Le 77e derby de la capitale n'en finira peut-être jamais de livrer ses paradoxes où se confondent joies et peines. Ce samedi 21 septembre, la fête d'Alger a de nouveau généré des heurts, des incidents, un effondrement d'une partie de la tribune (supérieure) numéro 13, et surtout mort de supporters. Les organisateurs avaient pensé réunir les meilleures conditions pour le déroulement de cette partie de football initialement prévue au stade Omar-Hamadi. Une décision saluée par tout le monde : Usmistes et Mouloudéens ne pouvant se contenter de se produire dans un stade (Bologhine) qui ne pouvait contenir la grande masse de fidèles des deux clubs algérois. Les 50 000 fans réunis dans les travées du 5-Juillet devaient bénéficier de toutes les commodités de confort et de sécurité. Hélas, négligence et inconscience ont, à nouveau, provoqué l'irréparable. Une masse de béton, certainement mal entretenue, a cédé sous le poids d'une foule en furie qui tapait des pieds sur la dalle des tribunes supérieures. Deux jeunes supporters ont fini par perdre leur vie en chutant depuis le «cratère» creusé au niveau de la tribune numéro 13. Un gradin qui a déjà, par le passé, connu pareilles calamités. L'image de ces caméras de la TV balancées sur le terrain par des supporters en délire lors d'un certain derby USMH-USMA, en coupe d'Algérie, est gravée dans la mémoire. Les journalistes ont souvent signalé aux responsables du complexe les risques encourus par les chutes de fragments de béton sur la tribune de presse située au-dessus des tribunes 11 et ...13. Des opérations de rafistolage ont été effectuées mais les dalles lézardées étaient une menace persistante sur les têtes des reporters de presse et des officiels. Ces derniers qui s'invitaient à l'occasion des matches de prestige à l'exemple de la finale de la Coupe d'Algérie, étaient protégés. Les organisateurs interdisaient l'accès auxdites tribunes à toute personne autre que le personnel chargé de la sécurité des VIP. Même la tribune dite «le flambeau» faisait l'objet d'une restriction d'accès pour les supporters. Pour une histoire de prestige et d'image à offrir au monde, cette tribune capable d'accueillir plus de 12 000 personnes, est occupée lors des finales de la Coupe par les éléments de la Protection civile. Samedi, les organisateurs ont «libéré» une partie de cette tribune aux fins d'éviter d'éventuels affrontements entre les deux galeries. Or, le plus gros des échauffourées ont été enregistrées au niveau des tribunes supérieures d'où la question : pourquoi les responsables du stade n'ont pas agi de la sorte en créant un espace de sécurité entre les deux galeries ? Négligence mortelle Les rapports des services de sécurité s'annoncent accablants. La responsabilité des organisateurs est établie dès lors que le premier responsable de l'OCO, M. Kara a admis, dans une déclaration à l'APS, que «La surcharge au niveau de cette partie du stade et le nombre important de supporteurs ont fini par provoquer cet incident». Un aveu qui plaide la thèse de la négligence et de la négligence coupable. Mieux (ou pis, c'est selon), au lendemain de l'humiliante image donnée au monde pendant le match amical Algérie-Bosnie marqué par l'état lamentable de la pelouse, il a été décidé de fermer le stade. Non seulement pour «bichonner» la maudite pelouse mais aussi pour réhabiliter des «points noirs» signalés au niveau de l'enceinte olympique. Les travaux devaient commencer juste après la finale (MCA-USMA) disputée le 1er mai dernier. Au final, la tension ayant baissé, le projet a été placé en stand-by. Il y'a quelques jours, le ministre de la Jeunesse et des Sports, le Dr Tahmi a décidé d'abandonner les travaux de réhabilitation de l'OCO jusqu'à la réception des nouveaux stades de Baraki et de Douéra. «Le stade du 5-Juillet sera totalement rénové en 2015», a-t-il confié le 13 septembre dernier au micro de la Radio nationale. Et d'ajouter «cette infrastructure restera ouverte jusqu'à la date indiquée (2015) tout en bénéficiant, en parallèle, de travaux d'aménagement». M. Tahmi a assuré, par ailleurs, que la pelouse du stade s'est nettement améliorée, après avoir réglé le problème d'évacuation d'eau qui l'avait rendue impraticable, d'où la première décision de la fermeture du stade. Rencontré samedi matin au siège de son ministère, le Dr Tahmi a confirmé que la fermeture du stade aura lieu «dès la réception des deux nouveaux stades». Interrogé à propos des suites de l'enquête diligentée par son département pour établir les responsabilités, M. Tahmi a répondu que «l'affaire suit son cours», avant de noter que le problème a été résolu grâce aux travaux entrepris par la SEAAL au niveau des principales canalisations de la zone où est érigé le complexe olympique. «C'est vrai qu'au début, on a pensé qu'il était nécessaire de poser une nouvelle pelouse synthétique dernière génération. Mais après des études approfondies, il s'est avéré que le problème d'évacuation des eaux était global. A savoir que les grandes canalisations extérieures étaient soit obstruées soit cassées. Les services de la SEAAL ont fait du bon boulot et les résultats sont là : la pelouse est de meilleure qualité», affirmera le ministre qui annoncera, par ailleurs, des travaux d'aménagement au niveau de l'hôtel du stade du 5-Juillet. «Nous projetons d'intégrer des douches au niveau des chambres. Cela va induire la réduction du nombre de chambres mais aussi offrira un meilleur confort aux athlètes obligés actuellement de prendre leur bain dans des douches communes», a-t-il expliqué. C'est dire que les imperfections constatées au niveau du complexe olympique, dont l'ouverture remonte à 1972, ont été recensées. L'expertise demandée par le ministre, hier, au lendemain de l'incident qui a causé la mort de deux supporters devrait arriver aux mêmes conclusions. Le 5-Juillet, plutôt l'OCO, sera-t-il fermé avant 2015 ?