Le Front de libération nationale est à la limite de l'explosion. Après le conflit au sein du groupe parlementaire à l'Assemblée, la confrontation entre anti et pro-Belayat risque de prendre une nouvelle dimension. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) Abderrahmane Belayat ne fait plus l'unanimité. Désigné coordinateur du Bureau politique du Front de libération nationale, il est aujourd'hui l'homme à abattre. Des membres du Comité central envisagent de déposer une demande à la Direction de la réglementation et de l'administration générale de la wilaya d'Alger pour réunir cette instance. «La réglementation permet à trois membres d'introduire une demande auprès de la wilaya. Nous comptons réunir le Comité central le 15 août prochain», a précisé, hier, le député de Batna, Tahar Khawa. Le président du groupe parlementaire du FLN à l'Assemblée affiche ouvertement l'objectif de cette initiative : «Abderrahmane Belayat doit partir, il n'a aucune qualité, aucun statut légal. Le poste de coordinateur est une pure invention, il n'existe pas dans les statuts du parti. Les membres du Comité central se réuniront durant une journée afin de désigner le nouveau secrétaire général du FLN.» Les anti-Belayat ne comptent pas s'en tenir qu'à cette procédure administrative. Ils envisagent également de traîner le coordinateur et certains responsables du parti devant la justice. «Nous allons déposer plainte en pénal contre Abderrahmane Belayat, Abdelhamid Si Affif et Abdelaziz Djouhri pour dilapidation des fonds du parti. L'affaire est très grave, il faut qu'ils rendent des comptes sur la gestion financière du FLN ces derniers mois», insiste Khawa. Pour sa part, Abdelhamid Si Affif estime que les initiatives du groupe de Khawa sont vouées à l'échec. «Ils vont droit au mur. Ils confondent le fonctionnement d'un parti politique et d'une association. Effectivement, la réglementation permet à trois membres d'une association de convoquer une assemblée générale. Mais dans le cas du FLN et dans le contexte actuel, ce sont les statuts du parti et le règlement intérieur du Comité central qui font force de loi. En cas de destitution du secrétaire général, il est remplacé de fait par le membre le plus âgé. Et seul lui dispose du pouvoir de convoquer la session du Comité central», explique Si Affif. Selon lui, les anti-Belayat devraient se raviser en prenant exemple sur l'initiative menée auparavant par Ahmed Boumehdi, l'ex-coordinateur des mouhafadas d'Alger. «Boumehdi a tenté de faire pression pour convoquer le Comité central. Il a entamé des démarches auprès du ministère de l'Intérieur. Mais, au final, il a fait face à une fin de non-recevoir. Aujourd'hui, qui entend encore parler de Boumehdi ? Personne.» Quant à la gestion financière du parti, Si Affif met au défi Tahar Khawa de saisir la justice. «Je soutiens totalement cette initiative, mais à condition qu'elle s'étende à la gestion de l'ancien secrétaire général (Abdelaziz Belkhadem) et même à la gestion du groupe parlementaire du FLN à l'Assemblée. Et nous verrons qui a bénéficié des avantages et de l'argent des businessmen. S'il souhaite tout déballer, faisons-le. Mais nous devrons tout évoquer. Mais qu'il sache que je lutterai jusqu'à la dernière goutte de mon sang pour nettoyer le FLN des indus occupants».