Le président togolais félicite le Président de la République pour sa réélection pour un second mandat    La présidente de la Commission européenne félicite le Président de la République pour sa réélection pour un second mandat    Arrêts de la Cour de justice de l'UE sur le Sahara occidental: un "tournant historique" dans la lutte du peuple sahraoui    Qualifs-CAN2025/Togo: "On veut aller chercher les six points face à l'Algérie"    Concours national de la meilleure plaidoirie sur l'exception d'inconstitutionnalité    Cisjordanie occupée: 741 martyrs palestiniens depuis le 7 octobre 2023    Baddari inspecte à Médéa le premier détecteur de feux de forêts à distance    Saihi: les travaux d'aménagement d'un hôpital de 60 lits à In-Guezzam bientôt finalisés    Lancement de la 2e grande campagne de nettoyage à Alger    Belmehdi met en exergue la portée du rayonnement des Ouléma algériens en Afrique et dans le monde    Liban: aides médicales des organisations de l'ONU sur fond d'attaques des forces sionistes    Mouloudji met en valeur les réalisations dans le domaine de l'industrie cinématographique    Des interprètes amateurs du chaâbi animent un concert à Alger    De Mistura tient une réunion de travail avec des dirigeants sahraouis aux camps des réfugiés à Chahid El Hafed    La lutte incessante de Gaza pour sa survie    Accompagnement de la dynamique économique dans la wilaya    La sélection algérienne U16 présente à Douala    L'USMA vainqueur, l'USMK et le CSC accrochés    Medane appelle à une réflexion sérieuse sur l'arbitrage    Didouche appelle les opérateurs à contribuer à la réussite de la saison touristique saharienne    La composition, l'organisation et le fonctionnement, fixés    Saisie d'une importante quantité de cocaïne et de boissons alcoolisées, deux arrestations    La drogue et les secrets d'une dérive de la jeunesse    Raccordement de 647 exploitations agricoles au réseau électrique    Situation et mutations géopolitiques dans les zones d'intérêt commun examinées    Organisation de 7 marchés saisonniers spécialisés pour réguler les prix    Quel message envoient les salves de missiles iraniens à «Israël» ?    C'est parti pour la 12e édition    La journaliste palestinienne Bisan Owda remporte un Emmy Award, malgré les tentatives d'intimidation    Seddik Mahi se lance dans l'écriture d'un nouveau recueil sur les héros de la résistance    Jeux scolaires Africains 2025: l'Algérie abrite la 1re édition en juillet prochain    Réunion des ministres de l'Intérieur du G7 : M. Merad s'entretient avec son homologue italien    Algérie-BM: l'Algérie engagée dans son programme de réformes pour un développement durable et inclusif    Cas de paludisme et de diphtérie dans le Sud: vaccination impérative de tous les habitants des régions affectées    CAN-2025: une liste de 26 joueurs pour la double confrontation face au Togo dévoilée    Une délégation du Conseil de la nation participe à la 4e partie de la session ordinaire 2024    L'Algérie happée par le maelström malien    Un jour ou l'autre.    En Algérie, la Cour constitutionnelle double, sans convaincre, le nombre de votants à la présidentielle    Tunisie. Une élection sans opposition pour Kaïs Saïed    Algérie : l'inquiétant fossé entre le régime et la population    BOUSBAA بوصبع : VICTIME OU COUPABLE ?    Des casernes au parlement : Naviguer les difficiles chemins de la gouvernance civile en Algérie    Les larmes de Imane    Algérie assoiffée : Une nation riche en pétrole, perdue dans le désert de ses priorités    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    Pôle urbain Ahmed Zabana: Ouverture prochaine d'une classe pour enfants trisomiques    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Militaires, islamistes et démocrates :
duel au bord du Nil
Publié dans Le Soir d'Algérie le 15 - 07 - 2013

En Egypte, à un an d'intervalle, le commandement de l'armée et le président de la République ont commis un exploit comparable : ils ont regroupé contre eux des forces politiques habituellement opposées.
En juin 2012, le maréchal Tantawi, alors président du Conseil supérieur des forces armées (CSFA), dissout un Parlement, à peine élu, réinstaure de fait le couvre-feu et décrète d'autres mesures liberticides. Avant les élections présidentielles où l'Egyptien découvre le nom et le visage de Mohamed Morsi, le maréchal Tantaoui s'applique à conserver le pouvoir sans même être candidat.
Le président du CSFA agit comme les Mamelouks, mercenaires de l'Empire ottoman qui castraient le vainqueur avant de le transformer en eunuque, avant de lui confier symboliquement le pouvoir. Tantaoui avait alors tenté un coup d'Etat constitutionnel. N'oublions pas que la chute de Hosni Moubarak était un coup d'Etat militaire par foule interposée. Il est vrai que le Raïs déchu, malgré son long règne, n'avait jamais été élu démocratiquement. D'autant plus que sa volonté de designer son fils, Gamal, comme son successeur à la tête de l'Egypte était inacceptable aussi bien par les militaires que par les Américains. Après les soubresauts de la place Al-Tahrir, le maréchal Tantaoui organise une transition annoncée démocratique mais sous contrôle. L'armée s'était arrogé le pouvoir législatif !
Face au candidat islamiste mais par défaut, l'armée soutien le général Chafik, dernier Premier ministre de Moubarak. Croyant qu'avec un couvre-feu qui ne dit pas son nom et la dissolution du parlement, le commandement militaire peut faire élire son candidat. Seulement ces dispositifs liberticides ont joué le rôle d'intégrateur négatif. Involontairement, le maréchal Tantaoui a fédéré contre son candidat, le général Chafik, des forces contradictoires allant des nassériens aux salafistes du Parti En-nour qui ne voulaient pas initialement voter pour leur Frère musulman ennemi : Mohamed Morsi. Cependant, malgré un électorat hétéroclite, le candidat des Frères n'est élu qu'avec 51% des voix. Le maréchal Tantaoui avait tiré le premier en ratant sa cible, Mohamed Morsi maintenant président de la République ne tardera pas à se débarrasser de ce castrateur amateur.
L'attaque de Rafah, en août 2012 dans le Sinaï, faisant 16 morts parmi les gardes-frontières, donne l'occasion à Mohamed Morsi de limoger Hussein Tantaoui.
Ce dernier aurait ourdi un complot contre le président. Peu importe, sans le dire aussi clairement, Morsi «nomme et dégomme» les généraux. Il devient autoritaire, il oublie qu'il n'a été élu que par à peine plus de la moitié des Egyptiens. Morsi ignore l'opposition et autres minorités, il néglige l'économie. Autant d'erreurs qui vont le transformer à son tour en intégrateur négatif. Morsi fédère une majorité hétéroclite contre lui. L'armée a certainement joué un rôle dans cette rébellion, dite «Tamarod», mouvement qui a lancé une pétition exigeant le départ du premier président civil et élu sans fraude du pays.
La foule est, rappelons-le, le meilleur levier pour les coups d'Etat militaires en Egypte. Toutes les villes du pays manifestent contre Morsi. Mais cette fois, les images diffusées sur toutes les ondes ne sont pas filmées par Al-Jazeera mais par des caméras embarquées sur des hélicoptères militaires. Commence dès lors le marketing d'un coup d'Etat.
Les pro-Morsi manifestent aussi, des affrontements meurtriers laissent entrevoir le pire. Les militaires débarquent un élu, suspendent la Constitution. S'instaure un vide juridique. Un peu comme en Algérie en 1992 mais avec une différence de taille : les militaires égyptiens sont soutenus par les Etats-Unis, l'Arabie Saoudite et Israël, entre autres. Excuser du peu. L'Orient est compliqué mais l'Occident se contredit. Après avoir salué l'élection démocratique de Mohamed Morsi, Washington applaudit, un an plus tard, un coup d'Etat militaire comme si ce n'était qu'une belle échappée d'un cycliste du tour de France.
Dopés par les 12 milliards de dollars d'aide des Saoudiens et Emiratis, par le maintien de l'aide militaire américaine de 1,3 milliard de dollars et par un prochain prêt du FMI de 5 milliards de dollars, les généraux égyptiens entendent conserver le maillot jaune. «Entre les Frères et l'armée, il y a un langage commun, mais pas de place pour deux. Le projet d'installation d'un Etat islamique passe par une castration de l'armée et ses prérogatives», estime Tewfik Aclimendos, chercheur et spécialiste de l'armée égyptienne.
Il s'agit moins d'un différend idéologique ou religieux que d'une concurrence entre deux élites qui ne sont pas prêtes, ni l'une ni l'autre, à partager pouvoir et privilèges. «Les militaires pensent être les seuls vrais propriétaires du pays, poursuit Tewfik Aclimendos. Ils ont une vision patrimoniale du pouvoir et se voient comme les seuls garants de l'Etat-nation et de sa diversité confessionnelle.»
Toujours obsédés par les Frères musulmans, les militaires égyptiens ont peut-être réagi comme Denys de Syracuse qui, de peur des rasoirs des barbiers, se brûlait la barbe.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.