De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari A l�invitation d�eurod�put�s, en majorit� du groupe d�amiti� du Parlement europ�en (PE) avec l�Alg�rie, Messahel (Affaires africaines et maghr�bines) a eu � passer un int�ressant oral dans l�enceinte de la prestigieuse Chambre de Bruxelles - Strasbourg. Cependant, c�est sur la question Mali-Sahel o� le ministre alg�rien �tait le plus attendu et a �t� le plus convaincant. Articul�e autour de six points axiaux, la vision de l'Alg�rie n�est ni ang�lique, contrairement � ce que d�aucuns malintentionn�s le distillent, ni aventuri�re et/ou aventureuse. Cela vaut la peine d�y revenir. Les six commandements �nonc�s par Messahel � Bruxelles (un r�gime l�gitime consensuel, les parties � la future n�gociation doivent se d�marquer du terrorisme, du crime organis� et affirmer l�int�grit� territoriale du Mali, le red�ploiement de l�Etat est le troisi�me principe, le quatri�me �tant une lutte implacable, sans merci, dans la dur�e contre le terrorisme et le crime organis�, le cinqui�me axe est l�implication de la communaut� internationale dans la grave catastrophe humanitaire, d�j� existante et appel�e � s�aggraver, enfin, et c�est le sixi�me pilier, le d�veloppement de la r�gion). Lors des interventions des euro-parlementaires, pour la plupart inquiets d�un �ventuel ensablement de l�arm�e fran�aise dans cet espace g�ographique, immense, immens�ment riche et dont les particularit�s sociologiques, culturelles et historiques ne doivent pas �tre prises � la l�g�re, la r�ponse, la seule d'ailleurs empreinte de bon sens, est le �bin�me s�curit�-d�veloppement � que Messahel d�veloppera tout au long de son magist�re et qui, de toute �vidence, ne peut �tre ni contourn� (comment ?) ni sous-�valu�. Ce qui serait improductif et surtout dangereux. D�o�, c�est une conclusion logique d�coulant de doctrine alg�rienne, l�ouverture de l�espace a�rien du pays aux avions de combat fran�ais. C��tait n�cessaire et c��tait une fa�on appropri�e et idoine pour emp�cher un Etat- Qa�da dans cette r�gion sensible du monde. En plus, l'Alg�rie a encore apport� sa contribution directe, pratique et efficace en fermant ses fronti�res avec le Mali (14 000 km, tout de m�me, dans les paroles, cela est facile � prononcer, mais dans les actes, c�est une autre histoire). Des repr�sentants du Parlement europ�en ont, ensuite, �voqu� la question touar�gue et ses �ventuelles r�percussions sur une issue, favorable ou pas, du conflit. Les r�bellions touar�gues n�ont pas commenc� en 2012 et � Messahel de rappeler celles de 1963, de 1990, de 2010. Pour autant, si l�int�grit� �physique�, territoriale malienne n�est pas n�gociable, aux yeux de l'Alg�rie le pouvoir peut se discuter au Mali. Il faut �tre aveugle, comme le pr�cisera apr�s la rencontre, un eurod�put�, pour ne pas admettre qu�il faut qu�il y ait, sous une forme ou sous une autre, une repr�sentativit� touar�gue r�elle et cr�dible dans les futures instances maliennes. Pour autant, le Nord-Mali n�abrite pas que des communaut�s touar�gues, il existe d�autres civilisations et ethnies aussi vieilles que les Touar�gues, Tamachekt, arabes. Si cela n�a pas �t� trait� longuement lors des d�bats eurod�put�s-Messahel, la future configuration de l�Etat malien doit faire l�objet d�une r�flexion, tout d�abord, ensuite d�applications cr�dibles. Le Mali futur ne sera pas au plan institutionnel, une r�plique � l�identique de ce qu�il a �t�, les m�mes causes produisant les m�mes effets, l�on reviendrait, indubitablement, � la case d�part, dans une situation humanitaire, militaire, paramilitaire et politique davantage explosive. Salafranca, du principal groupe du Parlement europ�en, un militant cr�dible et s�rieux du rapprochement avec l�Alg�rie, et les autres eurod�put�s qui ont invit� Messahel ne voient pas d�inconv�nient, pourvu que l�int�grit� territoriale du pays soit garantie, � ce que le Mali devienne un Etat f�d�ral, voire conf�d�ral. Pour ainsi dire et pour revenir � la vieille sagesse chinoise, �qu�importe la couleur du chat, pourvu qu�il attrape les souris�. Cependant, acter et l�gitimer les commandements alg�riens sur le Mali et accr�diter l�expertise alg�rienne au Sahel ne suffit pas, ne suffit plus. Il faut travailler sur du concret, sur du palpable et commencer par le commencement. Pr�sentement, il faut d�abord assurer un continuum pratique � ce que le ministre alg�rien d�finit comme le bin�me s�curit� et d�veloppement. Piq�re br�lante de rappel : Messahel relate aux parlementaires de l�UE l��go�sme de Bruxelles-Europe lorsqu�il s��tait agi, dans une p�riode pas tr�s lointaine, o� il fallait rajouter quelques milliers d�euros pour achever la Transsaharienne dans son tron�on malien. Alors m�me que le gros �uvre, les grands investissements et les grands efforts financiers �taient faits par l�Alg�rie. Proclamer de belles paroles est bien, tr�s bien, mais r�aliser, investir pour fixer durablement les populations sah�liennes chez elles est meilleur, plus judicieux, c�est du gagnant-gagnant pour tous. Si les eurod�put�s ont agr�� l�expertise de Messahel, il y a, n�anmoins, loin de la coupe aux l�vres. Croire que d�s demain, ou peut-�tre avant comme le r�vent certains utopistes, le Sahel deviendra, en un tour de baguette magique, un havre de paix, o� il suffira de prendre un billet d�avion de Paris, Rome, Bruxelles, Lyon, Londres ou Berlin, en low cost ou pour les plus ais�s en vols r�guliers vers Tamanrasset, Tombouktou, Gao, Kidal ou Bamako pour, d�s le pied d�avion, rencontrer des dromadaires, de belles nanas et la beaut� du d�sert, est illusoire pour le moment. Cela peut venir, sans doute cela arrivera-t-il un jour. Encore faut-il travailler s�rieusement et de fa�on g�n�reuse, r�ellement g�n�reuse, sur le bin�me �s�curit�-d�veloppement�. Il est vrai, cependant, que le Sahel est l�une des plus belles r�gions du monde. Il fut un temps o� le Paris-Alger-Dakar, devenu par un complot m�diatique le Paris-Dakar, �tait l�un des �v�nements sportifs et touristiques les plus int�ressants au monde. Et le rallye �tait l�un des plus �s�rs� de la plan�te. Les Europ�ens dans leur �go�sme l�gendaire ont cru bon, au lieu de penser les causes qui ont emp�ch� le d�roulement de la manifestation sportive universelle et d�y trouver les solutions idoines, de la transf�rer vers... l�Am�rique latine. Pour ceux qui l�ignorent encore, le Paris-Alger-Dakar ou le Paris-Dakar comme l�ont souhait� des ignorants � la l�gendaire d�testation de l�Alg�rie, se d�roule, annuellement, dans le continent cher � Simon Bolivar, les fr�res Castro, Che Guevara et Hugo Chavez. Selon les eurod�put�s, nombreux, comp�tents et ma�trisant parfaitement leur dossier, les choses devraient �voluer dans le bon sens � l�avenir. Reste � convaincre les d�cideurs de la Commission, en fait le gouvernement ex�cutif des 27, ce qui est une t�che ardue mais pas impossible. Des fr�missements sont, il est vrai, perceptibles et des voix, de plus en plus nombreuses ici, � Bruxelles, accordent de plus en plus de cr�dit � l�expertise sah�lienne de l�Alg�rie. Demain, le Sahel, donc, se r�veillera en voie de d�veloppement, avec des caps clairs et des plans d�action justes et r�alistes ou il ne se r�veillera plus jamais. Si cette direction est prise, il y a un sens � la lutte antiterroriste, � l�intervention militaire et au r�tablissement dans ses pr�rogatives de l�Etat Mali. Si tel n��tait pas le cas, il faudrait craindre le pire. Les commandements de Messahel � Bruxelles abondaient dans ce sens. N�anmoins, pour ce faire, il faut passer des paroles aux actes. Le surlendemain, lors du Forum de Crans-Montana, cette ann�e d�centralis�e � Bruxelles, Messahel interviendra dans le panel D�fi majeur global de l�Afrique autour de la th�matique, �la s�curit� et son influence sur les relations internationales et l��conomie : bouleversements s�curitaires dans la zone sah�lo-sah�lienne �. Dans le m�me ordre de pens�es, le responsable alg�rien d�veloppera les options, les choix et les marqueurs qu�il a eu � �voquer avec les eurod�put�s. Le plus int�ressant � relever est que beaucoup de pays, d'ensembles r�gionaux, des lobbies �conomiques d�Europe, d�Asie et d�Am�rique, des ONG et diff�rentes personnalit�s marquantes abondent dans le sens de l�analyse alg�rienne. Lors du grand magist�re politico-�conomique de Crans-Montana, les d�l�gu�s de l�Afrique du Sud, du Nigeria, du Niger, du Burkina Faso, du Liberia, du Cap-Vert ont, dans leur ensemble, expos� leurs id�es qui, � des variantes pr�s, rejoignent celles de l�Alg�rie. La nouveaut�, en fait, et c�est un �l�ment qui aura son pesant politique d�or les d�cennies � venir, est l��clatement, crise malienne passant par l�, de l�espace traditionnel africain et l��mergence de p�les d�int�r�t nouveaux qui n��pousent pas, n�cessairement, les sentiers battus d�antan. Le S�n�gal, par exemple, se rapproche politiquement de l�Alg�rie et, sur beaucoup d�enjeux majeurs, rejoint notre pays, ce qui n��tait pas le cas auparavant. Le Dakar de Senghor �tait loin, l�on s�en souvient, de pouvoir ou m�me de pouvoir �pouser la d�marche d�Alger. Apparemment, ce n�est plus le cas, m�me si du chemin reste encore � faire pour une concordance totale du tempo politique. Les Africains, conscients que l�Union europ�enne dans son �volution actuelle, ne peut donner que ce qu�elle a. Comme la plus belle fille au monde. Par les temps pr�sents, il faut le relever, l�Union europ�enne, en crise majeure, d�sargent�e, d�sindustrialis�e, ne peut pas, c�est certain, porter � bout de bras les �conomies des pays africains. A supposer qu�elle l�ait fait auparavant. Seule une d�marche consensuelle, approuv�e par les deux parties Afrique- Europe, rive-sud/rive-nord, Sahel-espace europ�en, Sud-Nord, Union africaine- Union europ�enne, on peut mettre les intitul�s ou les g�n�riques que l�on veut, l��quation est simple. Il faut se d�partir des visions unilat�rales et paternalistes, deux marques de fatigue de l�Europe, pour admettre l�Autre, la vision de l�autre, ses inqui�tudes, ses angoisses, et, enfin, reconna�tre qu�une �Fran�afrique� revue et corrig�e puis revendue sous l��tiquette �Eurafrique� n�est plus possible. Si Fran�ois Hollande a pu avoir un large consensus africain pour l�intervention militaire fran�aise au Mali, c�est aussi et surtout parce qu�il n�a pas pris de haut et de court les chefs d�Etat de la C�d�ao et a pris la peine de dialoguer, s�rieusement, avec l'Alg�rie. La d�marche est honn�te, il est vrai. L�avenir dira s�il n�y a pas d�arri�re-pens�es et des calculs inavou�s. Auquel cas, le Sahel rejoindra le monde des t�n�bres. Crans-Montana, apr�s le Parlement europ�en, a d�livr� la m�me ordonnance pour soigner ce grand malade qu�est le Sahel.