Le silence pesant qui entoure la c�l�bration dans moins d'un mois, un �v�nement qui rev�t un caract�re tr�s important dans le c�ur des Alg�riens, nous am�ne � penser que la soci�t� reste indiff�rente � son pass�, m�me au plus haut niveau du gouvernement. Cette ann�e qui marquera le cinquantenaire de l'ind�pendance illustre bien ce manque d'appr�ciation du pass�. Car si l'ind�pendance offre l'occasion de se rem�morer le contexte historique de cette grande �pop�e que bien des nations en ont fait un chef d��uvre du septi�me art, l'acquis qui semble faire la sp�cificit� de l'homme, c'est-�-dire sa libert�, n'a pas �t� facile, mais plut�t sanctionn� par un grand sacrifice. Rien n'est moins simple que le regard port� par les hommes sur leur pass� et l'occasion de le f�ter dans la ferveur et le recueillement, constitue d�s lors ce d�sir sans fin � assouvir sinon il entra�nera irr�m�diablement une sorte de mort spirituelle. Qu'a-t-on fait ces derni�res ann�es pour f�ter cette grande victoire sur le colonialisme sinon r�duire � sa plus simple expression toute manifestation culturelle ? �La condition d'existence de la culture est la lib�ration nationale, la renaissance de l'Etat�, �crivait Frantz Fanon dans les Damn�s de la terre. Car si l'ind�pendance est une fiert� nationale, les hommes qui l'ont arrach�e au p�ril de leur vie, le sont aussi. Si le dixi�me, le vingti�me et m�me le trenti�me anniversaire du si�cle dernier ont connu une ampleur sans pr�c�dent dans la richesse et la qualit� des manifestations organis�es, il faut constater que ce cinquantenaire sera relativement et injustement modeste.