Le pouvoir de cr�ation par l'imagination nous apprend que le r�ve �veill� perturbe le psychisme humain et qu'il est n�cessaire, voire indispensable de le chasser pour l'emp�cher de se former. Les conditions favorables � son �closion sont fort connues, elles s'articulent autour des grands axes de la mobilit� de l'esprit et l'oisivet�. Il n'existe aucune autre alternative pour s'en d�barrasser que combattre la dispersion mentale et occuper agr�ablement ses moments de d�tente. M�me si quelques sp�cialistes des neurosciences, notamment la psychologie et la psychanalyse, avancent que le mental aime la dispersion, il n'en demeure pas moins qu'elle affecte l'esprit qui n'arrive plus � se fixer sur son occupation habituelle, � savoir le travail et les loisirs. Le r�ve �veill� est cette fixation qu'une id�e principale se trouve dans le champ de conscience psychologique, deux ou trois autres id�es se gr�vent � elle, perturbant ainsi l'attention et entra�nant irr�m�diablement un amoindrissement de la concentration du sujet atteint. Depuis quelques ann�es d�j�, une grande partie de la population active ou non est atteinte par cette pathologie g�n�r�e par la chert� de la vie, le manque de distraction, le ch�mage, l�ins�curit�... Ce mal lancinant qui s�vit rageusement touche beaucoup plus les jeunes dont les difficult�s de la vie se r�percutent sur le corps et s'impriment sur le visage. L'amertume qui domine d�s lors chez ces jeunes ch�meurs a provoqu� chez eux cette dispersion mentale et que l'esprit n'arrive pas � se fixer sur son probl�me actuel, chercher et trouver un emploi stable et d'avenir, d'autres id�es secondaires occupent son esprit, divisant ainsi l'attention de sa priorit�. Cet �tat qui ouvre toutes grandes les portes du r�ve �veill� sape le moral. Ses cons�quences funestes peuvent conduire � l'obsession, tant que la personne se perd dans les m�andres de sa pens�e qu'elle va alors imaginer diff�rents sc�narios dans une situation de tension. Un ch�meur de longue date ne peut pas �chapper � cette fatalit� quand le sentiment de diminution de la force d'exister dans un pays ind�pendant et prosp�re, vit la t�te dans les vapes et le bon sens n'est plus du tout au beau fixe. M�me si les pouvoirs publics ne sont pas encore en mesure de r�sorber le ch�mage ambiant, en attendant de d�canter le paysage lugubre, n� de la situation qui pr�vaut et la r�verie conduit souvent � commettre des actes irr�fl�chis, il existe bien des moyens de l'occuper. Par le pass�, m�me si le ch�mage existait bel et bien mais � un faible taux, la culture de masse comblait cette lacune. En effet, les maisons de jeunes offraient cette possibilit� de s'adonner � des occupations faciles et accessibles, qui fournissaient des r�cr�ations agr�ables et souvent r�mun�ratrices : - la musique - la peinture - le dessin - la s�rigraphie - la photographie, etc. On occupait ces jeunes pour les pr�server de l'ennui, de l'oisivet� dans le seul souci de leur �viter de tomber dans la r�verie. Les moniteurs, instructeurs qui pr�sidaient � l'enseignement au sein de ces �tablissements, apportaient une attention particuli�re aux jeunes dans leurs travaux, sachant au demeurant que rien ne porte plus pr�judice � la sant� morale que de laisser vagabonder son imagination. Sous la f�rule de l'Etat, ces jeunes gens se conduisaient sagement dans la vie et les meilleurs recueillaient les succ�s auxquels leurs dons et apprentissage leur permettaient de pr�tendre. Quant aux plus �g�s, le travail permanent leur rendait la vie agr�able, ils perfectionnaient leur m�moire et enrichissaient leur imagination cr�atrice. L'acquisition de l'exp�rience au travail constituait un facteur non n�gligeable pour r�soudre les situations jug�es apparemment difficiles. Elle les pr�servait de l'ennui pour emp�cher la formation du r�ve �veill�. Les loisirs �taient aussi un moyen de ressourcement pour d�velopper une puissance de concentration morale. Comment une vie heureuse pourrait-elle s'�difier sur la base du ch�mage ? Sans le travail qui englobe une charge affective, l'homme est condamn� d�s lors � l'errance avec toutes les cons�quences que cela implique. Le d�mant�lement du tissu industriel qui �tait alors dynamique et promu � un bel avenir fut pour beaucoup dans ce qui nous arrive. La faiblesse de l'industrialisation est consid�r�e comme la caract�ristique des plus �videntes des pays du Sud, � tel point que les t�nors de l'�conomie mondiale ont fait du terme sous-d�veloppement un synonyme de non-d�veloppement. L'Alg�rie, dans les ann�es soixante dix, consciente du danger que pr�sentait la d�pendance de ses richesses fossiles, l'industrialisation et la croissance �conomique, constituant d�s lors la panac�e, devenaient une option fondamentale. En ce qui concerne l'�cologie verte que l'on pr�ne pour le respect de l'environnement par la production de l'�lectricit� par exemple, l'Alg�rie fut l'un des premiers pays � construire des panneaux solaires dans son usine de Sidi-Bel-Abb�s (Sonelec) et les �oliennes en son usine de Berrouaghia. A l'avant-garde du modernisme, l'Alg�rie se fraya un chemin si �troit soit-il dans le monde industriel. La bataille contre le ch�mage se gagnait chaque jour avec le pari gagnant : l'industrialisation !