Sous le slogan «Ensemble contre le coup d'Etat et les sionistes», les partisans du président destitué Mohamed Morsi se sont rassemblés hier après-midi au Caire et dans plusieurs autres gouvernorats d'Egypte à l'appel de l'Alliance nationale pour la légitimité dirigée par les Frères musulmans. Au Caire, les manifestants se sont attroupés devant un nombre d'institutions et ministères scandant des slogans exigeant le retour au pouvoir du président déchu. Dans des déclarations, les dirigeants de l'Alliance ont menacé de recourir durant les prochaines 48 heures, à une escalade des manifestations à travers une «désobéissance civile globale» pour amener les nouvelles autorités à «sortir du paysage politique». Lors de sa réunion lundi soir, le Conseil de sécurité national égyptien n'avait toujours pas pris de position à l'égard de la dispersion des sit-in des pro-Morsi au Caire et de l'interdiction des manifestations anarchiques. Il a décidé néanmoins, de la poursuite des consultations entre les différentes parties gouvernementales à ce sujet. Selon des sources de presse, l'option la plus probable reste l'encerclement des manifestants à Rabaa al-Adawiya et al Nahda au lieu d'une intervention sécuritaire qui pourrait faire des dizaines de victimes. La levée des sit-in des partisans des Frères musulmans et le contrôle des manifestations constituent un véritable dilemme pour le gouvernement égyptien qui ne parvient toujours pas à trouver une solution en raison de la détermination de la confrérie et de ses alliés à maintenir les manifestations jusqu'à l'aboutissement de leurs revendications. Les Frères musulmans tablent ainsi sur la patience et l'endurance de leurs partisans ce qui poussera le gouvernement à favoriser la solution pacifique à travers des efforts diplomatiques pour une sortie de crise. Cette position s'inscrit aussi dans le sillage des informations faisant état de pourparlers intenses non annoncés entre le commandement général des forces armées et la confrérie islamiste sur le non-recours à la force pour déloger les manifestants tout en donnant une chance aux négociations, à la faveur de médiations étrangères tous azimuts, pour un règlement global de la crise politique que traverse le pays depuis l'isolement de Mohamed Morsi, le 3 juillet dernier. D'autre part, des sources politiques ont indiqué que des véhicules diplomatiques étrangers ont été aperçus sur la Place Rabaa al Adawiya sans contrôle aucun ce qui porte à croire qu'il s'agissait de missions qui tentent d'apaiser la situation et de convaincre les responsables islamistes de rejeter la violence. Des rapports de presse locaux ont souligné quant à eux, que les médiateurs étrangers redoublaient d'efforts afin d'amener les nouvelles autorités en Egypte à relâcher les dirigeants des Frères musulmans détenus y compris l'ancien président Mohamed Morsi et Khairet Chater, guide général adjoint des Frères musulmans et Mohamed Mehri. Ils ont également appelé à la tenue d'une présidentielle anticipée transparente et sous une surveillance étrangère. De leur côté, les Etats-Unis ont réitéré lundi par la voix d'une porte-parole du département d'Etat, leur appel au gouvernement intérimaire égyptien de mettre fin aux «arrestations politiques», insistant sur le fait que celles-ci «ne contribuent nullement à surmonter la crise». Ils ont fait part en outre, de leur «profonde inquiétude» à l'égard d'une explosion de la violence en Egypte entre pro et anti-Morsi, appelant de nouveau à un «dialogue inclusif pour la construction d'une démocratie durable». Outre les médiations américaine, européenne et du Golfe, la Turquie s'est inscrite, elle aussi, dans le circuit de la médiation pour empêcher la dispersion des sit-in par la force, révèlent les mêmes sources qui affirment qu'Ankara exerçait des pressions sur l'Union européenne (UE) et la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton pour la persuader de revenir en Egypte et mener des pourparlers entre l'armée et les Frères musulmans pour le règlement de la crise. Par ailleurs, l'institution d'al-Azhar poursuivait ses efforts pour réaliser une réconciliation nationale entre toutes les parties politiques du pays en dépit du refus des Frères musulmans de prendre part à cette initiative. Al Azhar entreprenait encore des contacts avec l'ensemble des parties y compris parmi les dirigeants islamistes afin de fixer une date pour la tenue d'une réunion sur l'initiative commune de sortie de crise. Au plan sécuritaire, plusieurs explosions ont été entendues tôt ce mardi matin à al Arich dans le nord de Sinaï. Il s'agit, selon une source sécuritaire égyptienne, de charges explosives plantées par un groupe armé aux alentours d'un site sécuritaire. Citant des témoins oculaires, la presse locale a rapporté que trois explosions ont eu lieu dans différentes régions de la ville d'al Arich où est concentré un nombre imposant de militaires. Depuis ce matin, la ville est en état d'alerte et les forces de l'ordre ont dressé un périmètre de sécurité aux entrées et sorties de la ville. Un groupe armé localisé dans le nord du Sinaï a revendiqué pour sa part, le lancement d'un missile sur la ville d'Eilat en Israël durant les premières heures de la journée d'hier en riposte au raid israélien de la semaine dernière. Le groupe «Ansar beit al Meqdes» avait annoncé récemment la mort de quatre de ses membres après ce raid. L'armée égyptienne a nié, elle, toute attaque côté israélien sur le sol égyptien ou l'existence d'une quelconque coordination entre les parties égyptienne et israélienne.