La mobilisation des �l�ments de la garde communale occupe le devant de l�actualit� nationale. L�image, m�prisante, de �gardes champ�tres�, accol�e � ces hommes, fait injure � leur engagement et occulte leurs m�rites. Ils ont fait face aux katibats islamistes, et ont effectu� l�essentiel du travail de s�curisation des populations rurales. A ses d�buts, en 1992-1993, le d�cha�nement de la violence islamiste ciblait de fa�on particuli�re les anciens membres de l�ALN. Ce choix tactique du terrorisme islamiste visait � lui assurer la supr�matie dans les maquis. Les groupes islamistes visaient les moudjahidine, non pas pour r�cup�rer des armes qu�ils n�avaient d�ailleurs pas(1), mais pour neutraliser l�une des capacit�s de riposte que la soci�t� pouvait mobiliser pour leur r�sister. Face aux assassinats quasi quotidiens certains d�entre eux, dont Hadj Fergu�ne de Chlef ou Zidane El Mekhfi de la r�gion de Zbarbar, vont exercer des pressions sur leurs anciens compagnons d�armes en poste au MDN. La menace grandissante et les difficult�s inh�rentes � l�asym�trie d�une confrontation corps d�arm�e/gu�rilla(2) ont fait surgir de la part des anciens combattants une demande simple mais pressante : �Rendez-nous les armes que nous avons d�pos�es � l�ind�pendance �(3). Effectivement, des moudjahidine recevront, individuellement ou en petits groupes, des armes datant des ann�es cinquante( 4). De traqu�s, ils se transforment en traqueurs. Armes � la main, ils se porteront volontaires( 5) pour guider les unit�s de l�ANP et disputer aux groupes islamistes le contr�le des maquis. L�islamisme venait d�essuyer un s�rieux revers. L�exp�rience des premiers noyaux s�av�re concluante, et l��cho aupr�s des unit�s op�rationnelles de l�ANP est retentissant ; ce qui transforme l'exp�rience en dynamique. La d�marche s��tend d�abord dans les limites de la famille dite �r�volutionnaire�, moudjahid, enfants de chouhadas, et anciens �l�ments des services de s�curit�s feront la d�marche aupr�s de l�institution militaire. Tous n�auront pas le m�me engagement aux c�t�s des unit�s op�rationnelles, mais l�intensit� de la confrontation avec l�islamisme va amener d�autres �volutions qui d�borderont ce cadre convenu. En Kabylie, la r�sistance courageuse des villageois d�Igoudjdal servira d�exemple ; et dans la Mitidja, un patient travail de r�seau entrepris par Mohammed Selami va engager un d�cisif combat au �corps � corps� avec les groupes du sinistre Antar Zouabri. Dans la presse, un d�bat public est engag�(6) sur les formes et les conditions de la r�sistance populaire au terrorisme islamiste. Les sollicitations se font plus nombreuses, et le mouvement prend une ampleur et une orientation � laquelle le pouvoir n'est pas pr�s d'acquiescer. De simples citoyens, des syndicalistes, ou des militants d�mocrates se portent volontaires. La vague monte et il n�est pas s�r qu�Alger la consid�re d�un bon �il. Cette dynamique commen�ait � prendre des allures de r�surgence du RPN de feu Mohammed Boudiaf. Et, sur ce plan, le pouvoir ne s�en laisse pas conter ! Jusque-l�, le suivi des armes et des munitions �tait d�volu � des services sp�cialis�s de l�ANP, et l�implication des patriotes demeurait volontaire. Le moment �tait arriv� pour le pouvoir de mettre de l�ordre. Le RND sera mobilis� pour assurer la caporalisation des CVA en les amenant � int�grer ses rangs.(7) Deux cadres administratifs seront arr�t�s pour assurer le contr�le de cette dynamique patriotique. Le premier cadre est celui des Groupes de l�gitime d�fense ; destin� � regrouper les citoyens des zones rurales ou p�ri-urbaines, exclusivement dot�s en armes de chasse, ils n�ont aucune implication aux c�t� des forces de s�curit�. Le second cadre est celui de la garde communale. Les gardes communaux ne diff�reront des CVA que par le fait qu�ils ne sont pas consid�r�s comme des volontaires ; ils seront soumis � un engagement contractuel et astreint � une vie en cantonnement sous le commandement et le contr�le de la gendarmerie. Les effectifs des CVA seront peu � peu r�duits soit par int�gration � la garde communale soit par r�cup�ration de leur armement initial et leur int�gration � des GLD. Ouf, le pouvoir a encore une fois eu chaud� Il a subi la dynamique de r�sistance de la soci�t� au terrorisme islamiste, en a eu une gestion empirique mais il s�en sera assur� le contr�le � temps et, au bout du compte, r�ussi � �viter que le mouvement ne le d�borde. C�est aussi ce qu�il fera avec la subversion islamiste en concluant les accords secrets AIS-DRS, qui paraissent �tre bien plus op�rationnels et plus p�rennes que la constitution de la R�publique. Le probl�me est que l�engagement de ces hommes qui ont combattu pour la vie, et qui ont d�fendu la vie, est un engagement patriotique ! Au-del� des dol�ances mat�rielles qu�ils peuvent avoir, obtenir la reconnaissance de la nation reste ce qui leur tient le plus � c�ur(8). Mais comment le pouvoir pourra-t-il reconna�tre l�utilit� historique de l�engagement des patriotes arm�s (CVA, GLD gardes communaux et rappel�s du Service national) alors qu�il fait de la r�habilitation des islamistes une condition de sa survie ? Encore une question qui met � nu ce pouvoir. M. B. (1) D�s lors que l�ANP a acc�d� � leurs demandes d�attribution d�armes, les moudjahidine ont cess� d��tre des cibles faciles, et leurs assassinats ont chut� de fa�on spectaculaire. (2) Lourdeur p�nalisante de l�un et extr�me mobilit� de l�autre (3) Voir l�interview de Hadj Fergu�ne au Soir d�Alg�rie en 1994. (4) Mass 36, MAT 45 ou PM waffen, carabine am�ricaine. (5) Administrativement, ils recevront la d�nomination de citoyens volontaires arm�s (CVA), trop rude pour �tre usit� sur le terrain o� ils seront connus sous la d�signation de Patriotes. (6) Notamment au travers d�un �change entre Sa�d Sadi (RCD) et El Hachemi Cherif (Ettahadi-Tafat). (7) Un article 120 qui ne dit pas son nom ; le cas de Houch Graud et Boufarik sont �loquants. (8) Voir la plate-forme des Patriotes arm�s http://mob.dz.over-blog.com/articleplate-forme-des-patriotes-armes-71214062.html