Par Hassane Zerrouky Un taux de participation de 46% au premier tour, entre 35% et 40% au second tour de l��lection pr�sidentielle. Les �masses �gyptiennes� ont boud� le scrutin pr�sidentiel. En d�autres termes, pendant que les Fr�res musulmans et leurs opposants revendiquent bruyamment la victoire de leurs candidats respectifs � on saura aujourd�hui qui sera l�heureux �lu � plus de 60% des 50 millions d��lecteurs �gyptiens ont pr�f�r� rester chez eux. Et si Mohamed Morsi, le candidat du Parti de la justice et de la libert� (PJL), vitrine politique des Fr�res musulmans, l�emportait, se poserait alors la question de sa repr�sentativit�. Il revendique 52% des suffrages exprim�s, soit environ un peu plus de 11 millions de voix sur les 50 millions d��lecteurs inscrits. Autrement dit, s�il est �lu, il le sera par environ 25 % d��gyptiens M�me cas de figure pour son opposant l�ex-Premier ministre, Ahmed Chafiq si par hypoth�se c��tait lui le nouveau chef d�Etat. En cons�quence, au regard d�un tel score, les Fr�res musulmans � puisque ce sont eux qui font le plus de bruit � n�ont aucune raison de pavoiser. Et ceux qui ont parl� un peu trop t�t de d�ferlante islamiste sur l��gypte devraient revoir leur copie. Au regard de la r�alit� de ces chiffres, la vraie question � laquelle il n�existe pour l�heure que des r�ponses partielles, c�est le boycott des urnes par cette majorit� d��gyptiens, dans les conditions d�un pays d�pourvu de traditions politiques d�mocratiques. Confront�s � des difficult�s socio�conomiques aggrav�es par une �conomie en panne, un secteur touristique pourvoyeur important de devises en berne, un fort taux de ch�mage adoss� � une pauvret� end�mique, les �gyptiens n�ont pas pour priorit� l�ultra-moralisation de la soci�t� avec � la cl� des interdits de toutes sortes sortis tout droit de la t�te d�obscurs chouyoukhs qu�on leur propose en guise de programme politique. Ce sont leurs conditions sociales d�existence qui ont d�termin� leur choix de ne pas prendre part au vote et non pas comme le rapportent certains m�dias parce que les militaires tiennent les r�nes du pays. Pour s�en convaincre, il suffit de rappeler que moins de 900 000 voix s�paraient le candidat de gauche nass�riste, Hamdeen Sabahhi, arriv� en troisi�me position avec 4,8 millions de voix (20,36%) de l�islamiste Mohamed Morsi, arriv� en t�te avec 5,7 millions de voix (24,35%) et � peine un peu plus de 200 000 voix d�Ahmed Chafiq (5,5 millions de voix, 23,25%), arriv� en deuxi�me position. Ce qui est peu, quand on sait toutes les saloperies et autres insinuations d�vers�es � l�endroit de Hamdeen Sabahhi, qualifi� d�anti-islam, d�ath�e buvant de l�alcool� et quand on sait qu�il ne disposait pas de la frappe m�diatique qu�ont employ�e les islamistes (Al Jazeera, El Arabyia, radios et journaux, etc.) pour d�tourner les �lecteurs �gyptiens de ce candidat qui a men� une campagne de proximit� ax�e sur la r�duction du ch�mage et de la pauvret�, l�augmentation des salaires et la s�paration du religieux et du politique. Une chose est s�re, ce deuxi�me tour de la pr�sidentielle �gyptienne aura montr� que la mouvance islamiste n�est pas majoritaire �lectoralement. Mieux, cela signifie que son programme politico-religieux n�est pas massivement accept� ! Quant � l�arm�e, en raison de son soutien au r�gime de Moubarak, elle ne vaut pas plus. Elle compte profiter de la confusion post-scrutin pr�sidentiel qu�elle a elle-m�me provoqu�e. Ainsi en a-til �t� quant � la veille du second tour du scrutin pr�sidentiel, la Haute Cour constitutionnelle a dissous le Parlement et l�Assembl�e constituante au motif que la loi �lectorale r�dig�e par le Conseil sup�rieur des forces arm�es (CSFA), qui dirige de fait l��gypte depuis la chute de Moubarak, �tait anticonstitutionnelle, l�arm�e s�est aussit�t arrog�e de fait l�exercice du pouvoir. Mieux, en s�attribuant le pouvoir l�gislatif et budg�taire jusqu�� la fin de l�ann�e, en nommant les membres de la commission charg�e de r�diger la future Constitution, le CSFA a de fait d�pouill� le futur pr�sident �lu de tous les attributs attach�s � la fonction pr�sidentielle. L�arm�e veut donc tout simplement garder la main. D�aucuns se demandent si les derni�res mesures impos�es par l�arm�e ne sont pas l�annonce d�une volont� d�imposer un nouveau calendrier politico-�lectoral, � savoir un retour � la case d�part.