Après la cooptation à la hussarde de Amar Saïdani, les choses se sont considérablement tassées au Front de libération nationale. Durant le week-end, du moins. La tension est retombée de plusieurs crans depuis jeudi après-midi et le fait accompli imposé par la présidence prend son chemin inexorable. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) Au sortir de la session du Comité central de jeudi dernier à El-Aurassi, une sorte de trêve s'en est suivie entre les deux camps : celui du vainqueur, Amar Saïdani, qui a préféré donner deux jours de repos à ses partisans, et celui des victimes de ce coup de force, regroupées autour de Abderrahmane Belayat. Ce dernier, qui s'était rendu hier à Sétif pour assister à l'enterrement d'une parente, nous résume bien la situation : «Nous avons saisi le président de la République à travers notre communiqué rendu public jeudi, tout comme nous avons adressé une lettre au ministre de l'Intérieur et une autre au ministre de la Justice. Demain (aujourd'hui dimanche, ndlr) nous allons faire appel auprès du Conseil d'Etat. Il faut que les gens qui ont enfanté cette situation de fait accompli la gèrent eux-mêmes.» Aussi, Belayat estime que, «désormais, la bataille sera juridique avec un contenu politique». Il exclut dès lors tout risque d'affrontement. «Non, il ne s'agit pas et ne s'agira jamais d'une bataille physique. Moi en tout cas, je suis un homme politique et je n'ai pas de sbires.» Autrement dit, l'installation officielle de Amar Saïdani et de son équipe dans les locaux du parti à Hydra se fera dans le calme. D'ailleurs, hier, dans l'après-midi, une grande opération de nettoyage des locaux (au sens propre) avait été entreprise en prévision de l'installation du nouveau secrétaire général programmée pour aujourd'hui à 8 h 30. Le successeur de Abdelaziz Belkhadem aura pour première mission, la préparation de la cérémonie officielle d'ouverture de la session d'automne du Parlement prévue pour demain lundi. Pour éviter tout risque de dérapage au sein du groupe majoritaire à l'Assemblée populaire nationale en raison des graves conflits autour du renouvellement des structures permanentes, Amar Saïdani a préféré laisser les choses en l'état : maintenir l'équipe sortante pour la cérémonie d'ouverture et procéder au renouvellement des structures ultérieurement par voie d'élections. Reste maintenant le plus important, la composante du nouveau bureau politique. «Cela va prendre du temps. Probablement, cela attendra jusqu'à la fin septembre, car le choix de la composante du bureau politique obéit à plusieurs paramètres exogènes au parti», nous confie une source bien informée. En fait, le bureau sera constitué de l'extérieur par l'entourage de Bouteflika. Cela se fera certainement après le remaniement ministériel prévu courant septembre. Il est également préférable, selon notre source, «de laisser les choses se tasser davantage pour entamer des négociations avec l'autre camp en vue d'intégrer des représentants dans le bureau politique pour contenir la crise et pouvoir ainsi convoquer une nouvelle session du Comité central dans des conditions moins tendues que celles de jeudi dernier». Voilà comment les choses se passent au plus vieux parti d'Algérie.