Quelle que soit leur situation : �vinc�es du syst�me scolaire, sans qualification, au ch�mage ou d�sirant changer de m�tier, les Alg�riennes se secouent les puces. Elles sont de plus en plus nombreuses � suivre des formations li�es au m�tier de la beaut� et de l�esth�tique. En poussant la porte de La Main d�Or, une �cole de formation sise � la rue Hassiba-Ben- Bouali, nous avons �t� frapp� par la pugnacit� et la niaque de toutes ces femmes venues apprendre les secrets de ces m�tiers tr�s recherch�s en ces temps o� l�apparence vaut son pesant d�or. Bon nombre d�entre elles ont aval� des centaines de kilom�tres, quittant le cocon familial pour d�crocher le s�same qui leur permettra d�ouvrir leur propre enseigne. Nous les avons rencontr�es au sein de cette �cole. Travailler pour gagner plus Jamais les m�tiers li�s � la coiffure et � l�esth�tique n�ont autant attir� les Alg�riennes. Un cr�neau en plein essor qui int�resse non seulement les candidates dot�es d�un CV vierge mais �galement les femmes actives. Enseignantes, m�decins, avocates ou ma�tres assistantes � l�universit�, ces �winners� bousculent leur emploi du temps. Elles font des pieds et des mains pour s�am�nager ne serait-ce qu�un jour par semaine afin de se glisser dans la peau d�apprenties esth�ticiennes. Sabrina Larbi (49 ans), prof en esth�tique, a vu d�filer des brochettes de stagiaires bard�es de dipl�mes universitaires �Elles exercent d�j� une profession ou sont �tudiantes � l�universit� mais ne comptent pas en rester l�. Avec un dipl�me suppl�mentaire en coiffure ou en esth�tique, elles peuvent am�liorer leurs revenus en travaillant � domicile ou en se d�pla�ant chez les clientes. D�ailleurs, ce proc�d� est tr�s en vogue actuellement. Une petite annonce sur internet, leur mat�riel portatif sous le bras, et hop, elles filent chez la cliente. En travaillant les wee-kends et apr�s les heures de bureau, ces femmes ambitieuses mettent du beurre dans leurs �pinards. Le bouche-�-oreille aidant, elles parviennent ainsi � �toffer leur client�le et � rentabiliser leur formation�, explique-t-elle. G�te et couvert D�autres stagiaires ont carr�ment chang� de cr�neau, quittant leur emploi du jour au lendemain. Narim�ne (25 ans) a dit adieu � l�univers r�barbatif de la gestion lui pr�f�rant celui plus soft des produits de beaut�. �Je bossais comme gestionnaire dans une promotion immobili�re. Mon patron m�exploitait tellement que je n�avais plus une minute � moi. Un jour, j�en ai eu ma claque et j�ai d�cid� d�aller vers une formation qui me permettrait de m�installer � mon propre compte. Voil� comment j�ai atterri ici. Une fois mon CAP de coiffure et d�esth�tique en poche, j�envisage d�ouvrir un institut de beaut� � Bousma�l, mon lieu de r�sidence�, confie-t-elle. Devant l�affluence de filles arrivant des quatre coins de l�Alg�rie, cet �tablissement a pouss� les murs de son �tablissement afin d�y am�nager un pensionnat et offrir un h�bergement � ces stagiaires. �Elles viennent de partout, Batna, Setif, B�char, Tizi Ouzou, B�ja�a, Mila, Constantine�, nous r�v�le Fa�za Aberkane (40 ans), directrice de cette structure. C�libataires pour la plupart et issues de familles conservatrices, pas question pour elles de d�barquer comme des fleurs, sans chaperon. �G�n�ralement, un membre de leur famille � le p�re ou un oncle� vient en �claireur. Une fois rassur� sur le s�rieux de notre enseigne, l�inscription peut se faire. Il faut dire que la demande �manant de filles venant de villes de l�int�rieur du pays est �norme. Le d�ficit en �cole de formation professionnelle dans ces r�gions est criant. Tr�s peu d�entre elles ont la chance d�avoir un membre de leur famille r�sidant dans la capitale, d�o� mon id�e de cr�er ce pensionnat�, ajoute notre interlocutrice. Nous avons �t� � la rencontre de ces filles qui ont coup� le cordon ombilical avec les leurs durant quelques semaines, mettant les bouch�es doubles afin de parfaire le b.a -ba de la manucure, p�dicure, onglerie, coiffure, massage, soins du visage, maquillage� Khawla (19 ans) a �t� �ject�e du syst�me scolaire en deuxi�me ann�e secondaire. Lasse de scruter le plafond de sa chambre, elle a rep�r� sur internet cette �cole qui offre aussi un h�bergement. �J�habite Bordj- Bou-Arr�ridj et je ne connais personne � Alger. Mon p�re m�a accompagn�e pour s�assurer que tout est ok. Ma motivation principale est d�apprendre un m�tier qui me permette de gagner ma vie. A Bordj-Bou-Arr�ridj o� j�habite, il y a beaucoup de coiffeuses mais pas de salons d�esth�tique. J�ai assez de place � la maison pour am�nager un SPA alors il ne me reste qu�� d�crocher mon dipl�me�, confie-t-elle. Moufida (25 ans) est arriv�e il y a un mois de Batna. Elle aussi a voulu saisir sa chance en apprenant un m�tier qui lui ouvrira des portes. �Je ne voulais pas voir ma vie filer sous mes yeux en me roulant les pouces. J�ai pr�vu de louer un local et de me sp�cialiser dans le domaine de la haute coiffure�, nous r�v�le-t-elle. Etre autonomes, subvenir � leurs besoins, meubler leur temps sont autant de motivations qui poussent ces femmes � parcourir des centaines de kilom�tres pour acqu�rir un savoir-faire. Divorc�e et m�re de deux fillettes, A�cha (33 ans) a quitt� B�char, sa ville natale, il y a deux mois. �J�ai encha�n� les formations afin d��tre op�rationnelle d�s mon retour � Bechar. Je dispose d�un logement que je vais am�nager en institut de beaut�. Avec un statut de divorc�e et deux filles � �lever, je ne peux compter d�sormais que sur moi-m�me�, estimet- elle. Quel que soit leur �ge ou leur statut, ces femmes sont toutes anim�es par le m�me d�sir : apprendre un m�tier o� le mot ch�mage n�existe pas. Etre autonome financi�rement est un d�fi pour ces femmes qui en veulent. A la fin de leur formation, elles brandissent leur dipl�me comme un troph�e de guerre et se lancent un nouveau challenge. Se faire un nom et une client�le en mettant en pratique ce qu�elles ont appris � La Main d�Or. Bon vent !