Après New York, Londres, Le Caire, Lagos et une dizaine d'autres capitales africaines, le rapport économique sur l'Afrique 2013, que publie chaque année la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique (CEA), a été présenté hier à Alger par le Dr Nassim Oulmane, économiste en chef du bureau Afrique du Nord de la CEA. Intitulé «Tirer le plus grand profit des produits de base africains : l'industrialisation au service de la croissance, de l'emploi et de la transformation économique», ce nouveau rapport, récapitulant les tendances économiques et les opportunités à saisir sur cette zone géographique, se démarque néanmoins du «dutch diseases» et du consensus de Washington. Plus optimistes quant à l'avenir du continent, les rédacteurs du rapport pensent, en effet, que les ressources naturelles ne sont pas une malédiction. De même qu'ils placent les politiques publiques au cœur de la stratégique de développement, les mécanismes du marché n'étant pas suffisants pour mettre fin à la désindustrialisation des pays africains. Les ressources naturelles, a noté le rapport, qui constituent un facteur de vulnérabilité pour bien de pays, peut offrir un avantage comparatif indéniable pour s'insérer dans la chaîne mondiale de valeur, notamment dans le contexte économique actuel. Un contexte où la croissance moyenne du continent tourne autour de 6% au moment où l'Europe affiche des indicateurs entre 0 et 1%. Par ailleurs, si les échanges commerciaux redémarrent et les Africains renforcent leurs liens avec les économies émergentes, de nouveaux acteurs qui diversifient les sources de cette croissance, la diversification des exportations reste faible pour la plupart des pays africains et les résultats du développement social sont mitigés par rapport aux objectifs du millénaire, notamment en matière de création d'emplois décents. Une tendance expliquée par les limites des politiques industrielles mises en œuvre. Les rédacteurs du rapport appellent ainsi à tirer profit des importantes dotations en ressources naturelles et de la flambée des prix de ces produits de base. Le Dr Oulmane, a donné plusieurs exemples pour illustrer son propos sur le manque à gagner lié à la non-mise en valeur des produits de base comme le café, dont les agriculteurs africains ne touchent que 10 % du prix final au détail du produit, ou encore le cacao qui profite à la filière suisse du chocolat. «En Europe, plus le produit est transformé, plus il est protégé par des barrières douanières, et c'est ce qui explique que les pays africains exportent plus facilement les matières premières ou les produits de base», a-t-il conclu. En ce sens qu'il a estimé qu'une industrialisation massive fondée sur les produits de base est un impératif réalisable et avantageux pour le continent. Exemple : une industrie pétrochimique pour un pays pétro-gazier comme l'Algérie. Il s'agit de définir une politique qui permette aux entreprises nationales d'intégrer la chaîne de valeur mondiale, une perspective qui passe, absolument, a-t-il ajouté, par un processus d'apprentissage.