Discours le moins que l�on puisse dire historique que celui que le Dr Sa�d Sadi a prononc� ce vendredi � l�ouverture du quatri�me congr�s du RCD � la Coupole du complexe olympique Mohamed-Boudiaf. Historique en ce sens qu�il est voulu un adieu au cours duquel le charismatique leader de l�opposition d�mocratique a annonc� ne pas se repr�senter � nouveau au poste de secr�taire g�n�ral du parti. M. Kebci Alger - (Le Soir) - Une nouvelle qui n�a pas �t� sans susciter une d�sapprobation totale de la tr�s forte assistance qui s�est aussit�t lev�e pour crier � tue-t�te �Sadi pr�sident, Sadi Pr�sident�, ou encore �Sadi sinon rien� et ce, avant que l�orateur ne reprenne la parole pour justifier sa d�cision qu�il dit avoir �m�rement r�fl�chie�. �Je pense sinc�rement que d�sormais, il faut que les jeunes cadres du parti, qui repr�sentent d�j� l�essentiel de la direction, assument leurs pleines responsabilit�s dans les nouvelles �tapes qui attendent le pays�, dira Sadi, ajoutant qu��il est temps que les comp�tences form�es dans et par le parti s�expriment et s�accomplissent�. En pr�cisant sous un tonnerre d�applaudissements : �Je resterai militant car j�estime que l�on n�a pas le droit de revendiquer la libert� et la justice et s�exon�rer d�un engagement personnel dans les luttes qui se m�nent pour la d�mocratie.� A l�adresse de congressistes visiblement abattus dont beaucoup ont laiss� libre cours aux larmes, le d�sormais ex-patron du RCD affirmera que le parti �a largement de quoi faire face pour former, organiser et mobiliser les enfants de l�Alg�rie qui peuvent reconstruire l�Etat, stabiliser la nation et lib�rer la soci�t�, avec, dira-t-il encore, �une r�habilitation de l�histoire fondatrice de notre nation, le parcours emprunt� jusque-l� se confondant avec le cheminement du combat de la dignit� qui restaure, prolonge et actualise celui de nos a�n�s�. Ce qui vous a permis, poursuivra Sadi, �de vous baigner dans une culture politique qui a forc� le respect et l�admiration de nos concitoyens, y compris quand ils sont nos adversaires politiques, vous avez le seul projet politique qui a identifi�, agr�g� et structur� les probl�matiques de votre pays que vous avez r�int�gr� dans son environnement g�opolitique, vous avez des structures qui ont r�sist� � toutes les r�pressions, les provocations et les censures. C�est un bel investissement. Je suis s�r que vous l�honorerez�. Des propos qui ont eu leur effet imm�diat puisque le calme est revenu juste apr�s et les congressistes ayant repris leurs esprits devant cette nouvelle qui leur est tomb�e dessus telle une massue. Mais auparavant, Sa�d Sadi a bross� la situation du pays qui vit, selon lui, �un moment critique de son histoire�. Alors que le pays se retrouve, dira-t-il, au-devant �d�un climat pr�-insurrectionnel national et un bouleversement r�gional annonciateur d�une nouvelle reconfiguration historique des modes de gouvernance dans le Sud, le r�gime en place prend toujours en otage le destin alg�rien depuis cette fatidique ann�e de 1957 quand les forces du mal alg�riennes et fran�aises, coalis�es de fait, ont �limin� Abane Ramdane et Larbi Ben M�hidi. Violence, opacit�, n�potisme et corruption furent et restent � ce jour les moyens par lesquels les dirigeants con�oivent la conqu�te du pouvoir et son exercice.� Face � cette situation, le RCD, affirmera Sadi, est le seul parti � avoir veill� �� entretenir une �thique politique dans un univers de reniement et de pr�dation g�n�rale, pr�server un fonctionnement moderne et d�mocratique dans les rangs, garder le cap de la construction d�un projet alternatif, mettre en �uvre les r�solutions et animer le d�bat national et communiquer dans une vie publique �teinte�. A plus forte raison, dira encore l�orateur, que �dans le logiciel du DRS, notre rassemblement devait, plus que tout autre parti, �tre diabolis� et contenu dans des dimensions et des apparences ne d�passant pas le r�le d�alibi d�mocratique�. Pour la police politique, poursuivra-t-il, �l�Alg�rie de Abane a �t� enterr�e en 1957. Elle ne doit pas seulement �tre combattue, elle doit �tre n�antis�e. Tout ce qui peut la ressusciter ou lui faire �cho doit �tre neutralis� d�s lors que le choix d�un pays domin� par l�islamo-populisme �tait fait une fois pour toutes en 1962�. Et � Sadi de rappeler les derni�res man�uvres des services sp�ciaux quand le RCD avait pris la d�cision de lancer un mouvement de contestation pacifique � l�hiver 2011 avec, dira-t-il, �30 000 policiers mobilis�s pendant 3 semaines par un pouvoir qui pr�tendait avoir remport� les pr�sidentielles avec 90% des suffrages�. Toujours � l�endroit de la police politique qu�il �qualifie� du malheur du pays pour avoir fait de la fragmentation de la collectivit� nationale une strat�gie et un objectif ne s�embarrassant pas de scrupule, en actionnant la justice qui destitue des �lus du parti en violation des lois et r�glements, en voulant pour preuve les cas des maires de B�ni Abb�s et de Berriane pour le simple �crime� commis par le RCD d�avoir pu enlever des mairies en dehors de la Kabylie. Mais, pour Sadi, la police politique pour qui �le pire des dangers est que notre parti engage un combat face auquel les recettes qui ont dissuad�, tent� ou d�courag� tant d�autres sont inop�rantes, �ni les pressions, ni les menaces, ni les d�sinformations ne nous ont atteints. En cela le RCD est un rep�re, un acteur et un vecteur non int�grable dans le logiciel politique qui s�vit depuis plus d�un demi-si�cle en Alg�rie�. Et � propos de l�int�grisme que le r�gime pr�sente une fois de plus comme un �pouvantail pour un vote refuge en sa faveur � l�occasion des l�gislatives de mai prochain, Sa�d Sadi a �t� on ne peut plus clair : �En Alg�rie, l�int�grisme a �t� produit, entretenu et manipul� par les services sp�ciaux.� A l�appui de son assertion, l�orateur dira �qu�au lendemain des ind�pendances du Maroc, de la Tunisie et de l�Alg�rie, notre pays �tait celui qui �tait le plus r�fractaire au fondamentalisme�. Ceci non sans s�interroger pourquoi, comment et pour quels objectifs �la nation alg�rienne est devenue la matrice o� a germ� le ph�nom�ne islamiste avant de contaminer toute la r�gion�. Pour le d�sormais simple militant qu�est devenu Sadi, la r�ponse coule de source : �Depuis la r�union du Caire de 1958 qui a reni� la Soummam, le choix de l�islamo-populisme �tait retenu comme antidote de l�Etat d�mocratique et social qui avait nourri le r�veil alg�rien du XXe si�cle. Et depuis, l�ind�pendance n�a �t� qu�un processus inexorable de mise en �uvre de cette funeste option.� Et � Sadi d��tayer davantage son analyse en affirmant que �d�s 1962, l��cole alg�rienne a �t� livr�e aux Fr�res musulmans �gyptiens avant d��tre investie par les forces les plus r�trogrades du pays. Faire des enfants du peuple des sous-citoyens abandonn�s au sectarisme, � l�inculture et � la haine de l�autre et de soi fut un choix d�lib�r� sur lequel notre peuple devra un jour se donner le droit de statuer, car il s�agit probablement l� de l�un des crimes d�Etat les plus d�vastateurs de notre histoire contemporaine�.