Pour Abderrahmane Loun�s, Mohia est �le plus c�l�bre des inconnus�. Au-del� de l�humour bien �loun�ssien�, il aurait pu tout aussi bien dire que Mohia est le plus mal connu des hommes c�l�bres. Dans son livre, un essai bibliographique, intitul� justement, �Mohia, le plus c�l�bre des inconnus�, paru aux �ditions El Othmania, Abderrahmane Loun�s, cite le chanteur Ali Ideflawen qui estime que �celui qui veut conna�tre (ou d�couvrir) Mohia, doit conna�tre (ou d�couvrir) ce qu�il a laiss�. Mohia inconnu ? Oui, parce que d�j�, les gens pensent que son vrai nom est un pseudonyme d�auteur. Muhend Uyehya que les gens prennent pour le vrai nom de l�auteur est au contraire le pseudo de Abdellah Mohia n� le 1er novembre 1950 au village Ath Rbah, pr�s d�Iboudraren dans l�actuelle wilaya de Tizi Ouzou. Mohia qui a quitt� ce monde en 2004, est effectivement m�connu, car quand on demande aux gens de parler de lui, ils se contentent g�n�ralement de citer le titre d�une ou deux pi�ces th��trales, sans plus. �Comment faire pour parler de Muhend Uyehya qu�on d�signe par le simple nom de Mohia ? Comment faire pour parler de Mohia, le p�re fondateur du th��tre d�expression berb�re, le Moli�re des ann�es soixante-dix et quatre-vingt, sans tomber dans les clich�s habituels des n�crologues professionnels qui ne font rien que copier les uns sur les autres ?�, �crit Abderrahmane Loun�s. La t�che n�est pas ais�e, d�autant plus que Muhend Uyehya a presque toujours refus� les interviews et que �durant plus de trente- cinq ans, il n�a eu besoin ni de t�l� ni de radio pour se faire conna�tre�. Mohia, math�maticien de formation, a de multiples �fa (r) cettes� (le jeu de mots est de Loun�s). Ainsi, il est po�te, parolier, musicien, auteur dramatique, metteur en sc�ne, com�dien, traducteur�adaptateur, �crivain, etc. Dans le domaine de la chanson, par exemple, il a sign� des �uvres qui seront chant�es par de grands artistes ou groupes kabyles comme Idir, Malika Domrane, Takfarinas, Djurdjura, Ferhat Imazighen Imoula, Ali Ideflawen, Slimane Chabi, Bahi, Imuzagh et d�autres. Apr�s des �tudes au lyc�e Amirouche d�Azazga, Abdellah Mohia rejoint la capitale. En 1969, il est � l�universit� d�Alger o� pendant au moins trois ans, il participe aux cours de Mouloud Mammeri dont il est un �l�ve assidu. En 1973, il part en France pour poursuivre ses �tudes en math�matiques. D�sormais, il va partager sa vie entre militantisme et cr�ation litt�raire et artistique. Le livre de Abderrahmane Loun�s comporte aussi des �choix de textes� de Mohia dont ceux intitul�s �Retour au pays�, �A chacun sa cause�, �Entre hier et aujourd�hui� ou �A chacun sa philosophie�. Ces textes sont en kabyle avec des adaptations en fran�ais. Loun�s a aussi d�nich� �quelques saillies de Mohia�, dont celle-ci : �A un jeune venu lui dire qu�il �tait pr�t � mourir pour tamazight, Mohia r�pond : Tu seras un homme quand tu sauras vivre pour tamazight�. �Ainsi parlait Mohia� est un entretien de Muhend Uyehya r�alis� en 1985 par Hend Sadi pour la revue clandestine Tafsut (printemps en berb�re) du Mouvement culturel berb�re (MCB). �Le fait d�adapter des auteurs contemporains et d�une mani�re g�n�rale des auteurs appartenant � des civilisations diff�rentes de la n�tre, revient encore � situer notre exp�rience v�cue par rapport � celle v�cue par d�autres hommes sous d�autres cieux. A d�faut d�en tirer des r�gles de conduite, la chose au demeurant ne peut que nous aider � faire l��conomie de certaines erreurs, quand il se trouve que celles-ci ont �t� d�j� commises par ces autres hommes�, r�pond Mohia � une question relative aux adaptations. Plus loin, il nous dit en toute humilit� : �Je ne cherche surtout pas � convaincre qui que ce soit de quoi que ce soit. Personnellement, je n�ai absolument rien � vendre. Etant donn� que je ne suis plus moi-m�me s�r de quoi que ce soit, je pense par cons�quent que chacun doit s�assumer, aller jusqu�au bout de sa logique. Mais on ne peut s�assumer vraiment en jouant � des jeux dont on ignore les r�gles, ou encore � des jeux dans lesquels les d�s sont pip�s d�avance. N�ayant moi-m�me aucune certitude ni rien de bien net � proposer, je ne peux d�s lors que m�amuser � d�celer la faille dans ce qui est propos� par ailleurs�. L�entretien se termine ainsi : �En attendant, chacun doit �tre libre d�agir suivant ce qu�il croit �tre ses int�r�ts. Ce qui n�emp�che pas qu�on puisse songer s�rieusement, et ce, d�s � pr�sent, � chercher les issues qui nous permettrait d��chapper � l�obligation qui nous est faite d�avoir � choisir entre l�abrutissement par l�arabo-islamisme ou l�abrutissement par l�alcool.� Le lecteur trouvera enfin un chapitre sur �L�humour et le th��tre berb�res d�expression kabyle : des arts occult�s�, sign� Abderrahmene Loun�s. La lecture de ce tr�s int�ressant ouvrage, permettra aux lecteurs de mieux conna�tre �le plus c�l�bre des inconnus�. Kader B. Essai bibliographique Mohia, le plus c�l�bres des inconnus de Abderrahmane Loun�s. Editions El Dar El Othmania (Alger).149 pages. Ann�e. 2012.