La recrudescence des actes terroristes et de banditisme dans la wilaya de Tizi Ouzou pousse les villageois à réclamer leurs fusils de chasse confisqués par l'Etat dans les années 1990. Il faut rappeler que ces armes à feu ont été ramassées par la Gendarmerie nationale juste après l'avènement du terrorisme en Kabylie. Des dizaines de fusils de chasse ont été récupérés par l'Etat au moment où les groupes terroristes voulaient les subtiliser aux villageois. « Ces armes ont été déposées au milieu des années 1990, à l'invitation des pouvoirs publics, pour éviter d'être ramassées par les terroristes islamistes qui cherchaient alors à prendre des armes à feu chez des civils. Mais aujourd'hui, on veut les récupérer surtout avec le climat de terreur qui règne dans la région et l'apparition du phénomène des kidnappings ainsi que des vols à main armée. La situation l'exige », nous dit un citoyen qui a voulu garder l'anonymat. Au début de la décennie noire, les terroristes faisaient des descentes dans les villages pour subtiliser aux civils leurs armes. Mais parfois, leurs incursions leur étaient fatales. La résistance des populations a souvent mis en échec les plans des hordes intégristes. En 1994, dans le village d'Igoudjdal, dans la commune d'Aït Chaffaâ, daïra d'Azeffoun, à une soixantaine de kilomètres au nord-est de Tizi Ouzou, les terroristes avaient informé la population qu'ils allaient passer pour récupérer les armes. C'est à ce moment-là que les villageois se sont organisés pour ne pas céder devant les menaces des islamistes armés qui commençaient à imposer leur diktat à travers les localités de la Kabylie. Dès lors, des groupes de patriotes et de GLD se sont constitués pour mener une résistance citoyenne contre les intégristes armés. Si des dizaines de fusils ont été récupérés par les services de sécurité, d'autres, par contre, ont été utilisés par des éléments des groupes d'autodéfense créés après la multiplication des actes terroristes dans la wilaya. Les localités situées à proximité des massifs forestiers étaient, au milieu des années 1990, exposées aux multiples incursions terroristes. Des écoles, des établissements publics étaient, durant cette période, en proie aux actes terroristes. A Mizrana, dans la daïra de Tigzirt, en 1994, après une descente d'un important groupe d'islamistes armés qui a mis le feu au parc communal, les citoyens n'ont pas tardé à réagir. Dès lors, les villageois ont décidé de réserver une réaction musclée à la horde intégriste. Ils ont réussi à pourchasser les assaillants jusqu'au cœur du massif forestier de Mizrana. Les premiers Groupes de légitime défense (GLD) commençaient spontanément à se constituer dans les villages. A Attouche, dans la commune de Makouda, les citoyens ont mis en échec, en 1995, un grand plan de l'AIS, l'aile armée de l'ex-FIS, qui visait à récupérer des fusils de chasse dans cette localité. Non loin de là, à Iflissen, lors de leur passage pour délester les citoyens de leurs armes, les terroristes ne sont pas sortis indemnes. Et pour cause, un ancien maquisard les a repoussés en mettant hors d'état de nuire deux membres du groupe armé. Par ailleurs, pratiquement aux quatre coins de la wilaya de Tizi Ouzou, des fusils de chasse ont servi, durant la décennie noire, d'armes à la défense contre les hordes intégristes, dans les localités éloignées du chef-lieu de wilaya, notamment. A Azazga, Beni Douala, Larbaâ Nath Irathen, Aïn El Hammam, Ouacifs, Iferhounène, entre autres, des GLD ont été créés pour mener une véritable guerre contre les islamistes armés. Ils voulaient surtout défendre l'honneur des populations.