Les membres du Mouvement de redressement seraient sur le point de perdre la bataille qui les oppose au clan des cadres installés par le secrétaire général déchu, Ahmed Ouyahia. Ces derniers contrôlent les principales instances dirigeantes et se préparent à organiser un congrès sur mesure. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) Les membres du Mouvement de sauvegarde du Rassemblement national démocratique n'ont pas réussi à prendre le dessus sur l'équipe d'Ahmed Ouyahia. Le groupe mené par Yahia Guidoum a certes pu démettre l'ex-secrétaire général dans des délais record mais il risque d'échouer dans son projet de «redressement» du RND. «Les pro-Ouyahia, qui sont aujourd'hui rassemblés autour de Abdelkader Bensalah, contrôlent tous les leviers du parti. S'il n'y a pas un sursaut très rapidement, le prochain congrès permettra de conforter le système mis en place ces dernières années par Ouyahia», explique un cadre de l'Ouest, proche de la tendance de Yahia Guidoum. Selon lui, tout a débuté dès l'installation de Abdelkader Bensalah en qualité de secrétaire général par intérim. «Notre groupe a soutenu la nomination de Bensalah car nous estimions qu'il était le mieux indiqué, de par sa sagesse, pour assurer la direction du parti durant une phase transitoire. D'ailleurs, dans son discours, le jour de l'installation, il a clairement déclaré qu'il avait l'ambition de mettre fin au conflit et de rassembler tous les militants et les cadres du RND. Mais les événements qui suivront ont démontré que nous étions dans le faux.» En fait, il semblerait que la première action de Abdelkader Bensalah ait été de «défendre» certains coordinateurs de wilaya rejetés par la base. «Les responsables du mouvement de redressement ont adressé au secrétaire général par intérim une liste de 15 coordinateurs qui sont la cause de la marginalisation de nombreux cadres. Ils sont notamment à la tête des structures de wilaya à Blida, Chlef, Bouira, Béjaïa, Mila, Constantine, Oran, Alger, Tissemsilt, El Bayadh ou encore Sétif. Bensalah a expliqué qu'il ne pouvait prendre de décision contre des cadres sans leur donner la possibilité de se défendre», explique notre source. Abdelkader Bensalah a donc engagé une série de rencontres avec les coordinateurs pour entendre leur version des faits. Mais il a été incapable de prendre des mesures fermes. «Aujourd'hui, la situation est telle que les coordinateurs sont devenus les patrons du Rassemblement national démocratique. Nous sommes confrontés à de véritables barons qui contrôlent les structures locales du parti. Du temps de Ahmed Ouyahia, ils se faisaient appeler ‘‘les chefs de secteurs''. Ce sont eux qui bloquent le processus de préparation du prochain congrès. La colère des militants de base est due, notamment, à la fermeture de la majorité des bureaux communaux, d'où l'impossibilité d'organiser des élections pour les nombreux congressistes.» Une situation que les membres de la direction provisoire connaissent parfaitement. Lors des réunions du Bureau national permanent de préparation du congrès, ses membres ont, à plusieurs reprises, constaté le blocage du processus au niveau local. Mais ils ne semblent pas prêts à prendre des mesures pour un retour rapide à la normale. «Cette instance exécutive est aujourd'hui entre les mains de Bensalah. Pourtant, lors de sa création, les deux tendances devaient être représentées en son sein à parité égale. Nous avions d'un côté Yahia Guidoum, Tayeb Zitouni, Bekhti Belaïb et Hammaï Laroussi. Et de l'autre, Abdelkader Bensalah, Abdelkader Malki, Abdelkrim Harchaoui et Mohamed Tahar Bouzghoub. Mais voilà, l'équilibre a été brisé avec la nomination de Nouara Djaâfar et de Nawel Ag Ayad qui lui sont proches.» Notre interlocuteur estime que le «chef d'orchestre» de l'ensemble des coordinateurs de wilaya n'est autre que Mohamed Tahar Bouzghoub. «C'est lui qui est chargé de gérer les activités des responsables au niveau local. Il connaît parfaitement les rouages du parti, les intérêts de tous les acteurs et profite aussi de son statut d'ancien officier de l'armée.» Il semble que ce groupe ait également réussi à «retourner» certains responsables censés représenter le Mouvement de sauvegarde du RND. C'est notamment le cas de Bekhti Belaïb qui avait été chargé de dresser le bilan des activités des 48 coordinateurs de wilaya et de rédiger un rapport détaillé sur les dépassements. «Une mission qu'il n'a toujours pas menée à terme», insiste notre source. «Nul ne peut douter de la sincérité de Yahia Guidoum dans son engagement à bâtir un parti fort. Malheureusement, nous constatons aujourd'hui qu'il est seul. La base du RND est parfaitement consciente de la situation car elle seule subit le diktat de ceux qui ont provoqué la faillite du Rassemblement national démocratique.» Les prochaines réunions de ce parti, prévues les 3 et 7 septembre prochains, risquent d'être houleuses.