Par Hassane Zerrouky Le conflit arm� opposant le r�gime syrien � une partie de son opposition est en train de s��tendre graduellement au Liban voisin. Apr�s les violents affrontements entre groupes islamistes libanais oppos�s au r�gime syrien et des milices alaouites � Tripoli, deuxi�me ville du Liban, voil� que le conflit commence � atteindre Beyrouth, la capitale du pays. Suite � la mort, dimanche, d�un chef religieux sunnite libanais hostile au r�gime de Damas, tu� par l�arm�e libanaise dans la r�gion du Akkar (Nord-Liban), des affrontements arm�s ont eu lieu lundi � Beyrouth dans le quartier de Tarik el-Jdideh, quartier � majorit� sunnite, faisant deux morts. Ils ont oppos� des partisans du Mouvement du Futur, � majorit� sunnite, parti de l�ancien Premier ministre Saad Hariri, hostile au pouvoir de Damas, et des membres du Parti du courant arabe, petite formation baathiste �galement sunnite mais qui soutient le pr�sident syrien. C�est un fait : la crise syrienne a exacerb� les tensions intercommunautaires au Liban. Elle a surtout donn� du grain � moudre aux islamistes radicaux bas�s � Tripoli, une ville qui, avec ses 40 mosqu�es salafistes et ses dizaines d�ONG islamistes, est devenue la base arri�re des djihadistes qui n�h�sitent plus � passer la fronti�re pour en d�coudre avec les partisans d�Assad. Cette mouvance salafiste compte de nombreux �martyrs� en Syrie. Certains comme Abdelghani Jawhar et Walid Boustani, responsables du Fatah al-Islam, ont trouv� la mort fin avril en Syrie. L�entr�e en sc�ne des djihadistes en Syrie, avec parmi eux des Libyens et des Irakiens, a suscit� l�inqui�tude des Etats-Unis. James Clapper, le patron du renseignement am�ricain, qui a imput� la plupart des attentats suicides en Syrie aux islamistes, a r�v�l� l�existence d�un axe djihadiste reliant Tripoli (Liban) au nord de l�Irak. Mais de l� � accuser le Liban d��tre la source du terrorisme, voire des probl�mes que conna�t la Syrie, comme l�a fait le repr�sentant syrien � l�ONU, c�est un peu fort. Toujours est-il qu�il existe un risque de voir le conflit d�border et entra�ner le Liban dans la tourmente syrienne. Dans cette affaire, le Qatar et l�Arabie saoudite ne sont pas en reste. En mettant au rang de leurs priorit�s la chute du r�gime syrien, s�opposant � toute solution politique entre les parties syriennes en conflit, ces monarchies du Golfe, qui n�agissent jamais sans l�aval des Etats-Unis, portent une part de responsabilit� dans la crise syrienne et ses risques de d�bordement dans les pays voisins. Quant au Conseil national syrien (CNS), que la France de Sarkozy s�est efforc�e de faire l�unique et exclusif protagoniste de cette crise et qui est soutenu par les monarchies du Golfe, il est la proie de dissensions internes qui en disent long sur sa pr�tention � repr�senter l�ensemble de la population oppos�e au r�gime de Bachar al-Assad. Des opposants historiques au pouvoir de Damas comme Michel Kilo n�en font pas partie. R�cemment, Haithma al-Maleh et Kamel Labwani l�on quitt�. Les Comit�s locaux de coordination (CLR), qui organisent manifestations et actions sur le terrain, ont menac� jeudi dernier de se retirer � leur tour du CNS. Ils critiquent la trop grande influence exerc�e par les Fr�res musulmans au sein du CNS. Son pr�sident, Burhan Ghalioun, a d�clar� qu�il ne serait pas �le candidat de la division � et qu�il �tait pr�t � se retirer. Quant � l�Arm�e syrienne libre (ALS), dont Al Jazeera m�diatise les actions(1), personne ne sait � qui elle ob�it. En revanche, on sait que l�ALS �chappe au contr�le du CNS. Une chose est s�re, au stade o� en est aujourd�hui la crise syrienne, plus les jours et les semaines passent, plus s�amenuisent les chances d�une solution politique telle que pr�conis�e par le plan de paix onusien de Kofi Annan. Si le pouvoir � Damas est responsable de ce qui se passe pour n�avoir pas pris d�s mars 2011 la mesure de la crise qui secouait le pays et les aspirations � plus de libert� et de d�mocratie d�une majorit� de Syriens, ses opposants � le CNS et les islamistes � qui refusent tout compromis avec le pouvoir en place, le sont �galement.