, on se pose la question par rapport � une �vidence historique, g�n�tique et culturelle. On est n� de la multiplicit� de quelque chose�. Mais Kacimi, Benmalek, Bachi, Lakhous et leurs �pigones n�extrapolent-ils pas la v�rit� des faits ? L�origine de leur migration spatiale et culturelle � avec son terme juridique, l�accomplissement dans la naturalisation � provient davantage d�un �transracinement� (Edward Sa�d, 2000), saut volontaire dans une autre culture, une autre nationalit�, un autre pays, sans doute per�us comme plus gratifiants. Font-ils alors valoir l�aptitude, dans la foul�e de trajectoires et de positionnements, toujours atypiques, � n�gocier les th�mes de l�interculturalit�, qui ne se r�solvent que dans un dialogue n�vrotique avec la culture abandonn�e ? Sujets transnationaux, ils dressent dans une inclinaison philosophique, un rien inqui�tant, les limites de l�alt�rit� : selon la formule de Cl�ment Moisan et Renate Hildebrand (2001), ils se transfigurent, dans une enjamb�e de fronti�res, en ��trangers du dedans�. En un mot, doublement �trangers : dans leur pays et dans leur culture originels mais aussi dans ces nouveaux espaces nationaux et transnationaux qui fondent et confondent leur pluralit�. Ce d�sir inabouti d��tre �m�me� et �autre� � Charles Bonn (2010), relisant Bhabha, insistera sur l��hybridit� � est accul� � l�impossibilit� d�un lieu de parole pour l��crivain transnational. Ne restitue-t-il pas ainsi l�identique drame de ceux qu�on a d�sign�s autrefois, dans l�Alg�rie coloniale, sous le vocable d��hommes-fronti�res�, qui ne trouvaient pas le biais pour rejoindre leurs coreligionnaires et les colons europ�ens qui leur servaient de mod�les ? En fait, une image surann�e du pass� qui resurgit dans le pr�sent. Fa�onn�s dans la r�activit� des champs litt�raires europ�ens, comment les auteurs d��origine alg�rienne� � de double, triple et parfois quadruple appartenance � ne souscriraient-ils pas aux identit�s multiples et migrantes qu�ils leur ont �tablies dans la t�nuit� du paradoxe ? Sauf � faire du th�me de leur identit� ind�cise (cette �multiplicit� de quelque chose�) une variation exclusivement litt�raire � ce qui n�aurait manqu� ni d�int�r�t ni d�inventivit� �, les conf�renciers d��origine alg�rienne� sollicit�s par la d�l�gation de l�UE, entendaient, � Alger, disserter sur le monde r�el, en circonvenant celui de la litt�rature. Un �nationalisme� couvert d�opprobre Je retiens de cette discussion euro-alg�rienne sur les �identit�s plurielles� trois observations : 1 - M�me si la r�flexion sur l�identit� nationale � � travers notamment ses figures contestataires urbaines � n�est jamais achev�e dans le groupe social alg�rien, ainsi qu�en t�moignent les arch�types actuels du harraga, du salafi de la burquiste, de l��meutier et de la Star Academy, les Alg�riens du demi-si�cle d�ind�pendance savent, en toute conscience, qui ils sont, et ils le vivent sur leur terre, souvent dans l�irr�pressible souffrance, parfois au prix de leur vie, comme cela a �t� le cas en Kabylie et au M�zab. Face � des Alg�riens, qui le sont sinc�rement, qui ne doutent plus, qui ne sont ni dans l��identit� composite� ni dans le �paradoxe fondamental �, le seul probl�me est celui des entraves politiques � leur libert� d��tre et � ses expressions. La construction identitaire de l�Alg�rien du d�but du XXIe si�cle renvoie moins � comme dans le cas du Liban analys� par Maalouf � � un caract�re labile ou � une fragmentation identitaire (cf. Amine Idjer, �Quelle identit� pour quel individu ?�, Libert�, 26 janvier 2012), qu�aux intemp�rances des pouvoirs politiques qui ne peuvent imaginer un projet national qui rassemble r�gions, langues, croyances (ou incroyances) et cultures. 2- Personnages de deux rives, inauthentiques dans une sc�ne qui ne l�est pas moins, les �crivains transnationaux �d�origine alg�rienne � �panchent et surjouent, � Alger, leur difficult� � �tre alg�riens, tout en se pr�valant de la repr�sentation active et de la nationalit� de pays tiers. Situation tr�s tendance, en v�rit� : le moindre succ�s d�un Alg�rien le transforme potentiellement en qu�teur �perdu de nationalit� �trang�re. Combien de ministres (souvent en exercice), d�op�rateurs de l�industrie, de ma�tres de la finance, d�artistes, d��crivains, de m�decins et de sportifs ont opt� pour l�autre nationalit�, celle qui, pour eux, consacre d�finitivement. Alors m�me que l�id�e de la nation n�a jamais �t� aussi forte en Occident et d�fendue par ses intelligentsias, la perte et le brouillage des origines identitaires et juridiques, tr�s accentu�s en Alg�rie depuis l�instrumentalisation du discours religieux par l�Etat et les partis islamistes devraient �tre �tudi�s. 3- Enfin, ce �nationalisme� couvert d�opprobre (�une plaie�, semble-t-il), tant d�cri� comme un vice r�dhibitoire par l�intelligentsia d��origine alg�rienne�, que l�on entend depuis quelques mois � et aussi en ce mois de janvier 2012 � dans les rencontres �scientifiques� et �litt�raires� � Alger et que l�on lit dans la presse �nationale�. Convient-il de rappeler que la France, nation unifi�e depuis Fran�ois Ier (1515- 1547), dont les chapelles intellectuelles sont si promptes � ch�tier les nationalismes litt�raires des anciennes colonies, prot�ge par des lois l�exception culturelle fran�aise qu�elle �largit aujourd�hui � sa gastronomie et � son art de la table ? Et que les alertes les plus pessimistes sur la post�rit� culturelle de la France et sa pr�sence dans le monde y sont p�riodiquement lanc�es (cf. le dernier essai d�Olivier Poivre d�Arvor, Culture, �tat d�urgence, Paris, Tchou, 2012). Dans toutes les sensibilit�s politiques de la France, il ne trouvera pas un seul parti pour encourager sa disparition en tant que r�alit� nationale forte dans l�Europe unie. Pourquoi l�id�e nationale serait-elle particuli�rement extr�me, honteuse et ha�ssable dans un Etat alg�rien, � peine cinquantenaire, qui doit consolider son ind�pendance ? Le nationalisme culturel et son pendant le nationalisme litt�raire, fougueux chevaux de batailles des acteurs du champ culturel dans les pays d�Am�rique du Nord et d�Europe, qui ne leur sont jamais reproch�s, ne devraient-ils pas �tre stigmatis�s qu�en Alg�rie et par des sujets transnationaux d��origine alg�rienne� ? Comment ne pas voir dans l�agitation de suppl�tifs transnationaux de la pens�e, des arts et des lettres, une prolongation de la guerre d�Alg�rie, sur le terrain des convictions nationales refus�es � leur pays d�origine ? Leur itin�raire dans des hyper-identit�s constitue un �pouvantail. L�incantation postmoderne, qui le sous-tend, arase les identit�s individuelles et collectives et, principalement, celles des nations. L��identit� composite �, qui en est le corr�lat, n�est � depuis la guerre civile des ann�es 1990 qu�a impos�e aux Alg�riens l�islam politique � que le malheureux cache-sexe d�un abandon de leur nationalit� et de leur patrie bless�es. Une �thique de l��crivain national Tout en respectant la libert� de chacun de vivre selon ses engagements id�ologiques, moraux, politiques, religieux et culturels, j�estime que les �crivains transnationaux devraient avoir la loyaut� de se projeter � dans les pays qui les ont accueillis � dans la pl�nitude de la nationalit� qu�ils ont obtenue par un acte volontaire ou dans leur difficult� d��tres divis�s et dans la litt�rature qui en d�coule naturellement. Beaucoup d��crivains �trangers ont �t� assimil�s par la litt�rature fran�aise et ont consacr� leurs carri�res dans les comp�titions de l�gitimit� de leur pays nouveau. Que les �crivains d��origine alg�rienne� prennent la mesure de ce pari. Lorsqu�on accompagne en quatri�me de couverture son nom de la qualit� de Fran�ais d��origine alg�rienne�, il y a l�obligation �thique d�assurer cet �tat en toute responsabilit�. Car peut-on s�abriter sous deux drapeaux � la fois ? Une Alg�rie litt�raire, o� chacun s�exprimera dans la clart� est souhaitable. Les sujets transnationaux, suffisamment pr�sents dans les d�bats publics en Alg�rie et � l��tranger, discourant ici et l�, au nom de l�Alg�rie et de la litt�rature alg�rienne, font entendre une parole au statut imperceptible, qui dit une autre histoire, prof�r�e dans un ailleurs qui n�est ni celui de l�Alg�rie ni celui des Alg�riens, qui ne sont ni dans leur positionnement identitaire et juridique multiple ni dans leur credo de ruptures identitaires. Qu�ils aient donc le courage de leurs choix, et de laisser les �crivains alg�riens faire la litt�rature alg�rienne. Me reprochera-t-on de revendiquer une �thique de l��crivain national pour une litt�rature nationale ? J�entends d�j� hic et nunc les accusations de fermeture au monde, de repli et d�enfermement qu�on n�opposera jamais aux litt�ratures des puissantes nations d�Occident, mais aux seules �litt�ratures domin�es � du Sud qui veulent remembrer leur histoire et leur identit�. Je crois au vieux r�ve d�une litt�rature mondiale de Voltaire, Herder, Young et Goethe et aux �changes litt�raires internationaux qu�elle sugg�re, dans l��galit� et le partage entre nations libres. Et plus encore � une litt�rature nationale alg�rienne forte de ses langues, de ses auteurs, de ses �diteurs, de ses lecteurs, de ses libraires, de sa critique, de son enseignement. Car il n�y a pas de fatalit� pour qu�une litt�rature nationale alg�rienne, inalt�rable signe distinctif de la culture du pays, qui porte les esp�rances des hommes et des femmes qui y vivent, abdique son chant profond et disparaisse dans les m�andres d�une globalisation, avec ses identit�s hybrides et mutantes et ses hi�rarchisations d�un �ge d�chu, qui n�est que l�autre nom des dominations imp�riales et coloniales de jadis. A. M. * Ecrivain universitaire. Enseigne la th�orie litt�raire � l�universit�. Auteur de plusieurs ouvrages dont L�Institution du litt�raire dans l�Alg�rie coloniale (2006) et Alg�rie, une suite allemande (2008) chez M�dersa, Constantine. Editeur d�Omar Samar et Ahmed Bouri. Biographie Bardolph, J. (2002), Etudes postcoloniales et litt�rature, Paris, Champion. Barthes, R. (1972), Pierre Loti : Aziyad� dans Le degr� z�ro de l��criture suivi de Nouveaux essais critiques, Paris, Seuil, coll. Points, pp. 170-187. Bhabha, H. K. (2007), Les Lieux de la culture, Paris, Payot (trad. fran. de Fran�aise Bouillot). Bonn, C. (2010), Litt�rature-monde et hybridit� : l�apport et les limites de la th�orie postcoloniale dans Litt�rature-monde. Enjeux et perspectives, Alger, Hibr, pp. 13-22. Chevrier, J. (2004), Afrique(s)-sur-Seine : autour de la notion de �migritude�, Notre Librairie, revue des litt�ratures du Sud (Paris), n�155-156, juillet-d�cembre 2004. Le Bris, M. et Rouaud, J. [�d.], (2007), Pour une litt�rature-monde, Paris, Gallimard. Maalouf, A. (1998), Les Identit�s meurtri�res, Paris, Grasset. Merdaci, A. (2008), Cahier de lectures, Constantine, M�dersa, pp. 31-45. Miliani, H. (2010), Effets manifestes et vieux d�bats dans Litt�rature-monde. Enjeux et perspectives, o.c., pp. 23-36. Moisan, C. et Hildebrand, R. (2001), Ces �trangers du dedans : une histoire de l��criture migrante du Qu�bec (1937-1997), Qu�bec, Nota bene. Moura, J.M. (1999), Litt�ratures francophones et th�orie postcoloniale, Paris, PUF. Sa�d, E. (2000), Reflections on Exile and Other Essays, Cambridge, Harvard University Press.