Par Boubakeur Hamidechi [email protected] Ce qu�il y a de sordide dans les spots des partis, que la t�l�vision passe en boucle depuis cette semaine, r�side assur�ment dans le chorus d�indignation qui leur sert de musique �lectorale. M�me les vieilles branches de notre pluralisme de pacotille embo�tent le pas et imitent le ton des nouvelles pousses � peine sorties des limbes d�une administration devenue magiquement prolifique et bienveillante. C�est ainsi qu�unanimement, ils s��meuvent tous de notre d�ficit en mati�re de dialogue social et ne d�sirent rien d�autre que de promouvoir celui-ci � travers leur propre m�diation une fois �lus. Le temps d�une promesse film�e, chaque d�l�gu� eut le loisir d��nonner une tirade r�dig�e dans une langue approximative sans �l�gance, sans accent de sinc�rit� et de surcro�t indigente d�id�es novatrices. C�est dire, qu�en termes de communication, la campagne des l�gislatives est bien mal engag�e. M�me ceux parmi les faux t�nors qui se sont d�cid�s � faire un travail de proximit� se sont retrouv�s face � des salles vides, ou presque. Un vrai four d�j� annonciateur de l�abstention, le jour venu. Car enfin est-il n�cessaire d��tre grand devin pour pronostiquer le risque d�une d�fection �lectorale quand l�ensemble des figurants adoub�s tiennent mal leur r�le ? D�risoires candidats, probablement �list�s� sur la base de crit�res discrets, ils ne semblent gu�re b�n�ficier de quelques pr�jug�s favorables aupr�s d�une opinion plut�t amus�e face au d�cryptage des affiches que s�rieusement int�ress�e par le choix. Certes, il reste encore presque trois semaines pour secouer le cocotier somnolent de l��lectorat sauf que l�on ne voit pas comment le pouvoir s�y prendrait pour battre le rappel des 20 millions de votants annonc�s. C�est que, paradoxalement, cette l�gislative du 10 mai ne sera pas une joute ordinaire n�engageant que la cr�dibilit� des chapelles partisanes. A travers elle, se jouera la l�gitimit� du r�gime de Bouteflika ou du moins ce qu�il en reste. Le chef de l�Etat, l�ayant admis � demi-mot il y a un an de cela, n�est-il pas de ce fait contraint d�impliquer tous les relais de la haute administration (wali et chef de da�ra) ainsi que les laborantins de la justice (les magistrats) pour doper les taux finaux ? Quoi qu�il se dise au sujet de cette Arl�sienne qu�est la transparence, le pouvoir n�est pas dispos� culturellement � admettre le d�saveu que celle-ci risque de lui infliger. Par n�importe quel artifice, il n�exclura pas la possibilit� de r�ussir un bon scrutin afin de se requinquer aupr�s des institutions internationales. C�est de cette pr�occupation primordiale que d�couleront tous les processus qui interviendront dans la tenue de cette �lection. Dans le contexte d�une r�elle lutte pour sa survie, il lui importe peu que la prochaine l�gislative soit constitu�e d�un confetti de groupes. L�important, en ce qui le concerne, est d�afficher une adh�sion �lectorale au vague programme des r�formes qu�il avait d�clin� en avril 2011. Dans les jours � venir, l�on verra et l�on entendra de moins en moins les partis d�rouler leurs pr�dications, par contre, il faudra s�attendre � un vaste d�ploiement de slogans destin�s au conditionnement contre le p�ril de la d�saffection. N��tant qu�accessoirement plus ma�tres de leur destin dans les urnes, les candidats peuvent s�en remettre � la capacit� de la propagande de l�appareil d�Etat pour les renflouer en bulletins. Avec 25 000 postulants pour 462 si�ges avec une probabilit� de 1 �lu sur 55 environ, l�on comprend que la majorit� d�entre eux ne battront pas campagne au nom d�un militantisme platonique. La d�fection des faire-valoir, absents du terrain, fait que m�me les meilleures p�dagogies des partis n�arriveront gu�re � l��lecteur. Or, c�est �galement cette erreur tactique du pouvoir qui, supputant � tort que le laxisme des agr�ments tardifs constituerait un soporifique, va en retour alimenter la tendance taboue du boycott. La dissidence �lectorale existe et a d�j� fait ses preuves par le pass� r�cent. Elle pourrait cette fois encore se manifester face � cette inflation de sigles que l�on a �dict�s sans discernement. Rattrap� par son propre illusionnisme, l�Etat est en train de donner non seulement du grain � moudre � ceux qui tr�s t�t se sont d�marqu�s violemment de sa d�marche mais surtout de r�activer aupr�s de l��lecteur le sentiment que l�on continue � l�embobiner. Voil� comment se rate le vote de la derni�re chance�, selon le nouveau credo d�un pouvoir. Un grand rendez-vous que l�on bricole par le recours � des arithm�tiques douteuses (rajout de 70 si�ges, �largissement de la base �lectorale) finit toujours par accoucher d�une b�r�zina politique� A moins de recourir aux recettes du pass� ! Mais pourquoi alors parle-t-on de �changement et de r�formes� lorsqu�on est soi-m�me incapable d�amender les m�urs de son pouvoir ?