Le lieu choisi par les responsables du Polisario et la Rasd pour organiser pour la quatrième fois consécutive une université d'été en direction de leurs cadres n'est pas innocent. Boumerdès fut le premier siège d'un exécutif délégué, aux premières heures de l'indépendance, par le GPRA. La wilaya de Boumerdès est, en outre, partagée par oued Isser entre les deux Wilayas combattantes, qui sont la III et la IV, lesquelles Wilayas ont joué un rôle essentiel dans le combat libérateur. Les responsables des instances politiques citées plus haut ne s'en cachent pas. Notre expérience collective, positive ou négative, les intéresse au plus haut point. Ils ne manquent pas par ailleurs, d'inculquer cette expérience à leurs cadres intermédiaires. Ce qui leur permet, disent-ils, de fixer les règles de jeux et mettre en place les instruments et les méthodes pour mener leur mission vers l'autodétermination de leur peuple avant de penser à la conception d'une République consensuelle. Le Polisario (parti pour la libération du Sahara occidental et de Rio Oro) a clôturé, hier à Boumerdès, la quatrième université d'été qui a réuni durant quinze jours 450 cadres de ce parti et de ceux de la Rasd (République sahraouie arabe démocratique). 52 participants sont venus des territoires occupés par le Royaume du Maroc. La cérémonie de clôture, présidée par Madame Mériène Salek Hamada, membre de la direction politique du Polisario et ministre de l'Enseignement et de l'Education de la Rasd, a vu la participation d'autres ministres de la Rasd ainsi que le corps diplomatique en Algérie dont les ambassadeurs de la République d'Afrique du Sud et le Nigeria. Sur le bilan de ce conclave dédié au chahid de la résistance sahraouie, M'hamed Sid Elkhallil, Madame Sallek déclare au Soir d'Algérie : «C'est un espace politique et culturel important donnant l'occasion aux cadres sahraouis d'acquérir davantage de connaissances politiques, culturelles et scientifiques. Plus important, c'est l'étude de l'expérience algérienne en matière de militantisme et de l'étude de la lutte politique et armée de la révolution du FLN (Front de libération nationale des maquis ndlr) qui restent pour nous des sujets de réflexion. L'expérience du peuple algérien dans la résistance politique et armée nous intéresse en effet grandement. Ceci parce qu'il y a d'abord des similitudes entre votre combat d'hier et le notre qui est d'actualité. Le colonisateur français a réprimé le peuple algérien durant 132 ans, le colonisateur espagnol a dominé le Sahara occidental durant plus de 100 ans. Après cette colonisation espagnole est venue l'occupation illégale de notre terre par le Royaume du Maroc. Le même Maroc a agressé l'Algérie après son indépendance (la guerre des sables en 1963 ndlr). L'Histoire contemporaine algérienne nous apprendra nécessairement beaucoup de choses. Il est également possible pour nous de tirer bénéfice en ce qui concerne la construction de l'Etat algérien et de ses institutions et de leur gestion. Cette expérience de construction et de gestion des institutions nous permettra de gérer nos futures instances par des cadres sahraouis car leur gestion par des non-Sahraouis nous mettra immanquablement entre les mains d'une colonisation sous une forme nouvelle. Ce que nous n'accepterons jamais.» Concernant la situation des territoires occupés et les perspectives politiques à cours terme notamment la possibilité de reprise de négociations entre le Royaume du Maroc et le Polisario, le ministre sahraoui chargé des territoires occupés, présent à Boumerdès lors de la cérémonie de clôture reste pessimiste. «Il n'y aura pas de négociations sérieuses et efficaces conduisant à l'autodétermination de notre peuple si la communauté internationale ne fait pas de pressions sur le Maroc l'obligeant à s'assoir autour d'une table pour faire des propositions crédibles», confiera-t-il au Soir d'Algérie. Cependant, notre interlocuteur enregistre avec satisfaction l'inquiétude de la communauté internationale sur le volet du respect des droits de l'Homme dans les territoires sahraouis occupés.