Faute d'un marché, le géant français Michelin a décidé d'arrêter l'activité industrielle de son unité de Bachdjerrah à Alger. Il a, néanmoins, trouvé une «solution responsable», pour reprendre les termes du directeur général de Michelin Algérie, afin de rester sur le marché algérien et surtout de ne pas livrer les 500 travailleurs de l'unité au chômage. Lyas Hallas-Alger (Le Soir) - Dans une conférence de presse tenue conjointement hier, à l'hôtel Sofitel d'Alger, le président de Cevital, M Issad Rebrab et le directeur général de Michelin Algérie, M. Igor Zyemit, ont expliqué les raisons ayant justifié l'option économique suivie par le leader mondial du pneumatique et le premier groupe privé algérien quant à la reprise par ce dernier de l'unité de Bachdjerrah. La taille de l'usine des pneus en question, qui tourne à 50 % de ses capacités depuis deux ans déjà, ne lui permettait plus de survivre et celle du marché algérien ne justifie pas, économiquement parlant, son extension. «La taille critique d'une usine de pneus qui était de 200 000 pneus/an pour les gros porteurs et 1,5 million pour les touristiques dans les années 1960 est de l'ordre de 1,5 million de pneus/an pour les gros porteurs aujourd'hui et de 5 millions pour les touristiques. Or, le marché algérien ne peut absorber que 600 000 pneus poids lourd et environ 4 millions pneus pour les touristiques et ce, toutes marques confondus», a estimé le DG de Michelin Algérie. Aucun licenciement n'est prévu Si Michelin subit de plein fouet les effets de la crise économique mondiale à cause d'un marché européen déprimé, l'unité de Bachdjerrah n'est pas la seule du groupe qui va arrêter son activité industrielle, le partenaire trouvé pour représenter la marque, Cevital en l'occurrence, s'il est en mesure d'investir dans une usine, ne peut miser sur la portée du marché algérien. Elle ne justifie pas l'installation d'une usine pour n'importe quel fournisseur dans le secteur des pneumatiques. Ainsi, la décision a été prise de maintenir la commercialisation des pneus Michelin à travers Cevital comme représentant officiel et exclusif. Le contrat de partenariat annoncé hier, stipule que le groupe algérien reprend 67 % des parts de la filiale Michelin Algérie. Une cession opérée à la faveur d'une augmentation du capital social de la société. Les 33 % restantes vont également être cédées à Cevital mais, d'ici la fin de l'année, soit après que l'unité de Bachdjerrah cesse définitivement son activité industrielle pour pouvoir évaluer son fonds de roulement. Quant aux personnels de cette unité de production, ils auront le choix entre intégrer des usines de Cevital ou toucher une indemnité. «Nous allons offrir des emplois à tous les personnels, industriels, administratifs et commerciaux de Michelin Algérie. Nous allons ouvrir une usine de fenêtres à Bordj Bou-Arréridj qui va générer 3 000 postes d'emploi. La reprise de 500 travailleurs ne nous posera aucun problème. D'autant qu'ils ont été formés à des valeurs que nous partageons entièrement avec Michelin. Pour ceux qui ne veulent pas travailler chez Cevital ou qui choisissent de se lancer dans d'autres activités professionnelles ou libérales, Michelin leur versera une indemnité de plusieurs mois de salaires», a précisé M. Rebrab. Et à M. Zyemit de conclure : «C'est une solution responsable, juste et équitable». Il convient enfin de signaler que l'usine de Bachdjerrah a été construite en 1959 et a sorti son premier pneu en 1963. Elle a enregistré un arrêt d'activité de neuf ans à partir de 1993 à cause de la situation sécuritaire difficile de l'époque avant de reprendre en 2002 avec de nouveaux équipements. Mais l'unité n'a pu survivre dans un contexte économique difficile et ses responsables se sont vite rendus à l'évidence de la logique industrielle qui prévaut dans le marché des pneumatiques de ce début du siècle.