Par Hassane Zerrouky «Il me coûterait de rester sourd à vos appels. Aussi, ai-je décidé pour ne point vous décevoir, de me porter candidat à l'élection présidentielle du 17 avril 2014 et de mettre toute mon énergie au service de la concrétisation de vos vœux», écrit le chef de l'Etat algérien dans une lettre rendue publique samedi. Ainsi donc, c'est à la demande des Algériens qu'il a décidé de se porter candidat. «Les difficultés liées à ma santé ne semblent pas me disqualifier à vos yeux ou plaider en faveur de ma décharge des lourdes responsabilités qui ont eu raison d'une bonne partie de mes capacités » rétorque-t-il à ses détracteurs en premier lieu l'ex-président Liamine Zeroual et l'ancien Premier ministre et ex-chef du courant réformateur du FLN, Mouloud Hamrouche. Mieux, afin de désamorcer la bombe chaouie il a pris soin à l'occasion de l'anniversaire de la mort de Ben Boulaïd – au fait a-t-il tiré au moins une balle avant de mourir ? – de se rappeler au bon souvenir des habitants des Aurès. Je ne sais pas si les Chaouis ont apprécié, mais toujours est-il qu'ils sont connus pour avoir une rancœur tenace à l'endroit de ceux qui chatouillent leur orgueil. Pour en revenir au propos du chef de l'Etat – tout le monde l'a bien compris —c'est bien contraint et presque forcé qu'il se porte candidat pour la quatrième fois. Il ne veut pas décevoir les attentes de ce bon peuple algérien qui, comme on le sait, attentif à l'état de santé de son président et critique envers ceux qui contestent ses capacités à diriger le pays (s'il est réélu) même par procuration. Aussi, a-t-il décidé de répondre présent en confiant la tâche de défendre son bilan et ses propositions à Abdelmalek Sellal, Amara Benyounès, Amar Ghoul en attendant que Belkhadem ou Ouyahia n'entrent sur le terrain pour les épauler. Sauf imprévu au dernier moment, où comme je l'ai écrit dans une chronique précédente, qu' un grain de sable vienne à gripper cette belle machine, le quatrième mandat, est désormais sur orbite. Notre président bien-aimé donne ainsi rendez-vous à son peuple le 17 avril. Que les Ali Benflis et compagnie se le tiennent pour dit, Abdelaziz Bouteflika n'est pas du genre à jeter l'éponge une fois sur le ring électoral, et ce, même si ce n'est pas lui qui mettra les gants de boxe. D'autres, ceux cités plus haut, en meilleure forme physique, s'en chargeront. Reste, cependant, que cette élection présidentielle n'emballe personne. Pas besoin de réserver sa place, la foule ne se bouscule pas dans les meetings électoraux. Et quand des Algériens se pointent à un meeting comme à Sour El-Ghozlane, c'est pour chahuter deux porte-parole du chef de l'Etat, Amara Benyounès et Amar Ghoul. A Ghardaïa, où j'ai passé quelques jours, et où l'élection présidentielle semble se dérouler sur une autre planète, Arabes et Mozabites, pour l'heure en paix, sont au moins d'accord sur une chose : ils n'iront pas voter. «Si, après ce qui s'est passé, avec un Etat qui a brillé par son absence, on nous annonce le 17 avril au soir que les habitants de Ghardaïa ont voté massivement, je vous laisserais conclure...» m'explique ce jeune Chaâmbi rencontré au café face à la wilaya dénommé «qahouate el djadarmia» !